Prépondérante sur le marché des jeux PC, la plateforme Steam de Valve fait l'objet d'une plainte pour abus de position dominante.
En l'espace de quelques semaines, Valve se retrouve sur plusieurs fronts juridiques. D'abord sanctionnée par l'Union européenne pour le géo-blocage des jeux, puis poursuivie pour avoir violé un brevet de manettes avec son Steam Controller. Cette fois, il s'agit de l'abus du statut prépondérant de Steam pour maintenir un prix des jeux élevé. L'action en justice implique également des éditeurs comme Ubisoft, CD Projekt Red ou encore Devolver Digital.
Malgré la concurrence, Steam dicterait sa loi sur le prix des jeux
La plainte contre Valve Corporation ainsi que plusieurs éditeurs a été déposée par cinq joueurs auprès de la Cour fédérale de Californie jeudi 28 janvier. Selon cette plainte, la plateforme Steam est la plateforme dominante pour les développeurs et la distribution de jeux PC, mais elle ne maintiendrait pas cette position au travers d'un meilleur prix que les plateformes concurrentes.
Au contraire, Valve abuserait de l'emprise de Steam sur le marché pour forcer les développeurs à entrer dans la clause de « Nations les plus favorisées » (« Most Favored Nations » en anglais) comprise dans l'accord de distribution de Steam. Cette clause statue que les développeurs doivent consentir à vendre leur jeu PC sur d'autres plateformes au même prix que celui affiché sur Steam.
La plainte poursuit en statuant que la clause invoquée freine l'innovation en créant une barrière artificielle à l'arrivée des jeux sur d'autres plateformes. Les plaignants estiment que, sur un marché aussi compétitif, l'entrée de nouveaux concurrents serait favorable aux consommateurs car le prix global des jeux pourrait être revu à la baisse. Mais tout cela serait réduit à néant en raison de cette fameuse clause. Les plaignants demandent donc que cette fameuse clause soit déclarée anti-compétitive car assurant une position illégale de monopole à Steam.
Une accusation à la pertinence mise en doute
La plainte cite également une déclaration sur Twitter de Tim Sweeney, le patron d'Epic, datant de 2019. Celui-ci estimait également que Steam avait un « pouvoir de véto » sur le prix des jeux.
En supplément de Valve, de nombreux éditeurs et studios de développement ont également été accusés. On retrouve par exemple CD Projekt Red, Ubisoft ou encore Devolver Digital. La plainte les accuse d'avoir « contracté illégalement [avec Valve] ou déraisonnablement conspiré pour réfréner le commerce ».
Certains des accusés comme Devolver Digital entendent bien se défendre de ces accusations, estimant que de telles poursuites sont injustifiées alors que tant d'autres acteurs du jeu vidéo ont signé des accords semblables avec Steam. Stephanie Tinsley, représentante de Devolver, a même déclaré, avec l'humour propre à l'éditeur : « Je tiens d'une haute autorité que tout le monde chez Devolver est entré à l'école de droit seulement aujourd'hui. Personne ne peut donc répondre à cette question jusqu'à la fin du premier semestre d'étude ».
Il convient tout de même de noter que, chez quelques concurrents notables de Steam qui jouissent d'une exclusivité, les prix des jeux ne semblent pas revus à la baisse pour autant. L'on peut notamment citer l'Epic Games Store, qui dispose d'une exclusivité temporaire pour Hitman III. Celui-ci est pourtant bien affiché à 59,99€, alors que la plateforme d'Epic récupère une part bien inférieure à celle de Valve sur la vente du jeu.
Quoi qu'il en soit, une Cour analysera dans les prochains jours la pertinence de cette accusation et déterminera si la plainte mérite la tenue d'un procès.
Sources : Hollywood Reporter, PC Gamer