Neopolis, c’est la collection de BD de science-fiction de Delcourt. Si on y trouve plusieurs séries, comme Jour J par exemple, la collection propose aussi des one-shot. C’est le cas de Sélénie, une drôle de BD spatiale, qu'on vous propose de découvrir aujourd'hui.
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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
Sélénie (2021)
Fabrice Lebeault, Greg Lofé
Nous sommes sur Terre, dans un futur indéterminé. Rien ne bouge sur la planète, décimée, où la désolation a pris le pas sur l’activité foisonnante de l’être humain. Pourtant, au milieu des gravats et des vestiges de la guerre, une forme s’anime : c’est un robot, et il semble avoir détecté une présence humaine. Ni une ni deux, il s’achemine vers le signal en question.
Très loin de là, sur la Lune, les traces de l'humanité sont bien visibles : elle s’est réfugiée sous un dôme de verre à l’atmosphère respirable, pour reconstruire une société loin des atrocités qui ont décimé la Terre. Mais aucun monde n’est idéal, et la jeune Sélénie, reine de ce royaume, a fort à faire pour gérer ses opposants politiques et son petit frère, Méliès, qui désire ardemment retourner sur Terre.
« Toujours le nez dans les étoiles, Méliès ! »
Vous aurez reconnu le nom du petit frère de Sélénie : Méliès, comme le célèbre cinéaste et inventeur des trucages. Et il faut croire que ce n’est pas la seule façon dont le réalisateur a inspiré les auteurs Fabrice Lebeault et Greg Lofé : Cacochyme, un androïde à tête de Lune, joue le rôle de gardien de la mémoire de ce peuple de terriens exilés.
Un bel hommage à des œuvres visuelles anciennes et fondatrices, c’est peut-être la meilleure façon de définir Sélénie. Le dessinateur a fait le choix de la ligne claire, ce style graphique typique de la bande dessinée franco-belge à la manière de Tintin ou Yoko Tsuno, par exemple. Pourtant, l’œuvre n’a rien d’un pavé nostalgique et ennuyeux. Le duo reprend habilement ces codes tout en proposant une histoire moderne et accrocheuse, soulignée par un trait élégant.
« Prendre l’air ? Sur ce gros caillou… »
Mais revenons à nos personnages. Alors que les humains tentent de s’organiser sous le dôme, leur vie est perturbée par l’arrivée d’un mystérieux vaisseau, qui manque de casser leur bouclier de verre. Celui-ci bifurque au dernier moment et disparaît au-delà de l’horizon. Pour Sélénie, Méliès et leur ami Verne, il n’y a pas de doute : il faut aller voir. Le vaisseau pourrait provenir des « résistants », qui luttent sur Terre depuis des années pour que l’humanité puisse y retourner. Ou pire, ce pourrait être la signature du terrible Antacyclès, le responsable de cette guerre sans pitié dont la planète est le théâtre.
Malgré les dangers, notre trio est déterminé à en savoir plus sur ce vaisseau. Ainsi commence leur voyage sur la Lune, au milieu de sa faune curieuse et de ses autochtones pas commodes, les « nombrileux ».
« La Terre nous est hostile et le restera tant que la résistance n’aura pas vaincu. C’est tout ce que nous avons à savoir. »
Malgré la beauté du petit monde recréé sous le dôme, les humains restent en quelque sorte prisonniers de leur bulle de verre. Ils ne peuvent pas revenir sur Terre, la planète étant inhospitalière, et la plupart d’entre eux ne peut même pas explorer la Lune, son air étant irrespirable. Pire, toute cette communauté est soumise aux discours de Cacochyme, chargé de les prévenir lorsqu'il recevra un message de la résistance indiquant que les humains peuvent revenir sur Terre.
Ainsi se dessinent deux camps : d’un côté ceux qui veulent quand même aller sur Terre pour voir ce qui s’y passe ; de l'autre ceux qui considèrent que leur vie est à présent sur la Lune. Et pour couronner le tout, personne ne se souvient vraiment de ce qu’il s’est passé avant leur arrivée sur la Lune, à part Cacochyme...
« Cet engin s’est probablement abîmé sur la face visible ! »
Pas de doute, il y a quelque chose qui cloche dans cette histoire, et ça se sent dès les premières pages. Au fil du récit, le lecteur tentera de recoller les morceaux et d’échafauder ses propres théories.
Chacun son avis sur la fin : elle peut sembler un peu classique, mais elle reste touchante. Sélénie est un album sans prétention, un petit one-shot nous le disions, qui se lit d’une traite et qui nous emmène dans un monde parsemé de références, placées là pour une bonne raison.
Avec Sélénie, le duo Lebeault/Lofé nous propose un voyage plein de nostalgie et qui sait pourtant rester très frais. Un hommage à la ligne claire plutôt émouvant en fin de compte.
« La Lune, c’est là qu’est notre vie et la Terre ne vaut pas plus qu’un rêve ! »
Avec son étrange faune biscornue et sa ville sous cloche, Sélénie profite d'une dimension onirique étonnante. Souvent, les œuvres de science-fiction portent un message et une réflexion sur le monde d’après. Cette bande dessinée est plus modeste, mais reste divertissante. L’espace de 72 pages, on plonge avec plaisir dans cet univers mystérieux, pour tenter, au fil des indices, d’en percer le secret.
Sélénie est édité chez Delcourt.
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