Considérée par beaucoup comme la pierre angulaire de la voiture électrique, la batterie solide fait beaucoup parler d'elle pour son efficience. Mais en dépit de nombreux projets, elle n'est pas encore commercialisée. Toutefois, la situation pourrait changer dès l'an prochain grâce aux avancées des constructeurs chinois.
Les batteries solides représentent une sorte de Saint-Graal pour la viabilité des véhicules électriques. Elles promettent en effet une meilleure autonomie, une sécurité accrue, une densité énergétique supérieure et des temps de charge réduits. Alors que de nombreux constructeurs travaillent sur cette technologie, les entreprises chinoises semblent en passe de prendre de l'avance sur le marché mondial.
Les promesses de la batterie solide
La technologie des batteries solides a suscité un immense intérêt en raison de ses nombreux avantages potentiels. Les batteries solides peuvent stocker plus d'énergie par unité de volume, permettant ainsi aux véhicules d'avoir une plus grande autonomie. Par exemple, la future berline IM L6 de SAIC Motor devrait atteindre une autonomie de 1 000 km selon le cycle CLTC chinois. En outre, contrairement aux batteries lithium-ion traditionnelles, les batteries solides sont moins susceptibles de surchauffer et de provoquer des incendies, ce qui en fait une option plus sûre pour les utilisateurs.
L'autre avantage majeur des batteries solides est leur capacité à encaisser des cycles de charge rapide. La batterie de 130 kWh de l'IM L6 pourra être rechargée à 400 kW en courant continu (DC) ce qui réduirait considérablement le temps nécessaire pour une recharge complète. Et bien que les coûts initiaux soient élevés, la production en masse devrait permettre de réduire les prix, rendant les voitures électriques plus accessibles. C'est en tout cas l'avis du groupe SAIC.
Une commercialisation dès l'an prochain ?
SAIC Motor, un groupe automobile chinois de premier plan, a annoncé lors de sa conférence sur les nouvelles technologies énergétiques qu'il serait en mesure de commercialiser des batteries solides dès 2026. Cette annonce place le groupe très en avance par rapport à ses concurrents globaux tels que Toyota, Nissan et Volkswagen, qui prévoient des mises en production plus tardives (2028 pour Nissan et 2030 pour Toyota et BMW), et ce, alors même que Toyota est considéré comme l'un des constructeurs les plus avancés sur le sujet.
SAIC Motor prévoit d'introduire d'abord des batteries semi-solides, qui utilisent encore une certaine quantité d'électrolyte liquide, avant de passer à des batteries tout solide. Les premières batteries semi-solides seront intégrées dans les véhicules hybrides et électriques des marques du groupe, notamment MG, Baojun, Wuling, et autres, dès 2025. Les véritables batteries à état solide devraient suivre en 2026, ce qui pourrait marquer un tournant pour l'industrie des voitures électriques et accélérer leur adoption (si le coût n'explose pas évidemment).
Selon certaines sources internes, la future remplaçante de l'actuelle MG4 pourrait être une des premières voitures servies à intégrer cette technologie, mais le premier modèle du groupe SAIC à recevoir une batterie solide sera la berline IM L6, destinée à concurrencer la Tesla Model 3 et attendue en Chine dès octobre de cette année. Basée sur une architecture 900 V et une batterie de 130 kWh, elle promet 1 000 km d'autonomie selon le généreux cycle chinois CLTC. Affichée à 40 000 euros sur son tarif intérieur, nous nous demandons comment SAIC compte s'y prendre pour réellement abaisser le coût de cette technologie.
Un autre concurrent chinois, Nio, propose une solution de location de sa batterie semi-solide. Puisque celle-ci coûte dans les 40 000 euros et qu'elle ferait exploser le coût d'acquisition d'un VE, le constructeur propose un service de location pour des usages spécifiques. La capacité de cette batterie de 150 KWh étant inutile au quotidien, un conducteur d'une ET5 pourrait par exemple se rendre dans une station d’échange de batterie développée par le constructeur, louer la batterie semi-solide le temps d'un voyage au long court par exemple puis rechanger la batterie pour sa 75 kWh de base.
Un optimisme excessif selon CATL
CATL, un autre géant chinois de la batterie, a récemment mis en garde contre l'optimisme excessif entourant les batteries solides, soulignant les défis technologiques et économiques qu'elles représentent.
La batterie solide, souvent vantée comme la prochaine révolution dans l'industrie automobile pour les véhicules électriques, est considérée en effet comme peu pratique et dangereuse par CATL, le plus grand fournisseur mondial de batteries. Le PDG, Robin Zeng, a exprimé ses réserves quant à la viabilité commerciale des batteries solides à cause de l'utilisation de lithium métallique pur et des problèmes de pressurisation, qui limitent leur durabilité et posent des risques de sécurité. Il estime que cette technologie ne sera pas prête pour une production commerciale viable avant au moins une décennie.
En attendant, CATL se concentre sur le développement des batteries sodium-ion, considérées comme une alternative plus immédiate et pratique. Ces batteries pourraient doubler l'autonomie des batteries lithium-ion actuelles sans augmenter les coûts, ce qui offrirait une solution plus viable à court terme. D'ailleurs, Stellantis a signé un partenariat stratégique avec CATL, ce qui permettrait aussi de voir arriver ces batteries semi-solides avant la fin de la décennie.