Microsoft accuse Apple de l'empêcher de distribuer Xbox Cloud Gaming sur iOS © Jess Rodriguez / Shutterstock
Microsoft accuse Apple de l'empêcher de distribuer Xbox Cloud Gaming sur iOS © Jess Rodriguez / Shutterstock

Et si Apple s’acharne à refuser de modifier ses directives, Microsoft l’assure : il n’y aura pas d’application native sur iPhone pour son service de cloud gaming.

Prise de bec entre Redmond et Cupertino. En janvier dernier, l’entrée en vigueur imminente du DMA (Digital Markets Act) avait obligé Apple à revoir ses plans concernant la distribution d’applications dans l’App Store. Un changement significatif qui devait marquer le retour des services de cloud gaming sur le store de l’entreprise, après des années de bannissement. Mais dans les faits, ni GeForce Now, ni Xbox Cloud Gaming n’ont encore franchi le pas. Une absence qui dure depuis neuf mois maintenant, et que Microsoft impute aux guidelines d’Apple, impossibles à observer.

Microsoft crie au sabotage…

Il aura fallu attendre que le régulateur de la concurrence britannique mène l’enquête pour ouvrir la boîte de Pandore. Alors que la CMA (Competition and Markets Authority) prépare un texte similaire au DMA applicable au sein du territoire outre-Manche, force a été de constater que les services de cloud gaming n’ont toujours pas investi l’App Store. Une absence que Microsoft a justifiée par la mise en place de directives trop sévères de la part d’Apple, malgré l’ouverture récente de son magasin d’applications aux plateformes d’agrégations de services.

Interrogée à ce sujet par la CMA dans le cadre d’une étude de marché relative à la distribution des navigateurs, moteurs de recherche et service de cloud gaming sur les stores d’applications mobiles, la firme de Redmond a expliqué avoir « identifié un certain nombre de dispositions dans les directives d’Apple qui continuent de limiter sa capacité à distribuer et à exploiter une application iOS native de cloud gaming ».

Ces fameuses dispositions concernent notamment les achats in-app, sur lesquels Apple prélève une généreuse commission de 30%. Or, pour pouvoir distribuer son Xbox Cloud Gaming sur l’App Store, en vertu de la directive 3.1.1 qui empêche les développeurs d’intégrer des liens externes pour souscrire des abonnements, il faudrait que Microsoft s’acquitte de ces prélèvements pour Game Pass et chaque jeu vendus via l’application iOS. Une façon de faire inenvisageable pour l’entreprise qui dénonce des frais de commission « ni viables ni justifiables économiquement ».

Une application native Xbox Cloud Gaming sur iOS, c'est un non catégorique pour Microsoft © Ralf Liebhold / Shutterstock
Une application native Xbox Cloud Gaming sur iOS, c'est un non catégorique pour Microsoft © Ralf Liebhold / Shutterstock

En d’autres termes, Microsoft reproche à Apple d’avoir mis en place un subterfuge lui permettant de se conformer aux lois européennes, mais qui pourrait couler son offre de cloud gaming. Et d’ajouter, dans une pique bien sentie, que « comme l’observe la CMA dans son étude de marché sur l’écosystème mobile, les frais de 30 % imposés par Apple aux achats in-app sont le résultat d’un manque de concurrence dans la distribution des applications iOS natives. ».

… Apple parle de mauvaise foi

Outre les aspects liés à la (non) rentabilité d’une appli iOS, Microsoft est aussi revenue sur l’impact de telles directives sur les développeurs tiers distribuant leurs jeux via son service de cloud gaming. En effet, la mise en conformité avec les guidelines d’Apple devrait aussi s’appliquer à leurs projets, ce qui les contraindrait probablement à devoir recoder leurs jeux pour respecter les conditions d’achats in-app, là où ils avaient pour habitude d’intégrer des liens d’achats externes aux Xbox Cloud Gaming.

Bien évidemment, l’accusée n’est pas restée lettre morte, arguant que « Microsoft a choisi de ne pas s’engager avec Apple sur les applications de cloud gaming depuis les modifications apportées par Apple aux directives », affirmant même que les développeurs n’éprouvent « généralement pas de difficultés avec les exigences d’achats in-app ». En guise d’exemple, l’entreprise a cité Antstream, petit (et seul) développeur qu'elle assure avoir accompagné avec succès dans le lancement du tout premier service de jeux en streaming sur iOS. En bref, Microsoft serait tout simplement… de très mauvaise foi.

Pour Apple, tout a été fait pour permettre aux services de jeux en streaming d'investir l'App Store © Tada Images / Shutterstock

Les deux parties entendues, la CMA se donne jusqu’en novembre pour divulguer ses conclusions provisoires. Apple et Microsoft auront ensuite un mois pour poursuivre leurs négociations, avant la publication d’un rapport définitif en février ou en mars prochain. En attendant, toujours pas de Xbox Cloud Gaming sur iOS à l’horizon. À toutes fins utiles, il reste encore possible d’y accéder via une web app.

Des pratiques anticoncurrentielles jamais prouvées jusqu'ici

Ce bras de fer intervient alors qu'Apple a longtemps refusé d'ouvrir son App Store aux services de cloud gaming. En 2020, la firme avait finalement accepté de faire preuve d'un peu plus de souplesse, obligeant toutefois les plateformes de jeu en streaming à distribuer des applications autonomes pour chaque titre hébergé.

D'aucuns se souviennent aussi du procès qui a opposé Epic Games à Apple, après que le studio a essayé de se soustraire aux règles d'achats in-app imposées par la firme de Cupertino, ayant eu pour conséquence le retrait immédiat de Fornite de l'App Store. Après des années de procédure, la Cour suprême des États-Unis avait finalement annoncé qu'elle n'entendrait pas les appels d'Epic Games, confirmant les décisions antérieures selon lesquelles l'éditeur n'avait pas pu prouver les pratiques anti-concurrentielles d'Apple.

Adversaire d'une tout autre taille, Microsoft parviendra peut-être, cette fois-ci, à faire bouger les lignes. Au moins au Royaume-Uni et, avec un peu de chance, en Europe aussi.

Source : The Verge

A découvrir
Quel est le meilleur service de Cloud Gaming ? Comparatif 2024

10 juillet 2024 à 09h32

Comparatifs services