Batteries

Plus tôt dans l'année, l'Union européenne a lancé le projet COBRA (CObalt-free Batteries for FutuRe Automotive Applications), qui vise à développer une nouvelle génération de batteries pour voitures électriques. Ce projet vient de recevoir une nouvelle dotation de 11,8 millions d'euros.

Les nouvelles batteries devront répondre à un cahier des charges conséquent. Avant tout, elles devront être dépourvues de cobalt, un minerai dont l'extraction pose problème.

Les arguments s'accumulent contre le cobalt

La plupart des batteries lithium-ion actuelles, qu'elles soient dans nos smartphones ou dans nos voitures électriques, utilisent du cobalt. Pourtant, ce minerai est régulièrement pointé du doigt.

D'abord, pour les conditions de travail associées à son extraction. Selon l'UNICEF, la République démocratique du Congo (RDC), qui est aujourd'hui le premier producteur mondial, comptait en 2014 près de 40 000 enfants dans ses mines de cobalt. Des études mises en avant par Amnesty International montrent également que sur le long terme, l'extraction du cobalt provoque des malformations congénitales chez les travailleurs.

Le cobalt pose également des questions concernant son impact sur l'environnement. Son extraction, qui profite en RDC d'une réglementation pratiquement inexistante, est généralement synonyme de pollution de l'eau.

Le cobalt devient enfin un enjeu politique. Le Congo fournissant 60% de l'approvisionnement mondial, et alors que la demande s'envole, le pays a relevé en 2018 la taxation de l'extraction du cobalt de 2% à 10%, estimant que celui-ci devenait stratégique.

19 partenaires et un imposant cahier des charges

Autant d'arguments qui ont récemment poussé l'Union européenne à développer des batteries qui se passent du cobalt. Lancé plus tôt cette année, le projet COBRA vient de recevoir une dotation de 11,8 millions d'euros.

Celui-ci doit mettre au point, d'ici 2024, une nouvelle génération de batteries dépourvue de cobalt. Le modèle mis au point devra également répondre à une foule d'autres exigences. Il devra entre autres afficher une densité énergétique d'au minimum 750 Wh/l, au moins 2 000 cycles de décharge/recharge utiles et un taux de recyclage d'au moins 95%. Les batteries devront également être deux fois plus légères que les modèles actuels, être plus rapidement rechargées et mieux résister aux températures extrêmes. Une fois prête, la batterie obtenue ne devra pas coûter plus de 90 €/kWh au moment de sa mise en production.

19 partenaires ont commencé à travailler sur ces futures batteries. Parmi eux, on trouve l'Université technique d'Ingolstadt, les deux instituts allemands de Fraunhofer et d'Infineon ainsi que diverses universités belges, espagnoles, turques, néerlandaises et norvégiennes. En France, le
Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) participera au projet.

Bien entendu, le projet COBRA n'est pas la seule initiative lancée pour obtenir des batteries plus respectueuses de l'environnement. Le secteur a néanmoins une importance capitale, car les batteries de nos voitures vont continuer de s'accumuler : 700 000 tonnes de matières à recycler sont attendues en 2035, contre 15 000 tonnes aujourd'hui.