Magical Quest

En 1993, la collaboration Capcom/Disney accouche d’un tout nouveau jeu de plateforme Mickey, premier d’une trilogie à venir : Magical Quest.

Souvenez-vous. Il fut un temps (béni ?) où nos jeux vidéo étaient achetés, et très souvent aussi choisis, par nos parents. Des parents qui se fiaient généralement à une licence alors en pleine gloire, certains d’offrir à leur progéniture un jeu digne d'un passage en CM2. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, pour certains, cela rimait avec quelques titres d’une extraordinaire qualité. Ce fut le cas notamment pour ce The Magical Quest starring Mickey Mouse, soigneusement enveloppé avec amour dans un emballage cadeau… qui fut déchiré sauvagement un matin de Noël 1993.

Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO•Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10e art...

Magical Quest

Capcom à la baguette

Sur NES déjà, Capcom et Disney avaient permis aux joueurs de profiter de quelques productions assez extraordinaires avec Darkwing Duck, Chip’n Dale (Tic et Tac) ou encore l’inoubliable Duck Tales… Une collaboration qui s’est évidemment poursuivie sur consoles 16 bits, et si certains se remémorent notamment Le Roi Lion, Aladdin, Goof Troop, Donald in Maui Mallard ou encore l’intemporel Mickey Mania, c’est un autre jeu estampillé Mickey qui a marqué une génération de joueurs.

Lancé une année avant Mickey Mania, The Magical Quest est un jeu exclusif à la Super Nintendo, développé et édité par Capcom, et c’est accessoirement la première apparition de Mickey sur la 16 bits de Nintendo. Un jeu de plateformes dans la plus pure tradition de l’époque, développé entre le Japon (Capcom) et les Etats-Unis (Disney). En effet, malgré le pedigree de Capcom, le géant Disney a supervisé le développement de ce The Magical Quest, afin de s’assurer que le produit final serait en parfaite adéquation avec la philosophie de l’entreprise.

Dans les faits, en 1993, comment ne pas succomber à l’appel de ce The Magical Quest ? En effet, comme souvent, la cover du jeu est d’une beauté assez extraordinaire, et une véritable invitation à jouer pour tous les enfants/adolescents de l’époque. L’arrière de la boite promet de son côté 6 mondes magiques à explorer, sans oublier quatre petits screenshots qui laissent augurer d’une aventure folle, à la rescousse de ce pauvre Pluto capturé par l’infame Pat Hibulaire.

Le genre de jeu Pat Hibulaire tu vois, mais presque !

Et évidemment, à peine la cartouche insérée dans la Super Nintendo et cette dernière mise sous tension, le jeu nous accueille avec un écran titre tout simple, qui permet de découvrir Donald, Dingo, Pluto et Mickey en arrière-plan, et soutenue par une musique juste magnifique, l’ensemble nous invitant à presser la touche Start. Dès lors, on a droit à une introduction très « Disney », avec des visuels ultra-colorés, et toujours cette musique fantastique, signée Mari Yamaguchi, à l’œuvre notamment sur un certain Super Ghouls’n Ghosts. Le synopsis est un peu niais oui (on est sur du pur Disney de l’époque), et après une petite minute démarre alors cette aventure, plongeant le joueur dans le premier des six mondes magiques promis par la boite du jeu.

Et à ce niveau, ceux qui ont connu The Magical Quest starring Mickey Mouse n’ont pas pu oublier ce premier contact avec le jeu. Une fois de plus, on se retrouve plongé dans un univers très coloré, qui fourmille de vie et de détails, et on append au passage les rudiments du gameplay. Un bouton pour sauter sur les ennemis, un bouton pour se saisir de certains objets, la jouabilité est simple et précise, la prise en main est immédiate. Mieux encore, plutôt que de simplement sauter sur ses ennemis pour les abattre, il s’agira ici de les assommer avec un bon coup de fesses sur la caboche, avant de les saisir et les envoyer tournoyer dans le décor.

Et là encore, le tout s’accompagne d’une OST juste magistrale… et dont la qualité ne fera jamais défaut jusqu’au bout de l’aventure. Alors certes, ça « rame » parfois, ça rame même beaucoup par moments, mais on a dix ans, on a les yeux écarquillés, les oreilles en alerte et on contrôle un Mickey plus vrai que nature ! Les parents sont ravis. Dommage toutefois que le côté « deux joueurs » se contente en réalité ici de passer la manette à son compagnon, contrairement au mode coopération auquel on pouvait s’attendre.

Le jeu parfait pour petits et grands ?

Rapidement, on accède à ce qui fait aussi la particularité de The Magical Quest, à savoir les costumes. En effet, le jeu permet à Mickey d’endosser différents costumes, qui vont lui octroyer de nouvelles caractéristiques. On pourra se transformer en (apprenti) sorcier, en pompier ou encore en alpiniste. Mickey dispose alors de certains pouvoirs, dont on ne pourra abuser, puisque ces derniers sont régis par une petite jauge. Mieux encore, on retrouve au sein des différents niveaux des échoppes qui vont permettre d’augmenter la santé de Mickey ou encore sa jauge de magie. On n’ira pas jusqu’à parler de « RPG » ici, mais ce côté « évolutif » était plutôt rare dans les jeux du genre.

L’autre bonne nouvelle, c’est que The Magical Quest starring Mickey Mouse n’est pas un jeu exigeant, loin de là même. L’aventure demande certes un minimum de timing et de réflexes, notamment face aux boss, mais l’ensemble reste accessible au plus grand nombre… contrairement à d’autres productions Capcom de l’époque. Le revers de la médaille, c’est évidemment la durée de vie, avec un jeu qui se bouclait alors… en une petite heure.

Mais qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse, et avec ses visuels enchanteurs, sa bande-son magistrale, son petit côté « parc d’attractions » parfois et l’utilisation intelligente du Mode 7, sans oublier évidemment la précieuse licence Disney, The Magical Quest procurait un plaisir de jeu assez extraordinaire pour les bambins que nous étions à l'époque… et pour les adultes que nous sommes devenus aujourd'hui.

Une trilogie sur Super Nintendo !

Visiblement ravis de l’accueil réservé à The Magical Quest, Disney et Capcom remettent le couvert, dès 1994, avec The Great Circus Mystery : starring Mickey and Minnie Mouse. Un opus qui reprend les grandes lignes du premier épisode, avec toutefois ici la possibilité d’incarner au choix Minnie ou Mickey. Mieux encore, le jeu est enfin jouable à deux, en coopération, les joueurs incarnant alors les deux souris en simultané à l’écran !

Et figurez-vous que dès 1995, Capcom et Disney récidivent, avec Disney’s Magical Quest 3 starring Mickey and Donald. Un troisième opus qui met cette fois en avant le canard énervé le plus adorable de la planète Disney qui, aux côtés de Mickey, va devoir porter secours à ses neveux, enlevés par un livre magique contrôlé par… Pat Hibulaire, encore lui !

Pas de révolution pour ces épisodes deux et trois, qui reprennent l’excellente formule mise au point par le celui de 1993. À noter toutefois une durée de vie un peu plus conséquente pour le troisième épisode, puisque contrairement aux deux premiers qui se bouclent en moins d’une heure, Disney’s Magical Quest 3 starring Mickey and Donald nécessitera un peu moins de deux heures de votre précieux temps.

La mauvaise nouvelle toutefois, c’est que ce troisième épisode fut lancé exclusivement au Japon, sur Super Famicom. À noter qu’au début des années 2000, Capcom a réédité les trois opus sur une certaine Game Boy Advance, en intégrant d’ailleurs le personnage de Minnie au premier opus, pourtant absente de la version originelle.

Autant dire que si vous vous y prenez suffisamment tôt après le repas de ce dimanche midi, vous devriez pouvoir terminer les trois Magical Quest avant le souper… voire même avant le goûter si vous vous débrouillez bien.