Mise à jour : Alors qu'Amazon a réagi au buzz généré en retirant ce livre des ventes, Mattel s'est fendu d'une explication sur sa page-fan Facebook : « Ce livre a été publié en 2010. Depuis, nous avons retravaillé nos productions. Le portrait fait de Barbie dans cette histoire spécifique ne reflète en rien la vision qu'a la marque de ce personnage. Nous croyons que les petites filles doivent être encouragées à comprendre que rien ne leur est interdit et qu'elles vivent dans un monde sans limite. Nous sommes désolés que ce livre ne reflète pas ces idées. Toutes les histoires de Barbie à venir seront écrites pour inspirer l'imagination des jeunes filles et mettront en scène des Barbies autonomes. »
Publication initiale, le 20 novembre à 14h32 :
Dans Barbie : I can be a computer engineer (Barbie : je peux être une ingénieure en informatique) la célèbre blonde en plastique doit concevoir un jeu vidéo. Le problème, c'est qu'elle ne sait pas coder : elle sait à peine se servir d'un ordinateur. Du coup, Barbie appelle Steven et Brian, deux amis développeurs, à la rescousse pour faire la quasi-totalité du boulot. Et pendant qu'elle envoie des mails à ses collègues depuis l'ordinateur de sa sœur, Barbie trouve le moyen d'installer un virus qui lui fait perdre ses données. Le problème est résolu par l'un de ses amis masculins. A la fin, le jeu vidéo est terminé et Barbie, qui n'a réalisé que la partie graphique, récolte tous les lauriers du travail de l'équipe.
Sorti en juin dernier, ce livre fait parler de lui depuis plusieurs jours, après avoir été remarqué par différents médias, dont Gizmodo et le Daily Dot. L'une des principales critiques concerne bien évidemment le fait que Barbie est présentée comme une personne tout sauf autonome, qui se repose sur les autres pour atteindre son objectif. Une leçon pas très positive pour les fillettes visées par ce type de publication. « On ne peut pas juste lever les yeux au ciel : c'est un livre insultant, dangereux pour les jeunes esprits, un parfait exemple de la perception qu'on a de la compréhension des nouvelles technos par les femmes et les filles. » estime la scénariste Pamela Ribon, qui a été la première à émettre une critique sur l'ouvrage.
Aidons Barbie, cette noob
Plutôt que de faire enfler une nouvelle polémique sur la représentation du personnage ou sur la manière dont les femmes sont considérées dans le milieu des nouvelles technologies, des initiatives plus ou moins sérieuses se développent autour de la question. Ainsi, Casley Fiesler, une étudiante qui réalise actuellement un doctorat en informatique à Georgia Tech, a entrepris de réécrire les textes du livre. Barbie passe de la débutante qui n'y connait rien (la « noob ») à la codeuse professionnelle, très investie dans son travail. La portée du message change du tout au tout, démontrant au passage qu'on peut faire dire ce qu'on veut aux images.Mais Casley Fiesler n'est pas la seule à avoir réalisé un détournement de l'histoire de base. De très nombreux internautes se sont pris au jeu, comme le souligne The Verge. Sur Twitter, un hashtag nommé #FeministHackerBarbie a ainsi vu le jour. Il permet de découvrir de très nombreux détournements, plus ou moins parodiques. « Non Barbie, tu ne désinstalleras pas Java sur mon PC ! » peut-on lire sur l'une des parodies. Sur une autre, elle demande à son ami Brian de « dégager de son ordinateur » quand ce dernier lui fait une remarque sexiste. Un générateur permettant de concevoir son propre détournement de page de façon très simplifiée alimente le flux, actuellement constant, des parodies.
She'll just wait until her sister's asleep. #feministhackerbarbie pic.twitter.com/RBUoC8AOdi
— bruno machado ۞ (@brunofmachado) 20 Novembre 2014
I made one #FeministHackerBarbie pic.twitter.com/mv2nqvDqlh
— Laura Shortridge (@DiscordianKitty) 20 Novembre 2014
Here's my humble contribution to #FeministHackerBarbie. Silly Skipper running PostgreSQL in a virtual machine ;) pic.twitter.com/BDoDkBsEru
— Mark Farragher (@europegeek) 19 Novembre 2014
Barbie est une figure mondialement connue, et un modèle pour des générations de petites filles : on peut donc s'étonner que Mattel ait fait le choix de sortir un tel livre, dont le titre est par ailleurs mensonger. « Si vous lisez Barbie : je veux être une actrice ou La Princesse au petit pois, Barbie sauve à chaque fois la situation, et n'a besoin de l'aide de personne » souligne Pamela Ribon. Mais pour apprendre à coder, ce n'est pas la même musique... Pourtant, à l'heure où des initiations au code sont proposées dans de nombreuses écoles, dont en France, ce genre de message a de bonnes raisons de ne pas passer, surtout auprès d'un jeune public. Heureusement, Internet est là pour venir en aide à Barbie, pas pour lui faire son travail, mais pour démontrer qu'elle peut le faire toute seule. Mattel, qui possède la marque Barbie, n'a pour l'heure pas répondu au phénomène.