Fin avril, l'UMP annonçait son intention de proposer prochainement une application mobile pour iOS et Android, en marge de la refonte du parti politique mené par Nicolas Sarkozy. Nommée Direct Citoyen, cette application, destinée aux militants de l'UMP - ou des « Républicains » - aura pour but de les consulter directement par le biais de sondages « en temps réel », dans un objectif de transparence.
La charrue avant les bœufs
Seulement, en marge de son annonce, l'UMP a fait une bourde, en ne réservant pas le nom de son application. Une situation qui n'a pas échappé à Arsène Huot, un développeur d'applications mobiles. « Il y a trois semaines je suis tombé sur des articles annonçant la future app de l'UMP permettant aux adhérents de voter sur des sujets divers. J'ai voulu alors vérifier si le nom de leur App était bien déposé sur itunes et il se trouvait que non. Sur iOS, une application doit avoir un nom unique, ce qui n'est pas le cas sur Android. Il faut donc vérifier avant toute action marketing la disponibilité d'un nom, et le bloquer en créant l'espace dédié. »Arsène Huot a donc grillé la politesse au parti politique : « J'ai donc profité de cette erreur pour déposer une application Direct Citoyen, qui se trouve en plus être une app de sondage politique. Il ne s'agit pas ici de voter pour différentes idées, simplement de voter pour des personnalités politiques à travers un système de battle assez fun » nous explique le développeur. L'application permet de consulter les cotes de popularité des partis ou des politiciens en fonction des votes réalisés anonymement par les utilisateurs.
« Cette idée a vu le jour bien avant l'annonce de l'UMP mais leur erreur nous a permis de profiter d'une communication gratuite et on les en remercie » ajoute Arsène Huot. Néanmoins, l'application ne semble pas avoir bénéficié pour l'heure d'un décollage en trombe, et n'affiche que peu de téléchargements, notamment sur Android. Mais cette démarche pourrait bien perturber les plans de l'UMP lors du lancement concret de son application. « L'UMP peut en effet déposer Direct Citoyen sur Android, ils pourraient très bien déposer "Direct Citoyen : UMP" sur iOS. Pour l'instant ils ne m'ont pas contacté, ils n'ont surement pas encore remarqué que Direct Citoyen était sur les stores » indique le développeur.
Arsène Huot ne cache pas le petit côté opportuniste de la démarche : « S'ils communiquent dessus mon app ressortira, c'est donc intéressant pour moi. » Mais pour lui, il ne s'agit pas de cybersquatting : « C'est une pratique bien connue sur le Web, mais ce n'est pas vraiment possible sur iOS. Mais rien n'empêche de prendre des noms d'applications et les bloquer. C'est gratuit, le seul coût est le compte développeur iOS. » Une occasion de mettre en avant, au passage, la communication loin d'être toujours maîtrisée des partis politiques lorsqu'il est question du numérique.