Gossip est le terme anglais pour parler des rumeurs, des ragots. C'est également le nom d'une application qui fait beaucoup parler d'elle ces derniers jours : disponible sur iOS et Android, elle permet à ses utilisateurs de propager des rumeurs courtes et éphémères, potentiellement accompagnées d'une photo ou d'une courte vidéo, le tout, de manière anonyme. Mélange de Snapchat et de Twitter, l'application limite les messages à 140 caractères, et les supprime après 10 secondes de lecture.
Un concept qui, comme on peut s'en douter, a fait mouche auprès des adolescents, qui se sont emparés du phénomène : avant d'être mise en suspens sur les plateformes de téléchargement, l'application comptait 60 000 téléchargements en moins de deux semaines. Une situation qui inquiète les enseignants, les parents mais également les enfants, parfois victimes de harcèlement. « L'objectif de cette plateforme n'est pas de jouer mais bien de nuire aux autres » estime la Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne. Eliott Nouaille, président du Syndicat général des lycéens, témoigne : « Dans mon lycée, Jacques-Prévert, à Boulogne-Billancourt, les élèves s'invectivent et s'accusent mutuellement d'avoir posté des ragots ». Un remake moderne de la Zizanie qui a poussé de nombreuses associations à réclamer la désactivation de l'application.
Appel à la vigilance
Face à la situation, Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Education, a lancé un appel à destination du personnel enseignant, demandant une « extrême vigilance ». Dans un billet publié sur son site Internet, la ministre encourage à « signaler aux procureurs de la République, sur le fondement de l'article 40 du code de procédure pénale, tous propos injurieux ou diffamatoires proférés à l'encontre d'élèves ou de personnels. »Bien que l'application ne soit plus disponible en téléchargement depuis le 3 juin au matin, les personnes ayant pu l'installer sur leur smartphone y ont toujours accès. Cependant, il est impossible dans l'immédiat de l'utiliser. Pour autant, le retour de l'application est bel et bien prévu : contactée par nos soins, l'agence qui s'est chargée du développement de l'app nous a confirmé « travailler sur un système de modération », en vue de rendre le service contrôlable. Mais les développeurs bottent en touche, renvoyant auprès de Cindy Mouly, la créatrice de l'application. Interrogée par Europe1, la jeune femme de 25 ans, qui fuit les interviews, a admis « qu'elle ne s'attendait pas à cette polémique » et ne pensait pas que les adolescents allaient s'approprier Gossip. « Je le crie haut et fort, les mineurs n'ont pas à être dessus » a-t-elle déclaré.
« Bien que suspendue depuis plusieurs heures, la réouverture de cette application pourrait venir affecter un climat serein au sein des établissements » ajoute de son côté le ministère de l'Education.
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