Une étude menée par Alberto Salvo, enseignant à l'université des arts et des sciences sociales de l'Université nationale de Singapour (NUS) souligne le lien existant entre la pollution de l'air ambiant et une augmentation de la consommation d'électricité par les ménages.
Cette observation serait également valable dans le sens inverse, une meilleure qualité de l'air participant à une demande en électricité plus faible.
Un recours accru aux climatiseurs
L'étude a été menée à Singapour sur les relevés de 130 000 compteurs établis entre 2012 et 2015. La démarche consistait à comparer l'évolution de la consommation électrique de ces ménages avec la qualité de l'air, en se basant sur la concentration des PM2,5 (particules fines dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres).
Cette comparaison a montré que la demande globale d'électricité augmentait de 1,1% en moyenne lorsque les PM2,5 augmentaient de 10 microgrammes/m3.
Les raisons avancées par les scientifiques sont sans surprise : d'abord, une pollution de l'air plus élevée a incité les Singapouriens à rester chez eux, les résidents cherchant ainsi à réduire son impact sur leur santé. Ensuite, cette même pollution entraîne la fermeture des fenêtres et un recours plus intensif aux climatiseurs et aux purificateurs d'air.
C'est pourquoi la hausse est plus marquée chez les ménages plus aisés (1,5% d'augmentation), mieux équipés en climatiseurs. Pour Alberto Salvo, « cette étude montre que les ménages se soucient de la qualité de l'air qu'ils respirent, révélée ici par leurs dépenses en services publics, en particulier pour alimenter des climatiseurs ». Il ajoute : « Les ménages à faibles revenus sont moins en mesure de se permettre de telles dépenses défensives. Cette inégalité observée […] peut également exacerber les inégalités en matière de santé, en particulier dans les pays en développement ».
Cercle vicieux
L'étude a complété ses données en analysant des catalogues de climatiseurs : bien souvent, les fabricants font effectivement la promotion, en plus d'une fonction de refroidissement, d'une meilleure qualité de l'air intérieur.
Outre une demande d'électricité accrue, les chercheurs ont également fait d'autres observations. Selon elles, les ménages exposés à une forte pollution de l'air consommeraient aussi davantage de gaz naturel.
Cette étude fournit ainsi de nouveaux chiffres sur la relation entre notre consommation et la qualité de l'air. Il y a quelques mois, au cœur de la crise sanitaire, la consommation française d'électricité avait sensiblement baissé, tandis que la qualité de l'air s'améliorait. Mais il s'agissait d'abord des conséquences des mesures de confinement, qui avaient entraîné le ralentissement ou l'arrêt de nombreuses entreprises.
Bien sûr, il faut craindre qu'une augmentation de la consommation d'électricité singapourienne n'aggrave à son tour la pollution de l'air dans la région, créant un cercle vicieux. Les besoins électriques de Singapour, de l'ordre de 50 TWh en 2018, sont couverts à 95% par du gaz naturel, un combustible fossile.
Sources : Science Daily, Energy Market Authority