En 2008 un petit robot, mignon comme tout, faisait fondre les spectateurs des salles obscures tout autour du monde. WALL-E n'est pourtant pas qu'un simple personnage bon à vendre des peluches : nous avons là un film d'animation pour toute la famille, qui a beaucoup à dire sur notre présent et notre futur.
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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
WALL-E (2008)
d'Andrew Stanton
Aussi longtemps que je me souvienne, Pixar a toujours eu une place à part dans ma cinéphilie. Je suis un amoureux transi du studio à la lampe de bureau depuis Toy Story, que j'ai eu la chance de voir en salles à sa sortie en 1995 (et ça ne nous rajeunit pas). Ce premier long-métrage entièrement animé par ordinateur était une révolution technique pour l'époque mais, du haut de mes sept ans, je n'en avais pas grand chose à faire. Ce qui m'intéressait réellement, c'était de savoir que mes jouets vivaient de grandes aventures une fois que j'avais le dos tourné.
Pixar a ensuite accompagné mon adolescence et ma découverte du cinéma à travers des films tous plus aboutis les uns que les autres. Chaque sortie d'une production du studio était un événement. On allait pas voir un simple dessin animé, non. On allait voir un Pixar, tel un label de qualité qui garantissait, au pire un excellent film, au mieux un chef d'œuvre d'écriture et d'intelligence qui se permettait, excusez du peu, le luxe d'avoir cinq ans d'avance technologique sur la concurrence.
Vous l'aurez compris, j'aime Pixar passionnément depuis toujours… Or, quelque chose a changé avec WALL-E. Avec ce film, le studio abordait pour la première fois le genre de la science-fiction… Et surtout, on sent à travers le scénario le pari des créateurs, qui se risquaient à amuser les enfants tout en leur transmettant un message écologique profond, s'adressant directement à eux et les incitant à changer le monde avant qu'il ne soit trop tard.
« Parce que BNL fait de l'espace un lieu de plaisir sans limites »
À l'aube du XXIIe siècle, après avoir pollué la planète autant qu'ils le pouvaient, les humains ont déserté notre bonne vieille Terre à bord de paquebots spatiaux. Avant de partir, un grand plan de nettoyage a été mis au point grâce aux WALL-E, des robots chargés de récupérer et de compacter les déchets en l'absence des humains afin de leur permettre de retrouver un environnement plus sain…
Nous voilà 700 ans plus tard et un unique WALL-E est encore en fonctionnement. Le petit robot erre seul dans de grandes avenues désertes et continue sa mission impossible. Au fil des décennies, notre WALL-E s'est forgé un caractère et la machine, curieuse de tout, a entreposé dans son abri des centaines d'objets appartenant aux humains. Au début de l'histoire, il trouve d'ailleurs une plante, poussant au beau milieu des décombres, et l'a rapporte soigneusement avec lui pour la protéger. On ne sait jamais, cela pourrait servir.
La nuit tombée il s'émeut devant d'anciennes comédies musicales où un homme et une femme échangent leur premier baiser. WALL-E n'attend qu'une chose : rencontrer quelqu'un et échanger avec lui. Et cela tombe bien ! Une fusée débarque sur Terre avec à son bord EVE, un robot de reconnaissance chargé de traquer le moindre signe de vie végétale, qui serait le point de départ d'un retour des humains sur la planète.
« Eveuuuuuuh »
Pour ce premier acte, le réalisateur Andrew Stanton et son équipe adoptent une démarche courageuse, voire complètement folle pour un film d'animation grand public : nous faire passer 35 minutes aux cotés de WALL-E sans une seule ligne de dialogue.
Les deux robots ne sont en effet capables que de prononcer leur nom ou de très rares mots, leurs échanges passant essentiellement par leurs gestes ou leur regard. Leur design est d'ailleurs étudié pour cela, entre les yeux en forme de jumelles de WALL-E, qui lui donnent cet air de chien battu, et l'écran d'EVE qui lui permet d'afficher une expression neutre, amusée ou carrément menaçante par instants.
Pixar déploie ici une mise en scène magistrale, qui tranche radicalement avec les précédents films du studio. La caméra se balade de manière très naturelle dans les décors, à l'image d'un documentaire. Elle n'hésite pas à zoomer très rapidement, à décadrer pour suivre les robots. Parfois on sent même des à-coups comme si un vrai caméraman était malmené durant le tournage. L'immersion dans ce monde est totale, et ce dès les premières scènes.
Jouant à merveille sur les niveaux de lecture, les créateurs parviennent non seulement à nous faire ressentir la solitude de WALL-E, mais distillent aussi dans chaque scène de précieux renseignements. On découvre ainsi l'importance de la firme BNL, une méga-corporation absolument omniprésente et dont le dirigeant est devenu président des Etats-Unis, voire du monde, on ne sait pas vraiment mais ça en a tout l'air.
On passe aussi beaucoup de temps à simplement contempler cette ville abandonnée, poussiéreuse, dont les buildings sont côtoyés par des tours de déchets tout aussi hautes. Des visions aussi poétiques que désespérées, à l'opposé des univers plus colorés et joyeux auxquels nous a habitués Pixar.
« C'est l'heure du déjeuner, prenez une paille »
Reste que WALL-E est aussi une vraie comédie, et la rencontre entre le petit robot maladroit et EVE va donner lieu à de nombreux gags. Ce n'était déjà plus à prouver, Pixar maitrise parfaitement l'art du comique de situation et s'en donne ici à cœur joie lorsque notre héros tente de séduire sa belle - se prenant plusieurs beaux râteaux (et quelques chutes) au passage. Chaque farce fonctionne parfaitement, chez les petits comme les plus grands. En tout cas pour ma part, j'ai ri de bon cœur à tous les coups !
EVE se rend finalement chez WALL-E et découvre la plante, ce qui activera son retour immédiat sur l'Axiom, le vaisseau mère de la flotte. Dans ce deuxième volet du film, WALL-E réussit à la suivre à travers l'espace où il voit ce qu'il reste de l'humanité…
Le tableau dépeint par Pixar n'est, là encore, pas joli à voir. Les femmes et hommes du futur sont obèses, ne marchent plus et ne passent plus que par leurs écrans pour communiquer avec leurs proches, pourtant à côté d'eux, en s'empiffrant.
Nos deux héros, eux, semblent tous près du but : il ne reste plus qu'à placer la plante dans le cœur du vaisseau pour lancer la procédure de retour vers la Terre. Seulement tout ne se passe pas comme prévu et quelqu'un ou quelque chose semble bien décidée à laisser l'humanité dans l'espace… Mais je vous laisse le plaisir de la découverte et ne vous en dirai pas plus.
« Ne revenez pas sur Terre, surtout ne revenez pas sur Terre ! »
WALL-E porte un message écologique assez direct, mais a le bon goût de ne pas l'asséner à coups de dialogues ou de scènes lourdement explicatives. Au contraire, Pixar ne compte que sur l'image et la mise en scène pour faire ressentir l'urgence de la situation et alerter les spectateurs d'une catastrophe irréversible.
Mais si les adultes auront compris en quelques secondes le propos du film, Pixar s'adresse avant tout aux enfants. À travers WALL-E, petit robot idéaliste qui découvre le monde, le studio parvient à poser un regard d'enfant sur notre planète. Sans juger, sans condamner, le film dresse un constat simple sur la situation environnementale et les conséquences futures de l'inaction.
J'ai tendance à croire que la voie empruntée par WALL-E est la plus efficace pour éveiller les consciences. Utiliser l'art, le divertissement et la pop culture pour porter une parole qui ne sera peut-être pas immédiatement intellectualisée par les tout petits, mais qui restera dans un coin de leur tête. WALL-E plante une graine qui donnera peut-être naissance à un engagement écologique, ou en tout cas une prise de conscience chez les plus jeunes, comme cela a été mon cas par le passé.
« Vous pouvez faire pousser toutes sortes de plantes, des fruits, des légumes et puis des pizzas ! »
Pourtant, et malgré l'importance de cette thématique, le cœur profond du film se situe encore ailleurs. WALL-E et EVE, ainsi que les autres robots qui les accompagneront dans leur quête, représentent finalement toute l'humanité que les humains eux-mêmes ont perdu : ils s'aident et se soutiennent pour arriver à un but commun. Ce sont alors ces machines qui pourront réveiller les femmes et les hommes du vaisseau et leur montrer que la survie de la planète est plus importante que leur petit confort.
L'amour de WALL-E envers EVE est la clé de voute de tout le film. Notre héros lui tend régulièrement sa main et attend seulement qu'elle s'en saisisse, peu importe les embuches qui se mettront sur sa route. C'est cette détermination, leur relation et leur confiance absolue l'un envers l'autre qui inspirera les derniers habitants de l'Axiom à se lever pour changer le cours des choses.
Il est difficile pour moi de classer les films Pixar par ordre de préférence, mais si vous ne connaissez pas le travail du studio ou souhaitez le faire découvrir à vos enfants durant les vacances, je ne peux que vous inviter à commencer par WALL-E, qui reste encore aujourd'hui l'un de ses plus grands chef d'œuvre…
WALL-E est disponible en DVD, Blu-Ray, en VOD et à la demande sur Disney+.
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