Campagne d'ampleur portée par des pétitions massives sur Internet, une manifestation et une vaste mobilisation sur les réseaux sociaux, « l'Affaire du siècle » est une action emblématique menée par quatre ONG contre l'Etat, accusé d'inaction climatique.
Après deux années de procédure, le procès s'ouvre, devant le tribunal administratif de Paris, ce jeudi 14 janvier. Les associations espèrent une « décision historique », qui reconnaîtrait les défaillances de l'Etat français dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Retour sur une affaire historique
L'affaire prend ses racines il y a plus de deux ans, en décembre 2018. À l'époque, quatre ONG – Oxfam France, Greenpeace France, la Fondation Nicolas Hulot et Notre affaire à tous – envoyaient une requête au gouvernement, l'accusant notamment d'une « action défaillante » dans
la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les organisations lançaient alors aussi une pétition : « Climat : stop à l'inaction, demendons justice », qui a dépassé le million de signatures en quelques heures, enregistrant désormais 2,3 millions de soutiens.
Le gouvernement a d'abord répondu dans un argumentaire d'une dizaine de pages détaillant les actions effectives de l'Etat. Mais la réponse ne convenait pas aux ONG, qui lancent, en mars 2019, un recours devant le tribunal administratif de Paris.
Le samedi 16 mars 2019, la « Marche du siècle » est organisée dans plus de 200 villes. Elle a réuni, selon les organisateurs, plus de 350 000 personnes à travers le pays. Dans le recours, les associations demandaient alors à la justice de forcer l'Etat à « mettre un terme à l'ensemble des manquements de l'Etat à ses obligations en matière de lutte contre le changement climatique ou d'en pallier les effets [et] de réparer le préjudice écologique ».
D'autres actions ont depuis été menées, notamment un mouvement sur les réseaux sociaux encourageant les citoyens à montrer les effets du
réchauffement climatique dans leur région. Le 23 juin dernier, l'Etat a déposé un « mémoire de défense » dans lequel il nie ces accusations.
Le procès qui s'ouvre ce 14 janvier
Depuis, le Conseil d'Etat, en novembre dernier, a affirmé que la France, qui
s'était engagée à réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport à 1990, a dépassé les limites carbone qu'elle s'était fixée.
Si les décisions du tribunal administratif ne sont pas forcément attendues pour ce jeudi, les associations demandent avant tout la reconnaissance d'une faute de l'Etat à respecter ses engagements. « On espère un sursaut », a commenté Cécile Duflot auprès de l'AFP. « Notre volonté profonde n'est pas de faire condamner l'État, c'est que l'État agisse », assure l'ancienne ministre, aujourd'hui à la tête d'Oxfam France.
Le gouvernement, lui, rejette toujours ces accusations d'inaction et met notamment en avant la loi énergie-climat de 2019 qui vise la neutralité carbone pour 2050 et une baisse de 40 % de la consommation des énergies fossiles pour 2030.
Source : Reporterre, FranceInfo, l'Affaire du siècle