© ade akshay / Shutterstock.com
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Malgré ses déclarations selon lesquelles il se tiendrait à équidistance des Démocrates et des Républicains, Elon Musk semble franchement peser du côté de ces derniers.

À commencer par les plus fervents supporters de Trump, les complotistes QAnon, à qui Elon Musk fait régulièrement des clins d'œil plus ou moins subtils. Ce groupe extrémiste est notamment impliqué dans l'assaut du capitole en janvier 2021. Même pour quelqu'un comme Musk, se rapprocher d'eux a donc de quoi interroger.

Qu'est-ce que QAnon ?

QAnon est un mouvement complotiste d'extrême droite né aux États-Unis en 2017, quand un internaute se faisant appeler Q et prétendant faire partie du renseignement militaire commence à poster des messages sur 4chan. Agglomérat de théories du complot préexistantes, ses « révélations » se concentrent initialement sur le parti démocrate et les Clinton en particulier.

Ces derniers, accusés de corruption, de trahison, de blasphème, de pédocriminalité ou encore de multiples assassinats seraient (en 2017, donc) sur le point de se faire arrêter et exécuter. Cela fait donc 5 ans que tout ce que le pays compte de personnes s'opposant de près ou de loin à Trump (les Démocrates, mais aussi Bill Gates, Mark Zuckerberg, ou le Dr Fauci par exemple) seraient sous la menace d'une arrestation imminente selon le groupe.

Beaucoup de Républicains n'échappent pas non plus aux accusations, avec une exception notable : Donald Trump et ses soutiens, pourfendeurs de l'élite et de « l'État profond ». Entre autres fables, on trouve dans ce système de croyances le retour de JFK, le voyage dans le temps, ou encore le double robotique ou alien de certaines personnalités de premier plan. Et bien sûr, racisme, homophobie, et surtout antisémitisme ne sont jamais très loin.

Le 6 janvier 2021, nombreux parmi la foule qui a pris d'assaut le Capitole souscrivaient à ces théories. Cette même année, une enquête du New York Times révélait qu'environ 15 % des Américains considéraient que l'élite dirigeante était constituée « d'adorateurs de Satan pédocriminels ». Et le mouvement, depuis la défaite de Trump (évidemment contestée) a su s'adapter à l'actualité. Cette dernière, du Covid 19 à la guerre en Ukraine, serait d'ailleurs entièrement manipulée par les mêmes élites sataniques.

Ces idées constituent un véritable sujet de sécurité nationale aux États-Unis (en plus de l'assaut du capitole, plusieurs meurtres et fusillades sont directement liés aux accusations de Q), mais aussi en France et en Europe en général, où ces idées font leur bout de chemin, notamment depuis la pandémie.

Mais à quoi joue Elon Musk ?

Elon Musk, qui se définit comme ne soutenant ni les Républicains ni les Démocrates, n'a pour l'instant donné de gages que pour ces derniers. Appelant à voter républicain pour les derniers midterms, il a de plus réactivé de nombreux comptes radicaux, voire carrément néonazis, depuis qu'il a racheté la plateforme. Et si Trump n'y a pas fait son retour, c'est parce qu'il ne le souhaitait pas. Mais en plus de ces déclarations, le nouveau patron du réseau social a tweeté trop de références à QAnon pour que ce soit une simple coïncidence.

Ainsi, une belle partie des Twitter Files reposait sur l'ordinateur de Hunter Biden, lui-même à l'origine de multiples théories du complot. Plus directement encore, son tweet « my pronouns are prosecute/Fauci » (« mes pronoms sont juger/Fauci »), n'est pas uniquement une blague transphobe éculée, mais une référence directe à Anthony Fauci, plus haut conseiller à la maison blanche sur les questions liées au Covid 19 depuis le début de la pandémie, et bête noire des QAnon. Musk a également tweeté ce mardi « follow the white rabbit », sans aucun contexte. Cette expression est également une référence directe à QAnon, ses membres l'utilisant pour dire aux non-initiés d'écouter les informations de Q.

Cette nouvelle direction du milliardaire n'est pas réellement surprenante au regard du personnage, mais a de quoi inquiéter. Car même dans l'hypothèse où il ne s'agirait que de coïncidences, les influenceurs QAnon (oui, ça existe) n'ont de leur côté pas manqué ces signaux. L'un d'entre eux a ainsi déclaré sur Telegram : « Musk va commencer à poster des Q drops [nom des messages de Q, ndlr] à des millions de normies, et personne ne pourra rien y faire ». Pour la première fois depuis 5 ans, une prédiction d'un membre de QAnon pourrait donc bien finir par se réaliser.