Face aux craintes suscitées par les incendies de véhicules électriques, le géant sud-coréen LG Chem (filiale du groupe spécialisée dans la pétrochimie, les batteries et les composants automobiles) dévoile une innovation prometteuse. Une technologie complètement invisible à l'œil nu.

Les batteries des VE contiennent une grande quantité d'énergie stockée ; très problématique si un incendie se déclare. © Mino Surkala / Shutterstock
Les batteries des VE contiennent une grande quantité d'énergie stockée ; très problématique si un incendie se déclare. © Mino Surkala / Shutterstock

Bien que statistiquement moins sujets aux incendies que leurs homologues thermiques, les véhicules électriques font l'objet d'une appréhension particulière lorsqu'ils prennent feu. Ces sinistres, aussi rares soient-ils, font l'objet de rappels réguliers de la part des constructeurs, comme Mini il y a un mois à peine ou Renault au mois de mars.

Le danger représenté par l'incendie d'un VE est particulier : souvent long et intense, il est plus compliqué à éteindre et rejette dans l'environnement des gaz toxiques comme le fluorure d'hydrogène. Rajoutons à cela qu'ils ébranlent également la confiance du public dans cette technologie. L'innovation de LG Chem arrive donc à point nommé pour rassurer consommateurs et constructeurs.

Une couche microscopique aux effets macroscopiques

Au cœur de cette avancée se trouve une « strate de sécurité renforcée » selon les termes de l'entreprise, sensible à la température. D'une finesse extrême - un micromètre, soit cent fois moins qu'un cheveu humain - ce matériau composite agit tel un fusible moléculaire. Placé stratégiquement entre la cathode et le collecteur de courant (l'interface entre la batterie et le circuit électrique), il modifie sa structure pour bloquer le flux électrique dès que la température dépasse les 90° C, prévenant ainsi tout emballement thermique qui pourrait se produire.

La flexibilité de ce dispositif lui permet de s'adapter aux fluctuations thermiques, rétablissant immédiatement le courant lorsque la température redescend. Les tests menés sur différents types de batteries ont démontré son efficacité : 70 % des batteries NCM (Nickel, Cobalt et Manganèse) équipées n'ont pas pris feu, tandis que les 30 % restantes ont vu leurs flammes s'éteindre en quelques secondes. Plus impressionnant encore, aucun incendie n'a été constaté sur les batteries LCO (Lithium, Cobalt Oxygène) dotées de cette couche protectrice.

Les incendies de VE peuvent être plus difficiles à éteindre et durer plus longtemps en raison de la densité énergétique de la batterie. © Christian.dk / Shutterstock
Les incendies de VE peuvent être plus difficiles à éteindre et durer plus longtemps en raison de la densité énergétique de la batterie. © Christian.dk / Shutterstock

Une innovation encore loin de la route

Si les résultats en laboratoire s'avèrent prometteurs, le chemin vers une application commerciale reste long. LG Chem prévoit de poursuivre ses tests sur des batteries de grande capacité jusqu'en 2025 avant de lancer la production à grande échelle dans un court délai. Dans le jargon automobile, nous savons très bien qu'un « court délai » peut se traduire par plusieurs années, voire des décennies d'attente.

Néanmoins, l'enjeu est de taille. En Corée du Sud, l'incendie spectaculaire d'une Mercedes EQE dans un parking souterrain d'Incheon a récemment ravivé les inquiétudes (voir vidéo ci-dessous). L'effet a été immédiat : les ventes de véhicules électriques de la marque ont chuté et une panique a agité le marché de l'occasion.

La trouvaille de LG Chem, si elle tient ses promesses, pourrait bien se retrouver un jour sous le capot de bon nombre de véhicules électriques. Il faudra pour cela qu'elle parvienne à sortir hors des murs des laboratoires, et ce n'est jamais une mince affaire. LG Chem est toutefois reconnue dans le monde de l'automobile, étant fournisseuse de nombreuses batteries pour plusieurs constructeurs de VE : Volkswagen, Tesla ou Ford.

Source : InsideEVS