Après un atterrissage compliqué sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko le 12 novembre dernière, le robot Tchouri, en équilibre instable, avait tout de même tenté un forage du sol en vue d'envoyer des données à analyser à la Terre, avant de tomber en panne de batterie. Si l'ESA s'était montrée optimiste, déclarant que 80% de la mission de Philae avait pu être accomplie avant sa mise en veille, les scientifiques du Centre national d'études spatiales ont donné une version un peu différente mercredi.
Philae a un grain
« Le robot Philae a malheureusement foré dans le vide et il va falloir attendre le printemps pour qu'il puisse recharger ses batteries et compléter sa mission arrêtée le 15 novembre » a expliqué à l'AFP François Rocard, en charge du programme Rosetta au CNES. Le doute s'était pourtant installé au sein de l'expérience COSAC, chargée d'analyser les résultats des échantillons prélevés par Philae. « Le responsable de l'expérience COSAC nous a dit n'avoir à deux reprises enregistré aucun signal et une troisième fois seulement un signal indiquant que le processus progressait.... donc c'est presque sûr qu'aucun prélèvement de matériaux n'a eu lieu » ajoute-t-il.Le troisième signal pourrait s'expliquer par le fait qu'un grain du sol de la comète soit entré dans le four à pyrolyse destiné à analyser les éléments. « Mais un grain, c'est très peu » souligne François Rocard.
Pas de forage, mais...
Heureusement, la mission ne se résumait pas uniquement au forage du sol. Tchouri et la sonde Rosetta ont livré d'autres éléments qui ont permis à COSAC de faire des analyses. Des molécules complexes, contenant au moins trois atomes de carbone, ont notamment été détectées. « La composition du matériau cométaire n'est pas aujourd'hui connue. On pense qu'il s'agit d'un matériau organique » explique François Rocard. Les comètes pourraient avoir apporté le carbone sur Terre, et contribué au développement de la vie, estiment les scientifiques.Par ailleurs, des données relevées par Rosetta ont permis de souligner que l'eau présente sur la comète est différente de celle présente sur Terre, d'un point de vue moléculaire. « Ce résultat écarte probablement l'hypothèse que les comètes ont apporté l'eau sur Terre. Celle-ci a pu arriver à la suite d'un bombardement d'astéroïdes plutôt que par des comètes » a déclaré Kathrin Altwegg, scientifique ayant participé à cette découverte, lors d'une conférence organisée par la revue Science.
D'autres résultats devraient être présentés dans les prochaines semaines, en attendant que Philae sorte de sa sieste, normalement au printemps prochain.