Alors que l'on croyait la franchise Massacre à la tronçonneuse morte et enterrée pour de bon, Netflix nous propose une nouvelle version du film d'horreur culte.
Accompagnez la lecture de cet article avec un extrait de la musique du film :
Une suite conçue sous de tristes hospices
Quatre jeunes gens se rendent dans la ville de Harlow, au Texas, pour lancer une nouvelle affaire et redynamiser la bourgade. Ils ne savent pas qu'ils ont mis les pieds dans le territoire de Leatherface, le terrible tueur en série dont les atrocités hantent encore les esprits.
Si le premier Massacre à la tronçonneuse, sorti en 1974, reste aujourd'hui une référence du genre horrifique, on ne peut pas dire que la saga ait marqué durablement l'histoire du cinéma par sa qualité. Hormis un sympathique remake en 2003, qui modernisait astucieusement la formule sans en perdre l'essence, les différentes suites n'ont jamais retrouvé ce qui avait fait le sel de l'œuvre d'origine.
Le personnage de Leatherface a toutefois conservé son aura d'antan, suffisamment pour que les détenteurs des droits mettent en chantier un nouveau film. Ce dernier s'inscrit ainsi dans la grande tendance de la legacyquel, qui consiste à réaliser une suite réunissant les personnages originaux, tout en tirant au passage un trait sur les différents films d'une franchise pour se reconnecter directement à l'original.
C'est par exemple la voie qu'a choisi la saga Halloween en 2018, en se présentant comme une suite directe au premier volet réalisé par John Carpenter avec Jamie Lee Curtis. On soupçonne d'ailleurs les producteurs de ce nouveau Massacre d'avoir regardé avec attention leur concurrent avant de mettre en chantier leur propre projet, tant les ressemblances entre les deux métrages sont nombreuses et frappantes.
La vieillesse est un naufrage
L'histoire de ce nouveau Massacre à la tronçonneuse prend donc place 50 ans après celle du film original et nous présente un Leatherface vieilli, mais toujours aussi dérangé, et recueilli par la directrice d'un ancien orphelinat dont il est le seul pensionnaire. Sa « retraite » est néanmoins dérangée par quatre jeunes start-uppeurs/influenceurs, qui ont racheté une grande partie des commerces abandonnés pour y monter leurs propres affaires.
N'ayons pas peur des mots, le point de départ est donc totalement crétin et le film ne fait aucun effort pour mettre en place un tant soit peu son intrigue et ses personnages. Leur présentation ne prend que quelques secondes et on passe au carnage en seulement 15 minutes : pas le temps de s'attacher aux protagonistes ou de les comprendre un minimum qu'ils sont déjà menacés de finir en rôti de veau.
Leatherface lui-même souffre de ce mauvais traitement et les scénaristes montrent qu'ils n'ont rien compris de leur modèle en se sentant obligés de trouver une motivation aux actions du tueur. Là où le premier opus plaçait le spectateur dans la folie pure d'une famille dégénérée, ici tout n'est qu'une bête histoire de vengeance qui détruit toute l'iconisation du tueur et le réel malaise engendré par chacune de ses apparitions.
Le film veut également faire un clin d'œil au passé avec le retour de Sally Hardesty, seule rescapée du Massacre original, qui, comme Jamie Lee Curtis dans le nouvel Halloween, se prépare depuis un demi-siècle à tuer son agresseur. L'idée, même réchauffée, n'est pas mauvaise en soi, mais avec seulement cinq minutes à l'écran, l'apparition de ce personnage tient plus du simple gimmick publicitaire que de l'hommage en bonne et due forme.
La mort dans la peau
Vu que le film n'est au final rien de plus qu'un simple slasher, on attendait au moins un peu d'inventivité du côté de la mise en scène et des différents meurtres à l'écran. Si les décors n'ont rien de spécial et que les situations ont toutes été déjà vues ailleurs, le réalisateur s'amuse tout de même à montrer toujours plus de gore et de membres découpés en mille morceaux.
La meilleure scène du film est sans conteste celle se déroulant dans un bus, où Leatherface prend un malin plaisir à démastiquer une flopée d'influenceurs bêta dans un long huis clos sanglant et jubilatoire. Le reste de la production n'est pas mauvais en soi et filmé proprement, même si on regrette que la réalisation use et abuse des jump-scares pour tenter de faire sursauter le spectateur, ratant souvent son coup, tant les stratagèmes sont usés jusqu'à la corde.
Le vrai problème de ce Massacre à la tronçonneuse est finalement son incapacité à poser une ambiance. Le premier film n'était pas le plus sanglant mais a marqué les esprits par son atmosphère lourde, poisseuse, qui créait un réel malaise chez le spectateur. Ce nouveau film, qui sent bon l'image numérique toute lisse, ne prend jamais le temps de mettre en place son environnement et préfère se concentrer sur la violence graphique, seule partie qui l'intéresse à priori réellement.
(Sur)Vivre et laisser mourir
Massacre à la tronçonneuse cuvée 2022 n'est donc pas un bon cru mais peut néanmoins constituer un plaisir coupable pour les amateurs de gros rouge qui tâche. On peut lui reconnaître aussi une relative efficacité, le film durant seulement 1H23, générique inclus, pour aller droit à l'essentiel sans s'embarrasser d'un deuxième acte. Les spectateurs ne souhaitant qu'un festival de sang et de tripes en auront pour leur argent. Les autres pourront passer leur chemin sans regrets.
La dernière séquence du film laisse bien évidemment la porte ouverte à une éventuelle suite. De notre côté nous ne sommes pas vraiment convaincus qu'une autre tuerie signée Leatherface soit indispensable, hormis si un metteur en scène et une équipe véritablement concernée souhaite retourner aux sources de l'horreur, sans chercher à aseptiser une formule qui a déjà fait ses preuves.
Massacre à la tronçonneuse est disponible à partir du 18 février 2022 sur Netflix.
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