Pour ce nouvel épisode de NEO•Classics, on replonge au début des années 1990, sur Super Nintendo avec un très célèbre jeu signé de l'incontournable Konami.
Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO•Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10ème art...
En effet, en novembre 1992, la France accueille Super Probotector: Alien Rebels, nouvel épisode de la célèbre saga run’n gun initiée sur Arcade, puis sur NES. Un jeu étrangement similaire à un autre titre lancé quelques mois plus tôt aux Etats-Unis, Contra III: The Alien Wars, si bien que certains hurlaient alors au plagiat éhonté. A moins que…
Contra 3 / Super Probotector : même combat !
Avec une réputation déjà très correcte, obtenue en arcade et sur NES, la licence Contra débarque donc en 1992 sur la console 16 bits de Nintendo. Un opus qui nous envoie en 2636, sur une planète Terre en proie à une invasion extra-terrestres, qu’il faudra évidemment déloger à grands renforts de mitraillettes, lance-missiles et autres lance-flammes, en solo, comme en duo.
En effet, l’une des grandes forces de ce jeu signé Konami (dont la réputation dans les années 90 était juste exemplaire), c’est la possibilité d’évoluer à deux à l’écran, au sein d’un shoot’em up assez survolté.
« A l’époque, Konami envisageait de baptiser son jeu « Super Contra IV », Contra Force (sur NES) étant originellement censé constituer le troisième opus de la série. »
Ainsi, comme je l’évoquais en début d’article, les petits joueurs français que nous étions à l’époque avaient la possibilité d’incarner deux robots dans Super Probotector: Alien Rebels. Pourtant, un jeu parfaitement identique, Contra III : The Alien Wars, permettait d’incarner quant à lui deux humains. « Qu'est-ce donc cette diablerie ? » étions-nous alors tentés de dire (car oui, on parlait comme ça en 1992).
En effet, à l'époque, sans Internet ou autre moyen de communication moderne, difficile de comprendre immédiatement que le Contra III de mon voisin, et mon Super Probotector: Alien Rebels sont en réalité les mêmes jeux, et que personne n'a copié qui que ce soit.
Un jeu censuré dans sa version PAL
Comme beaucoup d’autres titres à l’époque, le jeu signé Konami a été frappé par la sacro-sainte censure dans sa version PAL. Si certains titres (comme Streets of Rage 3) ont vu une partie de leur contenu être supprimée, Konami a fait le choix ici de remplacer tous les humains du jeu d’origine, par des robots, la faute à une censure d’origine allemande.
De cette manière, on évite aux jeunes joueurs européens de voir des humains périr à l’écran (ce qui arrive très (très) souvent dans le jeu).
« Je me revois encore petit, et un peu enrobé, m’interroger sur cet étrange accessoire utilisé par mon voisin pour faire tourner ce Contra III à l’allure si particulière. C’est un peu plus tard que j’ai compris qu’il s’agissait d’un adaptateur AD29, et que cette étonnante cartouche était en réalité un jeu Super NES américain et que cet énigmatique Contra III: The ALien Wars était le « même » jeu que Super Probotector. »
A l’époque, il était très difficile de savoir le pourquoi du comment, et seuls quelques érudits vidéoludiques (les influenceurs insiders des années 90 finalement) pouvaient se targuer d’expliquer clairement le pourquoi de cette « différence ».
A noter qu’il ne s’agissait pas d’une « première fois » pour Konami, puisque sur NES déjà, en 1988, le jeu Contra est devenu Probotector chez nous, subissant au passage cette même opération esthétique visant à transformer des humains en robots.
L’un des meilleurs jeux Super Nintendo !
Si certains ne jurent que par Super Probotector, quand d’autres estiment que le « vrai » jeu n’est autre que Contra III : Alien Rebels, tous sont unanimes lorsqu’il s’agit d’affirmer que le jeu de Konami fait clairement partie des indispensables de la Super Nintendo.
A l’instar d’un Super Ghouls’n Ghosts, Contra III / Super Probotector va largement mettre à profit les capacités de la Super Nintendo. Cela se traduit par de nombreux appels au Mode 7 de la console, avec des zoom à gogo et autres effets de rotation.
Rappelons en effet que les niveaux 2 et 5 ont la particularité d’être en vue de dessus, le joueur étant alors contraint d’utiliser les boutons L et R pour pivoter. C’est dans ces niveaux que les effets de rotation sont (très) nombreux, quitte à provoquer une petite nausée chez certains joueurs.
…et l’un des plus difficiles aussi !
Evidemment, comme beaucoup de jeux Konami à l’époque, la difficulté optée en début de partie influe énormément sur le jeu. Ainsi, en jouant en difficulté Normal ou Difficile, les ennemis ont de nouvelles attaques, et certains, inoffensifs et visibles en arrière-plan en Easy, sont bel et bien de la partie en Normal et en Hard.
Les boss ont également de nouveaux patterns, et la mort est (un peu) moins punitive en Easy et en Normal.
Bien sûr, comme pour d'autres jeux Konami, pour visionner la vraie fin de ce Super Probotector / Contra III, il fallait impérativement terminer le jeu en Difficile, puis venir à bout de la dernière forme du boss final.
Autant dire que seulement quelques joueurs peuvent se targuer d’avoir déjà terminé le jeu de Konami, et qu’une petite poignée d’entre eux seulement ont déjà pu visionner la véritable fin de Contra III / Super Probotector.
Le Contra d’avenir ?
Si l’épisode Super Nintendo reste emblématique pour de nombreux joueurs, certains ne jurent que par un autre opus, paru sur Mega Drive en 1994. En effet, comme ce fut le cas pour Castlevania (avec Bloodlines/New Generation), Konami décida d’offrir aux joueurs SEGA un opus exclusif de la saga Contra, sous-titré Hard Corps. En Europe, le jeu fut baptisé tout simplement Probotector.
Pas de jaloux en ce quoi concerne la censure, puisque malgré le côté "plus fort que toi de SEGA", cet épisode Mega Drive fut lui aussi concerné par le remplacement des humains par des robots. Un opus ultra-musclé, ultra-nerveux, avec une gestion des armes assez différente… et dont le premier niveau peut à lui seul provoquer de sérieux maux de tête !
En 2002, Konami a porté la saga Contra sur PS2, avec l’épisode Shattered Soldier, sans oublier une suite baptisée tout simplement Neo Contra en 2004. Quinze ans après la version Super Nintendo, c’est la Nintendo DS qui aura le privilège d’accueillir sa véritable suite, à savoir Contra 4.
Par ailleurs, comme ce fut le cas pour Castlevania là encore, la boutique virtuelle de la Wii a également accueilli, en 2009, un certain Contra ReBirth.
Plus récemment, en fin d’année 2019, Konami a lancé un certain Contra : Rogue Corps sur PS4, Xbox One et Nintendo Switch… mais on vous déconseille vivement de croiser son chemin. On espère évidemment que l’éditeur saura faire renaître la saga prochainement, mais en attendant, appelez un ami, branchez votre Super Nintendo, et terminez Contra III / Super Probotector en mode Difficile.
Vous pouvez aussi opter pour l'excellente compilation Contra Anniversary Collection, disponible depuis quelques mois sur PC, PS4, Xbox One et Nintendo Switch.