Pour compenser les coupes drastiques dans la masse salariale de Twitter, Elon Musk a demandé aux salariés qui sont restés de travailler plus, pour moins d'avantages.
Il faut bien reconnaître que la saga qui entoure le rachat de Twitter a le mérite de la transparence. Comment aurait-il pu en être autrement, puisque son nouveau propriétaire n'était déjà pas connu pour se taire sur les sujets qu'il ne maîtrise pas ? Aujourd'hui, ses nouveaux employés apprennent le plus souvent ses décisions et les orientations stratégiques de l'entreprise sur Twitter, en même temps que tout le monde.
Rentrer dans ses frais le plus vite possible
Ce n'est un secret pour personne : depuis le rachat de Twitter par le milliardaire sud-africain, la situation financière de la plateforme est passée de préoccupante à potentiellement catastrophique pour son nouveau propriétaire. Les annonceurs, circonspects lors de l'annonce du rachat, fuient désormais en masse le réseau social. Pas de problème, puisque leur remplacement est déjà prêt : la fameuse certification à 8 dollars par mois qui, à terme, représentera la moitié des revenus de l'entreprise selon son nouveau patron. Cela ne fait jamais que plus de 20 millions de personnes à convaincre si l'on prend le revenu de 2021 comme référence, soit près d'un utilisateur actif sur 10.
Pour répondre à ce problème, Musk a sorti une autre idée révolutionnaire de son chapeau : licencier la moitié des effectifs de l'entreprise par mail et selon des critères discutables. Leurs postes seront assurés par ceux qui restent, qui devront donc travailler deux fois plus. Pour que ce plan sans accroc fonctionne, Musk ne leur donne pas le choix. Il a déjà imposé la semaine de travail de 40 heures et supprimé certains avantages en nature comme les jours de repos supplémentaires. Enfin, Musk reste un patron à l'ancienne, qui n'imagine pas laisser ses employés télétravailler de chez eux.
Il nous livre le secret pour devenir milliardaire. Les salariés le détestent !
Musk n'est franchement pas fan de ce qui peut ressembler à une amélioration des conditions de vie des travailleurs : dès les premiers signes annonciateurs, il met tout en œuvre pour les faire disparaître. Cette technique, largement éprouvée, n'est pas née de la situation financière de sa nouvelle entreprise. Il s'agit en effet de la façon de faire des affaires quand on s'appelle Elon Musk. Il l'avait déjà prouvé lors du premier confinement lié à la pandémie de Covid-19, lorsqu'il avait laissé son usine Tesla californienne ouverte malgré les restrictions et interdit le télétravail à ses salariés dont la présence sur site n'était pourtant pas requise.
L'homme d'affaires, à son crédit, n'a jamais fait mystère de ses opinions sur le droit du travail. En 2019, il a illégalement licencié un salarié qui tentait de créer un syndicat dans une de ses usines. Et en mai dernier, il a également critiqué les travailleurs américains qui seraient, selon lui, beaucoup plus paresseux que leurs homologues chinois. Les différences de culture, de salaire, et surtout de protection des travailleurs ne lui semblent apparemment pas pertinentes pour expliquer les écarts de rentabilité entre les différents sites de son entreprise. Vous pouvez lui faire confiance, il est milliardaire.
Source : Bloomberg, New York Times, The Guardian