Affiche du documentaire La quimio jugando se pasa volando
Affiche du documentaire La quimio jugando se pasa volando

Une étude réalisée à l’hôpital La Paz de Madrid et publiée dans la revue Journal of Medicine Internet Research a démontré que les jeux vidéo permettaient d'agir sur la douleur ressentie par les enfants atteints d’un cancer. 

L’étude a été menée suite à l’initiative de l’association espagnole Juegaterapia Foundation. Depuis 10 ans, elle œuvre pour soulager les enfants hospitalisés par le biais des jeux vidéo. 

Des bienfaits conséquents sur le système parasympathique, essentiel à la guérison

20 enfants - 11 filles et 9 garçons - avec une moyenne d’âge de 11,5 ans ont participé à l’étude. Lorsqu’ils jouaient à des jeux vidéo, les chercheurs ont mesuré la douleur liée à un effet secondaire de la chimiothérapie. Nommé « mucite », celui-ci se traduit par des ulcérations dans la bouche et nécessite parfois l’administration de morphine pour soulager le patient. 

Lors de l'étude, les scientifiques ont d'abord noté que le taux de morphine administré aux enfants qui jouaient avait baissé de 20 % quotidiennement. Plus spécifiquement, ils ont mesuré une hausse de 14 % du tonus parasympathique. Ce dernier est rattaché au système nerveux autonome, avec le système sympathique : ils doivent toujours se réguler entre eux.

Lorsque les enfants subissent des traitements lourds comme la chimiothérapie, la régulation ne se fait plus, l'équilibre entre les systèmes étant déstabilisé ; pourtant, le rôle de ces deux systèmes est essentiel à la guérison. Le docteur Mario Alonso Puig explique les implications de cette hausse du tonus parasympathique : 

« Une situation aussi difficile qu'une hospitalisation active le système nerveux sympathique des enfants atteints de cancer. Il mobilise l'organisme pour fuir face à une menace, un danger. Mais ces enfants ne peuvent pas fuir, ils sont en quelque sorte "liés" à leur chimiothérapie. Lorsque ce système est actif pendant une longue période, il peut avoir des effets très négatifs sur votre organisme. La même partie de notre système nerveux qui nous protège contre certains types de menaces agit contre nous, elle surcharge le cœur, augmente la tension artérielle et rend plus difficile le travail du système immunitaire, qui est tout simplement vital pour affronter la maladie. Lorsqu'un enfant est absorbé par un jeu qu'il aime, tout ce processus de génération de pensées perturbatrices, de douleur et d'anxiété s'arrête. En étant totalement absorbé par le jeu, l'enfant active son système parasympathique. Cette deuxième zone du système nerveux végétatif a deux fonctions : d'une part, elle favorise l'interaction sociale ; d'autre part, elle contribue à maintenir l'équilibre interne de l'organisme, l'homéostasie, qui à son tour réduit l'usure des autres organes du corps ». 

Enfin, les chercheurs ont analysé la douleur des enfants pendant une partie en surveillant leur rythme cardiaque mais aussi leurs pupilles grâce à un pupillomètre, un instrument capable de mesurer le niveau d’analgésie des patients selon la dilatation de leur pupille.

Ils ont ainsi constaté que leur taille ne changeait pas malgré un dosage de morphine moins élevé, se traduisant par une baisse de 14 % de la douleur. 

Un futur traitement non pharmacologique ? 

Si les bienfaits psychologiques des jeux vidéo avaient déjà été prouvés, c’est la première fois que leurs bénéfices sur la douleur physique sont démontrés. Bien que la fourchette de participants à l’étude soit assez restreinte, les résultats offrent un bon aperçu des bienfaits des jeux vidéo dans ce contexte : « Les implications médicales de ces découvertes sont importantes, car les jeux vidéo pourraient faire partie du plan thérapeutique non pharmacologique contre la mucite des cancers pédiatriques », déclare Francisco Reinoso-Barbero, co-auteur de l’étude. 

La recherche a fait l’objet d’un documentaire nommé La quimio jugando se pasa volando disponible sur les plateformes Prime Video et Filmin. La Juegaterapia Foundation espère notamment sensibiliser les gamers à faire don de leurs vieilles consoles, notamment en cette période d’après Noël, alors que nombre d’entre eux ont obtenu une nouvelle machine sous le sapin.