Microsoft contre Google, la bataille © Clubic
Microsoft contre Google, la bataille © Clubic

Le géant Google Cloud a déposé plainte, mercredi, auprès de la Commission européenne, contre Microsoft. L'entreprise accuse son concurrent de pratiques anticoncurrentielles dans le domaine du cloud computing, et les griefs sont très sévères.

Google accuse Microsoft d'abus de position dominante en Europe dans le secteur du Cloud. La firme de Mountain View pointe du doigt son concurrent historique, en distillant quelques coups bien sentis au passage. Elle lui reproche notamment des pratiques déloyales en matière de licences cloud, et la pression exercée sur les entreprises qui désirent changer d'air. Google indique avoir déposé plainte contre l'entreprise à Bruxelles, ce mercredi 25 septembre 2024. Il ne faut pas minimiser cette procédure : elle pourrait marquer un tournant entre acteurs XXL du monde des nouvelles technologies. 

Jusqu'à 400% de majoration imposée aux entreprises qui voudraient quitter le Cloud Microsoft Azure

Auprès de la Commission européenne, Google accuse Microsoft d'utiliser des tactiques déloyales pour fidéliser, presque de force, ses clients à sa plateforme Azure. Selon la firme au moteur de recherche, le géant de Redmond imposerait des conditions de licence qui empêchent les entreprises européennes de migrer facilement vers des clouds concurrents.

Google n'hésite pas à dégainer des chiffres ! L'entreprise explique que la stratégie de Microsoft impliquerait des pénalités financières pouvant aller, accrochez-vous bien, jusqu'à une augmentation de 400% des coûts pour les clients qui souhaitent quitter l'écosystème Microsoft. Nous ne sommes pas sur de la petite majoration, n'est-ce pas ? Google évoque aussi des coûts cachés, qui peuvent inclure le gaspillage des fonds publics et des retards dans l'implémentation des projets digitaux, des pertes de compétitivité dans un secteur essentiel à l’économie future.

Ces pratiques auraient un impact considérable sur l'économie européenne. La preuve, avec un autre chiffre : Google estime que les entreprises du Vieux continent perdent au moins un milliard d'euros par an, à cause de ces restrictions. Et au-delà de l'aspect financier, cette situation porterait un coup à l'innovation et à la compétitivité des entreprises européennes dans le domaine du numérique.

Google dénonce Microsoft et sa gestion des licences Windows Server

De quoi parle-t-on, plus concrètement ? Le problème réside, selon Google, dans la gestion des licences Windows Server, le système d'exploitation spécifiquement conçu par Microsoft pour les serveurs d'entreprise, qui offrent des fonctionnalités avancées de gestion de réseau, de stockage et de sécurité.

Autrefois flexibles, les conditions d'utilisation de ce logiciel loin d'être inutile, vous l'aurez compris, ont été modifiées par Microsoft pour favoriser Azure au détriment de ses concurrents. Cette manœuvre aurait permis à la firme américaine de consolider sa position dominante sur le marché du Cloud.

Google profite de sa plainte pour appeler à une intervention des autorités européennes. L'entreprise explique avoir bien tenté de discuter avec Microsoft, mais ses tentatives de dialogue direct n'ont pas abouti à des changements significatifs. La plainte déposée vise ainsi à obtenir une régulation plus stricte du marché du cloud computing en Europe.

Des enjeux colossaux pour les entreprises européennes

Ce que l'on peut dire, c'est qu'ici, les enjeux dépassent largement le cadre d'une simple querelle entre géants technologiques. La liberté de choix des entreprises, la sécurité des données et même l'utilisation des fonds publics sont en jeu. Ce sont des principes devenus fondamentaux, notamment défendus par le Digital Markets Act, la réglementation européenne, qui rappelons-le fait encourir aux entreprises qui ne le respectent pas, des sanctions pouvant aller jusqu'à 10% de leur chiffre d'affaires.

Google va jusqu'à citer plusieurs études pour confirmer que les pratiques de Microsoft auraient des répercussions sur le coût des assurances cyber et la capacité des organisations à se protéger efficacement contre les menaces numériques.

L'issue de cette bataille juridique, difficile à prévoir à ce stade, pourrait en tout cas redessiner le paysage du cloud computing en Europe. Si la Commission européenne donne raison à Google, Microsoft pourrait être contraint de modifier en profondeur ses pratiques commerciales. Une telle décision ouvrirait peut-être la voie à un marché plus ouvert et plus compétitif, bénéficiant potentiellement aux fournisseurs européens de services cloud. À moins que d'ici-là, Microsoft puisse entendre raison.