Au début des années 90, SEGA ambitionne de révolutionner le jeu vidéo avec son MEGA CD, bien aidé à l'époque par un certain (et indémodable) Road Avenger.
En 1993, la France accueille un nouveau périphérique dédié à la SEGA Mega Drive : le MEGA CD. Une extension assez imposante, révolutionnaire pour l’époque, permettant à la console de SEGA d’accueillir des jeux au format CD ! Et pour de nombreux joueurs de l’époque, le MEGA CD fut l’occasion de prendre une baffe technique assez monumentale, avec Road Avenger.
Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO·Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10e art...
Un FPS automobile sous forme de dessin animé interactif
Dans Road Avenger, on incarne un agent de la MATF (Mobile Armored Task Force), lequel s’apprête à partir en lune de miel avec sa femme Cindy. Malheureusement, la voiture des jeunes mariés se retrouve face à un gang de brigands motorisés, qui va les pousser dans un ravin.
L’explosion de la voiture ne laisse aucun doute quant à la mort des deux jeunes mariés, pourtant, l’agent du MATF va survivre, avec une seule idée en tête : venger la mort de son épouse.
Voilà le pitch somme toute très « eighties » de ce Road Avenger, sublimement illustré par une vidéo animée de toute beauté, et porté par une musique plus que mémorable, à savoir On The Road, par Hiroshi Nemoto.
L'intro cumule d'ailleurs tous les (bons ?) clichés des années 80/90, entre quête de vengeance, voitures pimpées façon Mad Max, ennemis qui semblent tout droit sortis de Ken le Survivant… et toujours cette musique exceptionnelle, qui résonne sans doute encore dans le coin de la tête de celles et ceux qui ont connu le jeu à l’époque.
I know I'm gonna revive, when I am... On the road
À l’instar de nombreux titres MEGA CD, Road Avenger fait la part belle au FMV (Full Motion Video). Concrètement, côté gameplay, on ne contrôle pas grand-chose : il s’agit en réalité de suivre un dessin animé interactif, dans lequel il est demandé au joueur d’appuyer sur la bonne touche au bon moment pour que l'histoire se poursuive.
Les commandes sont affichées directement à l’écran, et il faut finalement user de ses meilleurs réflexes pour presser au bon moment la touche « Droite » ou « Gauche », donner un coup d’accélérateur ou au contraire écraser la pédale de frein. Pour faire simple, Road Avenger n'est ni plus ni moins qu'un jeu intégralement jouable à base de QTE.
À noter qu’en mode « Difficile », le jeu n’affiche aucune indication à l’écran, à l'instar d'un Dragon's Lair pour ne citer que lui. « Bon’ chance… »
Neuf niveaux cultes ?
Au total, Road Avenger est découpé en neuf niveaux, à vivre comme de petits épisodes. « Petits », car une demi-heure seulement permet de voir le fin mot du jeu.
Forcément, les joueurs de l'époque se souviendront du premier niveau sous forme de croisière en bord de mer, et du second qui emmène le joueur dans une carrière. En réalité, la plupart des niveaux de Road Avenger sont cultissimes, et si certains ont un faible pour la séquence sur l’autoroute, d’autres se remémoreront le niveau dans la campagne, ou encore celui dans les égouts.
Et en fin de partie évidemment, on est confronté au gang qui a mis fin aux jours de notre douce épouse, dans un final étonnant et explosif.
Visuellement, Road Avenger était une révolution, et même si concrètement « on ne jouait pas vraiment », on avait à l'époque l’impression de voir le futur défiler (c’est le cas de le dire) sous nos yeux. Pourtant, rares sont ceux et celles à savoir que ce titre, aussi impressionnant soit-il, était en réalité le portage d’un jeu d'arcade du milieu des années 80…
En effet, contrairement à ce que de très nombreux jeunes joueurs de l’époque pensaient (coucou vous !), Road Avenger n’est pas un jeu « exclusif » au périphérique MEGA CD. Il s’agit en réalité du portage d’un jeu arcade signé Data East, lancé initialement en 1985 !
Il faut dire que le milieu des années 80 a été très (trop ?) propice aux jeux en FMV, comptant dans ses rangs Dragon’s Lair évidemment, mais aussi des titres inoubliables comme Mad Dog McCree, Space Ace, et au début des années 90, le mémorable (et très controversé) Night Trap. Autant de jeux disponibles, d'ailleurs, sur le MEGA CD de SEGA.
De son côté, Road Avenger (ou Road Blaster au Japon), outre son aspect visuel, a pour lui un rythme extraordinaire, qui happe littéralement le joueur dès la première seconde de l’introduction.
WolfTeam : des dessins animés interactifs… et Tales of !
Evidemment, le studio WolfTeam ne s’est pas arrêté à ce seul Road Avenger : la société japonaise fondée en 1986 a également permis au support CD de la Mega Drive de profiter d’autres titres de type « dessin animé interactif », à savoir Cobra Command, mais aussi Time Gal ou encore le très réussi (et très drôle) Revenge of the Ninja.
On doit également à WolfTeam le shoot’em up Sol-Feace, toujours sur MEGA CD, et les jeux Tales of Phantasia, Tales of Destiny et Tales of Eternia, sous la tutelle de Namco.
Road Avenger, lui, a également été proposé sur MSX, et s'est doublé d'une version LaserActive. Le jeu a par ailleurs été vendu en bundle en France avec le MEGA CD 2, ce qui a contribué à le rendre extrêmement populaire. Rebaptisé Road Blaster, il a par la suite été porté sur PlayStation et SEGA Saturn, dans une compilation où il côtoyait Thunder Storm.
Vous connaissez sans doute le fin mot de l'histoire : si vous avez toujours votre MEGA CD dans le coin d'un placard, et que vous avez 25 minutes (la durée de vie totale du jeu) devant vous, faites-vous plaisir, et prenez le temps de relancer ce Road Avenger.