Secret of Mana

En 1994, vous faisiez peut-être l’acquisition d’un jeu Super Nintendo qui allait chambouler votre vie de joueur : Secret of Mana.

Deux ans après l’indémodable Zelda: A Link to the Past, la Super Nintendo accueille un nouveau représentant du genre « aventure » (qui tient en réalité plutôt de l'action-RPG) : Secret of Mana. Un jeu vendu à l’époque (comme d’autres) en bundle avec un guide complet (le guide stratégique officiel !), et qui allait marquer de nombreux joueurs de cette génération bénie de l’ère 16 bits.

Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO•Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10e art...

Secret of Mana

Seiken Dentsequoi ?

Au début des années 90, Squaresoft est un éditeur particulièrement réputé au Japon, notamment grâce à sa licence Final Fantasy, mais reste encore assez confidentiel en Europe comme aux Etats-Unis. Certains joueurs européens ont fait la connaissance du studio via Mystic Quest Legend sur Super Nintendo, mais c’est avec Secret of Mana que Squaresoft va vraiment voir sa popularité exploser en dehors de ses terres natales.

À l’instar de très nombreux autres jeunes joueurs de l’époque, au milieu des années 90, le petit Stéphane, 12 ans, va tomber nez à nez avec Secret of Mana et son guide officiel chez Darty. C’est le coup de foudre, c’est acté, c’est ce jeu qui viendra prochainement rejoindre la modeste collection de ce jeune joueur, pétri de talent (ça c’est moi, si si je vous assure !). Ne restait plus qu’à convaincre les parents du bien-fondé de la requête…

"Lapinou va se faire rosser"

Pour la petite histoire, il faut savoir que Secret of Mana n’est pas le premier opus de la saga « Mana ». En réalité, il s’agit du deuxième épisode, suite de Seiken Densetsu (l’appellation nippone) paru un peu plus tôt sur Game Boy, et lancé chez nous en 1991 sous le nom Mystic Quest (Final Fantasy Adventure aux Etats-Unis). Alors oui, je sais c’est un peu décousu, mais je vous retranscris ça pêle-mêle aussi !

Pour faire simple, Secret of Mana sur Super Nintendo (ci-dessus), est l’adaptation occidentale de Seiken Densetsu 2 au Japon (ci-dessous).

Mais dans les années 90, à une époque où Internet n’existe pas encore pour tout le monde, tout ce que l'on souhaite c'est se faire plaisir sur sa console 16 bits et la TV cathodique installée dans sa chambre (pour les plus chanceux). Alors on s’offre Secret of Mana, d'abord parce que sa jaquette est sublime… mais aussi parce qu’à l’arrière de la boite, on nous promet une aventure haletante, avec une force universelle qui maintient l’équilibre entre le bien et le mal, une épée magique, un jeune guerrier, des dragons (aaaaah Flammy…) et un mystérieux Arbre Mana.

Le premier boss du jeu

Autant dire qu’à l’époque, et même si les jeux sont très différents, on est nombreux à faire le lien avec Zelda 3, ce Secret of Mana se présentant alors tout simplement comme la « suite spirituelle » du jeu de Nintendo.

Un premier contact inoubliable

Difficile d’oublier le premier contact avec Secret of Mana, et notamment ce cri si caractéristique à l’apparition du logo Squaresoft. S’en suit l’écran titre du jeu, accompagné par une musique absolument extraordinaire signée Hiroki Kikuta.

À ce propos, rappelons qu'en laissant tourner le jeu (sans appuyer frénétiquement sur la touche Start, après avoir déchiré la boite donc), on a droit non seulement au reste de cette introduction, magnifique pour les tympans, mais aussi à un écran noir qui laisse la place aux trois personnages du jeu, réunis devant le majestueux arbre Mana, avant le passage des flamants roses. L’ambiance est posée. Les yeux, comme les oreilles, sont grand ouverts. Les premiers frissons apparaissent. L’aventure peut démarrer.

Vous le savez sans doute, Secret of Mana est un jeu d’action/aventure, mâtiné de nombreux éléments de RPG. En effet, en venant à bout des ennemis notre héros engrange de l’expérience et son niveau évolue au fil du jeu. On y retrouve également de la magie, évolutive, diverses armes, elles aussi évolutives, et des équipements spéciaux. Pas de combat au tour par tour ici, puisque l’on profite d’affrontements en temps réel… « comme dans Zelda ».

On rencontrait régulièrement ChaCha (ou Neko) le marchand ambulant de ce Secret of Mana

Le jeu s'inspire de la légende d’Excalibur, et met en scène une épée magique que notre héros retirera dès le début du jeu. Une épée de Mana qui permettra de libérer des maléfices, mais aussi de les combattre. L’objectif est en effet de mettre un terme aux agissements du sorcier Thanatos, et, si possible, de redonner toute sa splendeur à l’arbre Mana, en récupérant les différents graines disséminées dans les palais du royaume.

On se souvient notamment du retour à Potos, ce village attaqué par des monstres, à cause du descellement de l’épée. Banni du village, notre héros va aller rencontrer Lucie, la gardienne du palais de l’Eau, avant de se rendre au sud du Royaume de Pandore. Vous vous souvenez ?

Secret of Mana se démarque des jeux du moment par une particularité très étonnante à l’époque : la possibilité de jouer trois héros diffférents. En effet, en solo, on pourra jongler entre les différents personnages (en pressant Select), et laisser les deux héros restants à l’IA (on y reviendra…).

Mais en branchant une seconde manette, on pouvait vivre l’aventure à deux en simultané ! Et avec un multitap, on pouvait même profiter de Secret of Mana à trois ! Et là, c’était clairement la gifle.

Le repos des guerriers

Les personnage était d'ailleurs particulièrement attachants : en plus du héros, on faisait rapidement la rencontre d’une jeune fille et d’un elfe, des personnages que le joueur aura d’ailleurs la lourde tâche de baptiser. `

À noter qu'à l’instar de Zelda 3, Secret of Mana a bénéficié d’une traduction intégrale en français (comme Les Chevaliers du Zodiaque: La Légende d'Or dans un genre différent), ce qui contribua indiscutablement à son succès chez nous.

Parfait Secret of Mana ? En fait, même pas !

En solo, c’est l’IA qui est donc chargée de contrôler les deux personnages restants… Et force est d’admettre que cette dernière est aussi exécrable que ce Secret of Mana est merveilleux. En effet, comment oublier ces personnages qui se bloquent dans un élément du décor, et qui nous empêchent d’avancer ? Ou encore ces combats de boss atroces, avec des acolytes qui se font anéantir en quelques secondes ?

Si le jeu reste fabuleux, difficile de mettre de côté ce système de combat certes dynamique, mais assez déroutant pour l’époque. En effet, il fallait non seulement attendre que la jauge remonte à 100 % pour porter un coup puissant (ou maintenir le bouton enfoncé pour exécuter des attaques spéciales), mais aussi faire avec un système de hitbox très (très) hasardeux…

Combien de fois nous est-il arrivé de taper dans le vide, malgré un coup d’épée qui semblait pourtant parfaitement dirigé sur l’ennemi ? Sans compter ces p****** d'ennemis volants, qui semblaient intouchables !!

Vous l'aurez toutefois compris, malgré ces quelques défauts, Secret of Mana restait un jeu ultra captivant, porté par un univers très riche, un rythme effréné et des composantes RPG très addictives. Secret of Mana fut d’ailleurs, pour de nombreux joueurs, le jeu qui permit de faire connaitre ce genre RPG alors bien méconnu du grand public occidental. Plus globalement d’ailleurs, Secret of Mana fut, pour de nombreux joueurs, la découverte de Squaresoft.

Mais revenons à nos moutons : les boss sont ultra-nombreux ici, et tous permettent d’écouter un thème musical très (très) stressant, spécifiquement dédié. À cela s’ajoutent des petits éléments assez inoubliables, comme les voyages en canon pour passer d’une zone à une autre, des traits d'humour omniprésents ou encore l’utilisation du Mode 7 de la Super Nintendo, lorsque l’on peut enfin grimper sur le dos de Flammy.

Le magazine Nintendo Player de novembre 1994 avait accordé la note suprême à ce Secret of Mana, suite à un test s’étalant sur pas moins de dix pages ! Un article dans lequel on découvrait d’ailleurs au détour d'un screenshot, le boss de fin du jeu, la notion de « spoiler » étant visiblement toute relative en 1994.

Comme on l'a déjà évoqué précédemment, impossible également de passer sous silence la bande-originale de ce Secret of Mana. La musique du jeu aura nécessité une année de préparation, et des techniques spécifiques qui ont permis de tirer le meilleur du processeur sonore de la Super Nintendo. À noter que le jeu était à l’origine destiné au Nintendo CD-Rom, mais la suite… Vous la connaissez.

Et après Secret of Mana ?

À l’époque, on pensait souvent, à tort, que Secret of Evermore était la suite de Secret of Mana. En réalité, la suite de ce titre était… Seiken Densetsu 3, qui n’a jamais été proposé en Europe sur Super Nintendo, mais que l’on a pu découvrir récemment via la compilation Collection of Mana sur Nintendo Switch, ou encore en version remastérisée tout en 3D avec Trials of Mana.

Plus tard, Squaresoft proposera Legend of Mana sur PlayStation (dont une version « Remastered » arrive fin juin), mais aussi Children of Mana sur Nintendo DS, Dawn of Mana sur PS2, avec un nouveau rendu tout en 3D et enfin Heroes of Mana ou encore Sword of Mana sur Game Boy Advance.

Et tout ça, sans parler du remake intégral de Secret of Mana sur PS4 et PS Vita lancé en février 2018…!!

Bref, de quoi se (re)plonger dans la légende de Mana, ne serait-ce que pour rosser quelques lapinous (des "Lievro" officiellement), car c’est toujours aussi extraordinaire !