Ristar

En 1995, les joueurs SEGA Mega Drive ont la surprise de voir débarquer en rayons un tout nouveau jeu exclusif à leur console 16 bits : Ristar. Un titre au visuel particulièrement aguicheur, mettant en scène une petite étoile (Ristar donc), dotée de bras et de jambes, avec en prime un petit rictus malin rappelant celui d’un certain Sonic. Et pour cause…

Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO•Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10ème art...

Il y a 25 ans, Ristar avait su séduire de nombreux joueurs, intrigués par cette petite étoile filante humanisée, lointaine descendante du hérisson bleu, alors mascotte fétiche de SEGA. En effet, Ristar et Sonic the Hedgehog sont en quelque sorte de la même famille, puisque les deux titres ont été mis au point par des développeurs en commun.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Ristar n’est pas un jeu signé de la Sonic Team en tant que tel, mais il constitue malgré tout un cousin (pas si éloigné) du héros toujours pressé.

Ristar

Ristar et Sonic, même combat ?

À ce sujet, à l’instar d’un certain Sonic the Hedgehog 2 lancé quelques années auparavant, Ristar (sous-titré The Shooting Star au Japon) fait l’objet d’une sortie (quasi) mondiale sur SEGA Mega Drive. Le jeu arrive en effet le 16 février 1995 au Japon, le jour suivant aux Etats-Unis, et le 18 février sur nos bonnes vieilles Mega Drive PAL en 50 Hz. Pour SEGA, l’objectif est de proposer aux joueurs une alternative à sa mascotte fétiche, comme l'a fait Nintendo avec Donkey Kong, Yoshi, Kirby…

Le full set Ristar, réuni en une image

La genèse de Ristar est encore relativement mystérieuse aujourd’hui, mais il se murmure que le projet fut abordé dès le développement de Sonic the Hedgehog premier du nom. Un projet qui sera repris quelques années plus tard, et largement remodelé, pour donner vie à Ristar. Un Ristar qui met en scène une jeune étoile, fils d’un héros légendaire, qui va devoir rassembler ses forces pour libérer les différentes planètes du système Valdi des griffes de Greedy.

Un titre assez iconique pour de nombreux jeunes gamers de l’époque, dont l’ambition initiale était de permettre aux joueurs de ressentir à peu près tous les éléments à l’écran. Pour cela, Ristar peut allonger ses bras pour saisir ses ennemis, mais aussi des objets et de nombreux éléments du décor. Cela lui permet de grimper une échelle, de planer par-dessus des pics, de faire tomber un obstacle… le tout avec un puissant coup de tête qui n’a rien à envier à celui du Gérard Depardieu des années 80.

Une belle réussite visuelle et sonore

Bien qu’il emprunte de nombreux éléments à Sonic (difficile de ne pas penser à la Green Hill Zone dans le premier niveau baptisé Flora, avec une introduction quasiment identique…), Ristar est un jeu… très lent. En effet, si Sonic pousse le jouer à traverser les niveaux le plus vite possible, la petite étoile est tout simplement incapable de courir, et le jeu encourage (et récompense) l’exploration.

Sonic ? Non, non... Ristar

Ristar se joue donc très simplement, avec un bouton pour sauter, et un autre pour attraper, en lançant ses bras dans 8 directions. C’est accessible, à la portée de tous les joueurs, et bigrement efficace.

Visuellement, Ristar est un titre particulièrement réussi, très coloré, avec des niveaux joliment variés. A cela s’ajoutent de nombreuses mécaniques de jeu très inventives, et un premier niveau juste emblématique, qui permet de maitriser en quelques minutes les différentes capacités de la petite étoile filante. Chaque niveau est ponctué par un combat de boss là encore toujours très inventif, et un level design général très travaillé.

À noter qu’en laissant Ristar immobile, ce dernier affiche une petite mimique rigolote, et qui plus est différente d’un niveau à l’autre. Le genre de détails que l’on adore. Enfin, Ristar est également une belle réussite acoustique, avec une bande-son élaborée par Tomojo Sasaki, à l’origine de la bande originale de Nights.

Mais au fait... pourquoi « Ristar » ?

À la base, Ristar ne s’appelait pas Ristar… mais « Feel », et le personnage principal avait alors une allure assez différente, avec en prime une paire de baskets rouges aux pieds, comme « qui vous savez ». Le jeu a par la suite été baptisé « Dexstar », avant d’être modifié en Volt the Voltage. Selon l’excellent Gaming Historian, c’est d’ailleurs pour cela que Ristar dispose d’éclairs sur ses baskets blanches.

Agripper des ennemis en hauteur permet de voler sur une courte distance

Finalement, les équipes de SEGA ont décidé de baptiser leur nouvelle création Ristar. À ce sujet, aux Etats-Unis, certains prononcent « Raillestar », quand d’autres prononcent « Reestar ». Selon la jaquette américaine du jeu, Ristar pourrait être la contraction de « Rising Star »… À chacun son Ristar donc.

L'indispensable niveau aquatique

Côté durée de vie, Ristar n’est pas un J-RPG, loin de là, pusqu’il faudra moins de deux heures pour venir à bout des six planètes du jeu, chacune étant divisée en 2 niveaux. Quel plaisir toutefois de traverser les différentes zones du jeu, et d’apprécier des graphismes très fins, de très belles animations, et de nombreux détails, y compris au niveau des arrière-plans ou même dans les niveaux aquatiques.

À noter enfin que la version japonaise de Ristar diffère légèrement des versions européennes et américaines. En effet, dans la version nippone, Ristar affiche une expression joyeuse, quand il semble être constamment contrarié sur les versions PAL et US.

A gauche, la version japonaise, à droite, la version PAL/US (via Gaming Palooza Empire)

On retrouve également quelques petites différences dans le jeu lui-même, mais la fin est également très différente, avec une conclusion assez énigmatique sur la version Japonaise, contrairement à la fin européenne et américaine.

Une longévité digne d’une étoile filante…

Malgré un certain succès auprès des joueurs à l’époque, la licence Ristar n’a pas réussi à perdurer. SEGA a bien proposé un portage sur sa Game Gear, un titre qui apportait quelques bonnes idées d’ailleurs, mais qui restait très (très) proche de la version Mega Drive.

La fin de Ristar en version japonaise

Selon de nombreux joueurs, Ristar est tout simplement arrivé trop tard sur le marché, puisqu’en 1995, les joueurs SEGA avaient les yeux tournés vers la Saturn, quand le reste du monde lorgnait du côté… de la PlayStation, déjà disponible au Japon depuis quelques mois. À tel point que pour beaucoup de joueurs, Ristar est l’un des jeux de plateformes les plus sous-estimés de la SEGA Mega Drive, voire même de toute l’ère 16 bits.

La fin de Ristar dans sa version PAL/US

À noter toutefois que SEGA a tenu à inclure discrètement Ristar dans certaines productions, et notamment dans Shenmue, mais aussi dans SegaGaGa (sur Dreamcast), sans oublier sa présence au départ des courses de Sonic All Star Racing. Une vraie étoile filante donc que ce Ristar, qui aurait sans doute mérité de briller un peu plus longtemps…