La Commission européenne vient d'épingler Microsoft, qui aurait profité d'un avantage compétitif indu en intégrant Teams à la suite Microsoft 365 . Il s'agit d'un avis préliminaire, mais la firme américaine devra vite réagir.
Microsoft Teams est l'une des nombreuses applications destinées à communiquer à distance. Avec la relative démocratisation du télétravail, ces outils sont devenus indispensables auprès de nombreux professionnels. Quant à Microsoft 365, il s'agit de la suite autrefois connue sous le nom d'Office 365. On y retrouve Excel, Word, Copilot et de nombreux logiciels destinés aux particuliers, aux PME et aux grandes entreprises.
Microsoft va devoir revoir sa copie
On le sait, la Commission européenne est particulièrement attentive aux questions de concurrence ou d'abus de positions dominantes. Les amendes infligées aux grandes entreprises sont régulières, et Microsoft pourrait bien devoir ouvrir son large portefeuille si rien n'est fait. Selon The Verge et le site officiel de la Commission, l'Union européenne s'inquiète de la situation concernant la vente conjointe de Teams et de Microsoft 365. Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission, a ainsi déclaré :
« Nous sommes inquiets du fait que Microsoft semble donner un avantage indu à son propre produit de communication, Teams, par rapport à ses concurrents, en le liant à ses logiciels de productivité populaires. Si c'était confirmé, la conduite de Microsoft serait illégale en vertu de nos lois sur la concurrence. »
Si Microsoft enquête sur cette situation, ce n'est pas un hasard. C'est en effet Salesforce qui a déposé plainte, entreprise derrière laquelle on retrouve Slack, un autre logiciel proposant un environnement de travail partagé et collaboratif. Ce dernier dominait très largement le marché jusqu'en 2018, date à laquelle la concurrence a explosé durant la pandémie. Les parts de marchés de Slack seraient aujourd'hui 10 fois inférieures à celles de Teams.
Pour le moment, Microsoft coopère
A l'heure où sont écrites ces lignes, Microsoft n'a pas été condamné. Il s'agit d'un avis préliminaire, permettant à l'entreprise ciblée de prendre connaissance des griefs et de préparer des arguments et une solution. Si Microsoft ne démontre pas sa « bonne volonté », alors une procédure pourra être engagée. Une mise en cause validée pourrait coûter très cher à Microsoft, puisque la loi européenne permet d'aller ponctionner jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires mondial annuel.
Pour le moment, Microsoft semble avoir choisi la voie de la coopération. La société a pris acte des clarifications et travaille à une solution réponsant aux exigences de la Commission. Pourtant, en avril 2024, Microsoft avait mis en place une nouvelle offre laissant Teams de côté.
« Après avoir dégroupé Teams et pris les premières mesures d'interopérabilité, nous apprécions la clarté supplémentaire apportée aujourd'hui et nous nous efforcerons de trouver des solutions pour répondre aux préoccupations restantes […] », a déclaré Brad Smith, président de Microsoft.
Visiblement, ce geste était encore insuffisant. Affaire à suivre, tant du côté de la Commission que de Microsoft. Rappelons encore une fois que l'UE n'a rendu aucune décision, et pourrait tout aussi bien faire machine arrière si elle ne constate aucune infraction dans son rapport définitif.
Source : The Verge, Commission européenne