© Pixabay
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Quel pourrait être l'impact des antennes relais et des ouvrages électriques sur la santé des vaches d'élevage ? Le ministère de l'Agriculture initie une enquête auprès des éleveurs pour explorer la question, mais cette décision divise.

L'électrosensibilité des vaches à ce type de structures prend à nouveau de l'ampleur avec l'ouverture de cette enquête. Même si l'initiative a pour objectif d'évaluer les possibles effets nocifs sur les animaux, tous les éleveurs ne l'accueillent pas à bras ouverts. Si certains la considèrent comme une idée plutôt bienvenue, d'autres sont bien plus réservés.

Des inquiétudes persistantes

Cela s'est passé à la fin de l'année 2021. Un éleveur situé en Haute-Loire, Frédéric Salgues, accuse une antenne 4G placée à proximité de son troupeau de tuer ses vaches à petit feu. Il avait en effet remarqué une production de lait amoindrie et un affaiblissement généralisé de sa quarantaine de bêtes. Pour l'instant, aucune preuve scientifique solide n'a fait le lien entre la présence de ces antennes et de potentiels problèmes de santé au sein des troupeaux. Malgré cela, l'inquiétude n'a pas diminué chez certains éleveurs, qui observent des conséquences néfastes chez leurs animaux. Des doutes subsistent tout de même chez certains médecins concernant de potentiels effets nocifs de ces ondes sur les êtres humains.

En réponse à ces préoccupations croissantes, le ministère de l'Agriculture a demandé au Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) de mener l'enquête. Celle-ci consiste en un questionnaire envoyé aux éleveurs, qu'ils peuvent remplir de manière anonyme. L'objectif est de recueillir un maximum de témoignages pour les analyser et tenter d'établir des liens entre les installations électriques et les soucis remarqués dans les élevages.

© Dani Afrian / Unsplash
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Attentes et réticences

Pour Frédéric Salgues, cette incitative est clairement insuffisante, voire complètement déplacée. « C'est du foutage de gueule. On ne laisse pas faire les études et les expertises lorsqu'il y a un problème, mais on nous envoie un questionnaire », dit-il. Pour lui, la démarche est inefficace, et il juge qu'elle ne fait en réalité qu'occulter le cœur du problème. Il constate amèrement que le gouvernement ne se mouille pas pour proposer une vraie solution. Solution qui se traduirait principalement par une compensation financière pour contrebalancer les pertes subies.

Du côté de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de Haute-Loire, le constat est un peu plus mesuré. Anne Rogues, la directrice de cette branche de la Fédération, juge de son côté que l'enquête est « une bonne nouvelle  », mais reste prudente quant à sa réelle portée pratique. Ces problèmes en lien avec les ondes électromagnétiques ne sont pas nouveaux et font l'objet de discussions depuis un moment dans le département. Ce qu'elle pointe du doigt, c'est la complexité du débat : les agriculteurs font face à des acteurs économiques bien plus puissants qu'eux. Elle regrette également que cette enquête ait été initiée sur le tard. De nombreuses demandes n'ont pas trouvé de réponse de la part des autorités compétentes, et ce, pendant des mois.

Ce questionnaire restera disponible jusqu'au 31 août à tous les éleveurs qui possèdent une exploitation située à moins de 2 kilomètres d'installations électriques ou d'antennes relais. Tant qu'une vraie étude ne se sera pas penchée sur les effets de long terme des ondes électromagnétiques sur les animaux d'élevage, le débat restera déséquilibré. Les résultats de cette enquête sont pour le moment très incertains, et les éleveurs concernés attendent bien plus qu'un simple questionnaire. Et pendant ce temps, des antennes 4G sont envoyées dans l'espace !