Au début des années 90, la jaquette d’un jeu Game Boy attire irrémédiablement l’attention du jeune joueur que je suis alors : Gargoyle’s Quest.
En effet, à l’époque, pas d’Internet ou (très peu) de magazines, et pour s’offrir un nouveau jeu vidéo, on se fiait généralement à la licence associée, au bouche à oreille ou encore (et c’était bigrement risqué) à la jaquette du jeu. Ce fut (heureusement pour moi !) le cas avec ce Gargoyle’s Quest sur la Game Boy de Nintendo.
En effet, outre une jaquette qui attire irrémédiablement l'oeil, à l’arrière de la boite, on promet « des graphismes d’une grande finesse », ou encore une « nouvelle et fascinante aventure », en incarnant Firebrand, fière gardienne du Royaume des Goules. Qui plus est, le titre bénéficie en plus du « seal of quality » Capcom, gage (pour le fan de Megaman que j’étais/suis) indéfectible d’un excellent jeu à découvrir.
Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO·Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10e art...
La Quête de la Gargouille !
Au milieu des années 80, Capcom fait criser plus d’un joueur en salles d’arcade avec Ghosts’n Goblins (dont un nouvel opus Resurrection est disponible depuis quelques jours sur Nintendo Switch). Il s'agit alors du premier volet d’une saga toujours très appréciée aujourd’hui, démocratisée notamment quelques années plus tard par Ghouls’n Ghosts sur Mega Drive ou encore Super Ghouls’n Ghosts sur Super Nintendo.
Dans cette série le héros est évidemment le vaillant chevalier Arthur, lequel inspire un spin-off en 1990 sur Game Boy, mettant cette fois en scène un certain Firebrand.
C'est en effet la petite gargouille insupportable de la saga Ghouls’n Ghosts qui a droit à son propre jeu sur Game Boy avec Gargoyle’s Quest. Le titre permet au joueur d’incarner Firebrand (ou Red Arremer au Japon) dans un jeu qui mélange astucieusement des phases de plateformes/ action classiques en 2D et des éléments de RPG, phases d'exploration vue de dessus.
Gargoyle's Quest vous rappelle ainsi étrangement un certain Zelda II : Adventure of Link sur NES ? C’est normal, c’est l’une des principales sources d’inspiration de Capcom pour l’élaboration de ce jeu.
Parmi les grandes forces de Gargoyle’s Quest, outre son univers ultra accrocheur, on note son côté plateformes/action très réussi, porté par un level design assez fou, ainsi que la possibilité de faire évoluer Firebrand.
En effet, tel un RPG, le jeu va permettre de faire progresser les capacités de la gargouille au fil du temps. On pourra notamment sauter plus haut, voler sur de plus longues distances ou encore disposer d’attaques plus puissantes.
Un soupçon de Zelda II, un zeste de Ghosts'n Goblins et de Final Fantasy…
Mais tout cela se mérite, nécessitant d'évoluer dans le jeu et de discuter avec les différents PNJ rencontrés lors des phases d’exploration. Seul hic à l’époque, Gargoyle's Quest est intégralement en anglais : pour tout comprendre, il fallait donc soit demander des infos à son grand frère ou sa grande sœur, soit se décider à perfectionner son apprentissage de la langue de Shakespeare… C’est d’ailleurs souvent cette seconde option qui était privilégiée.
Comme dans un Zelda II : Adventure of Link, il est essentiel de visiter les différents villages du jeu pour glaner des informations, lesquelles permettront d’évoluer dans les différents niveaux. À noter d’ailleurs que durant les phases d’exploration, le jeu propose des combats aléatoires, façon Final Fantasy. Autant dire qu’à l’époque, ce mélange des genres fait de Gargoyle’s Quest un titre assez singulier… Mais la sauce prend immédiatement et ce, malgré une difficulté assez palpable.
En effet, sans être aussi insurmontable que Ghosts’n Goblins, Gargoyles Quest est un jeu relativement ardu, qui plus est sans la moindre pile de sauvegarde (mais avec des mots de passe, ouf !).
À noter que ce n’est d’ailleurs qu’à l’écran titre du jeu que Gargoyle’s Quest consent à afficher clairement sa filiation avec le jeu Ghosts’n Goblins.
Un bonheur pour les mirettes et les esgourdes
Visuellement parlant, Gargoyle’s Quest est particulièrement saisissant, avec des personnages très bien définis, des effets réussis, le tout soutenu par une section audio très prenante. Rappelons que l’on joue ici sur une modeste Game Boy et que le tour de force technique réalisé par Capcom est assez impressionnant.
À l’époque, et comme après la sortie de chaque « gros » jeu, on se faisait la réflexion suivante : « Ah mais là, c’est sûr, on fera jamais mieux sur Game Boy ! ». Une phrase que de nombreux joueurs répètent environ tous les 6 mois d'ailleurs, depuis 30 ans maintenant, toutes consoles confondues…
Même constat pour la bande-son, puisque malgré une Game Boy à la fiche technique très limitée, la musicienne Harumi Fujita est parvenue ici à proposer des compositions baroques particulièrement agréables à l'oreille. Et à nouveau, impossible de ne pas entendre la filiation avec Ghosts’n Goblins durant le tout premier niveau du jeu. Du grand art, indiscutablement.
Gargoyle's Quest… et après ?
Particulièrement réussi sur Game Boy, Gargoyle’s Quest va connaitre diverses suites, notamment avec un certain Makaimura Gaiden : The Demon Darkness en 1993, toujours sur Game Boy, mais réservé aux joueurs japonais. Il s’agit ici d’un portage plus ou moins fidèle de Gargoyle’s Quest II, lancé un an auparavant sur NES.
Ce Gargoyle’s Quest II marchait alors dans les pas de l’opus Game Boy, reprenant ce mélange de phases d’action 2D et d’exploration, le tout mâtiné d’une bonne dose de RPG. Evidemment, la version NES permettait de (re)découvrir Gargoyle’s Quest sous un tout nouveau jour, porté par la « puissance » de la console 8 bits de Nintendo.
Un troisième opus a également été lancé, sur Super Nintendo cette fois. Exit l’appellation Gargoyle’s Quest, et place à Demon’s Crest. Un jeu lancé en 1994, qui permettait à nouveau d’incarner Firebrand, en quête, ici, de six pierres magiques.
Ce titre était particulièrement réussi visuellement, proposant de nombreux objets à collecter, qui pouvaient mener vers différents dénouements, dont une « mauvaise fin » pour qui se contentait de visiter uniquement les quatre niveaux de départ.
Vous l'aurez sans doute deviné : si ce n'est pas déjà fait, Gargoyle's Quest est une série à découvrir de toute urgence !