Trop de joueurs se font écarter de Call of Duty de façon injuste, selon l'UFC-Que Choisir © Alejo Bernal / Shutterstock
Trop de joueurs se font écarter de Call of Duty de façon injuste, selon l'UFC-Que Choisir © Alejo Bernal / Shutterstock

L'UFC-Que Choisir attaque en justice le géant du jeu vidéo Activision, pour ses pratiques de bannissement jugées abusives. Des milliers de joueurs se retrouvent écartés de jeux comme Call of Duty, sans justification ni recours possible.

Ces derniers temps, il ne fait pas toujours bon être joueur de Call of Duty. Le monde du gaming est en ébullition depuis que des milliers de joueurs se sont retrouvés brutalement exclus de leurs jeux préférés, victimes de bannissements arbitraires de la part d'Activision, poids lourd du secteur. Face à cette situation et aux messages des gamers, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir a décidé, jeudi 26 septembre, de monter au créneau et de lancer une offensive judiciaire.

Des exclusions qui, d'après les joueurs, ne peuvent pas être contestées

Le scénario est un peu toujours le même : en pleine partie, le joueur se voit soudainement déconnecté et privé d'accès à son compte. Le message qui s'affiche est sans appel : « Vous avez été temporairement exclu(e) des serveurs de Call of Duty: Modern Warfare II », ou tout autre jeu. Sans préavis, sans explication, le couperet tombe.

Ce n'est évidemment pas agréable pour les joueurs. Non seulement, ces derniers se retrouvent dans l'impossibilité de jouer, mais ils perdent également l'accès à tout le contenu acheté, parfois pour des sommes considérables, vu le prix des jeux vidéo. Certains gamers lésés disent avoir dépensé des centaines d'euros en contenus additionnels, désormais inaccessibles.

Les tentatives de contestation auprès d'Activision, l'éditeur de la marque Call of Duty, ont été vaines, explique l'UFC-Que Choisir. L'entreprise américaine dit systématiquement détecter l'utilisation de logiciels de triche, mais sans jamais en apporter la preuve ce qui, même si les personnes épinglées ne sont pas forcément toutes exemptes de reproche(s), sème le doute. Les réponses, lorsqu'elles arrivent, sont souvent lacunaires, et ne permettent aucun recours effectif.

© UFC-Que Choisir
© UFC-Que Choisir

Pour l'UFC-Que Choisir, les pratiques d'Activision comparables à « une obsolescence programmée »

L'UFC-Que Choisir, qui déplore l'inaction d'Activision, a décidé de porter l'affaire devant la justice. Deux plaintes ont été déposées auprès du Procureur de la République de Versailles pour pratiques commerciales trompeuses, tromperie et obsolescence programmée. Un joli cocktail.

L'association dénonce notamment le manque de transparence d'Activision sur ses pratiques de bannissement. Les conditions d'utilisation, jugées abusives, ne mentionnent pas clairement cette possibilité au moment de l'achat. Sans oublier que les techniques de détection de « triche » utilisées par l'éditeur restent plutôt opaques.

Pour l'UFC-Que Choisir, ces bannissements arbitraires s'apparentent quelque part à une forme d'obsolescence programmée. En réduisant arbitrairement la durée de vie des jeux, Activision priverait les consommateurs de la pleine jouissance d'un produit qu'ils ont légalement acquis.

Un combat pour les droits des joueurs

Ce que l'on peut dire, c'est que cette action en justice marque une étape importante dans la défense des droits des consommateurs dans l'univers du jeu vidéo. L'UFC-Que Choisir nous avait davantage habitué, ces dernières années, à s'intéresser aux sujets liés aux données personnelles. Elle pourrait créer un précédent et obliger les éditeurs à plus de transparence et d'équité dans leurs pratiques.

En attendant l'issue de cette procédure, l'UFC-Que Choisir appelle les joueurs victimes de bannissements abusifs à se manifester. Leur témoignage pourrait en effet donner un peu plus de poids encore à la démarche, et ainsi faire pencher la balance, pourquoi pas, en faveur d'une industrie du jeu vidéo plus respectueuse de ses utilisateurs.