En 1990, les détenteurs de Nintendo NES tombent nez à nez en boutiques avec un tout nouveau jeu : Dragon Ball. Un jeu lancé quatre ans plus tôt au Japon, qui promet une aventure particulièrement intense en compagnie d’un jeune Goku, alors en quête des sept boules de cristal. La promesse d’une adaptation 8 bits fidèle du manga phare de l’époque, et de quoi déclencher plus d’un achat compulsif. Mais tout cela c’était avant le drame bien entendu, avant que l’on ne se décide enfin à insérer la cartouche de jeu dans notre console…
Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO•Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10ème art...
Le jeu rêvé par toute une génération (Club Do’) !
Pendant dix ans, de 1987 à 1997, les enfants/adolescents n’ont d’yeux que pour une seule icône du PAF : Dorothée. Si certains étaient fascinés par ses talents de chanteuse, d’autres par la profondeur dramatique du trio Patrick Simpson-Jones, Jacky et du regretté Corbier, d'autres encore par l'intrigue de Salut les Musclés, pour beaucoup, le Club Dorothée… c’est Dragon Ball !
Autant dire que, au tout début des années 90, la promesse de retrouver un jeu vidéo Dragon Ball officiel sur la console phare de l’époque, la NES, avait de quoi faire saliver plus d’un jeune joueur.
C’est donc en 1990 que débarque en boutiques le jeu officiel Dragon Ball (sous-titré « Le secret du dragon »), un jeu qui promet de suivre la trame originelle des mangas… même si certains passages n’ont strictement aucun lien (direct ou non) avec la licence.
Un jeu qui promet pas moins de 14 niveaux, et dont la jaquette permettait d’identifier (plus ou moins clairement) Goku, mais aussi Bulma, Yamcha, Oolon, Plume ou encore Tortue Géniale. Bref, à l’époque, c’était LE jeu que l’on voulait à tout prix insérer dans sa NES.
Les boules de cristal balles du dragon?
Au lancement, la première bonne surprise, c’est que le jeu est intégralement traduit en français. Rappelons qu'à l'époque, si la licence Dragon Ball est ultra-populaire au Japon, elle l'est également en France, bien aidée par Dorothée et sa bande, ce qui explique sans doute cet effort de localisation. Un fait très (très) rare à l’époque, qui laissait entrevoir un portage soigné pour cette adaptation.
Toutefois, dès le démarrage du jeu, difficile de ne pas tiquer face à une traduction pour le moins approximative, avec la mention « balles du dragon », en lieu et place de « boules de cristal ». Aïe….
Au fur à mesure de la progression, on tombera sur des erreurs de traduction tout aussi mémorables aujourd’hui que les faux patronymes de ISS Pro 98, comme « L’Hermite » au lieu de « Tortue Géniale », « Nuage Léger » au lieu de « Nuage Magique », « Goret » à la place de « Oolon » et bien d’autres encore…
Visuellement, ce Dragon Ball NES affiche une franche inspiration Zelda en ce qui concerne son premier niveau notamment, avec une palette de couleurs très similaire… mais qu’importe, on a 8 ans, on incarne Goku petit, et c’est bien là l’essentiel !
Un bouton pour sauter, un bouton pour taper, Dragon Ball repose sur un principe très simple, avec en prime des combats de boss en vue latérale 2D… comme dans un Zelda II. Un jeu d'aventure/action comme il en existe tant d'autres à l'époque, et dont la licence suffisait à elle seule à en faire un jeu hautement désirable (à défaut d'être bon).
Toutefois, il ne faudra que quelques minutes pour regretter d’avoir demandé avec insistance à ses parents de filer au supermarché du coin pour acheter ce Dragon Ball… En effet, même à l'époque, la "hype" de ce Dragon Ball durait en général jusqu'au premier boss, avant de retomber comme soufflé….
Outre un intérêt général relativement discutable, le jeu est une cruelle désillusion technique, y compris pour celui qui renouvelait chaque année sa carte de membre du Club Dorothée. Une terrible déception donc, dont on pouvait finalement se douter un peu au vu de la publicité TV diffusée à l'époque, la preuve ci-dessous.
Le jeu est en effet plombé par des soucis de collision, et une hitbox très (très) approximative, qui flingue aussitôt le côté « stratégique » des différents combats. Cela n'empêchait pas aux jeunes joueurs que nous étions de nous amuser (un peu), mais rares sont ceux, déjà à l'époque, qui considéraient ce Dragon Ball comme "un bon jeu".
À cela s’ajoute une musique ultra (uuuuultra) répétitive et surtout, une jauge de vie qui descend progressivement… sans jamais vraiment comprendre pourquoi d’ailleurs. Certes, cela symbolise sans doute la faim de l’insatiable Goku, mais à l’époque, cela déclenchait surtout de sérieuses frustrations, et cette envie irrémédiable d'anéantir sa petite TV cathodique (et la cartouche du jeu) à grands coups de Kamehameha…
La version américaine plus désastreuse encore ?
Si les jeunes joueurs français de l’époque ont eu de quoi écarquiller les yeux face à cette adaptation on ne peut plus hasardeuse de Dragon Ball, leurs homologues américains ont quant à eux connu une aventure bien différente.
En effet, à la toute fin des années 90, aux Etats-Unis, la licence Dragon Ball est totalement inconnue (ou presque) et le jeu (lancé en mars 1988) est alors rebaptisé en Dragon Power sur le territoire américain.
Pour l’occasion, Bandai America décide de modifier divers aspects du jeu. Dans un premier temps, la jaquette du jeu est totalement remaniée, afin de ne plus faire la moindre référence au manga Dragon Ball. On y retrouve une cover très « quelconque », avec un combattant à kimono blanc, et seul un dragon aux faux airs de Shenron est affiché, dans une version là encore très éloignée de ce que l’on connait.
Outre le titre du jeu et la jaquette, Bandai America décide d’aller encore plus loin, en modifiant directement le contenu du jeu. Ainsi, de nombreuses références à l’univers Dragon Ball sont retirées, notamment certaines musiques, et le personnage principal du jeu (Goku donc) a été relooké avec plus ou (surtout) moins de talent.
Exit le visage de Goku, remplacé ici par ce qui s’apparente à une tête de singe souriant, avec un bandana blanc… Le corps est inchangé, seule la tête du personnage a été grossièrement modifiée. Comme quoi, il y a toujours pire ailleurs…
Dragon Ball en jeux vidéo, c’est mieux maintenant ?
Après ce traumatisme NES, beaucoup de fans de Dragon Ball se sont par la suite montrés (très) méfiants vis-à-vis des adaptations de mangas. Certains d’entre eux (coucou !) avaient d’ailleurs vécu le double trauma causé par la sortie d’un certain Les Chevaliers du Zodiaque : La Légende d’Or quelques années plus tard, lui aussi traduit en français, avec des approximations linguistiques tout aussi dramatiques…
Heureusement, en ce qui concerne la carrière vidéoludique de Dragon Ball, les choses se sont rapidement améliorées, avec notamment les adaptations assez mémorables sur Super Nintendo.
Même si la saga a connu quelques sérieux couacs vidéoludiques, plus de 30 ans plus tard, la licence reste toujours aussi forte aujourd’hui, si bien qu’en début d’année 2018, Arc System Works et Bandai Namco lançaient l’exceptionnel DragonBall FighterZ, soit LE jeu rêvé depuis les années 90 par toute une génération de fans.
Au fil des années, ces derniers ont pu (plus ou moins) profiter des nombreux opus Budokai, Tenkaichi ou encore Tenkaichi. En ce qui concerne la licence Dragon Ball (sans Z), on se souvient notamment de Revenge of King Piccolo sur Wii, mais aussi de Dragon Ball Advanced Adventure sur GameBoy Advance ou encore de Dragon Ball Origins sur Nintendo DS.
Et vous, avez-vous déjà testé ce Dragon Ball sur NES ? Avez-vous pu enfin vous débarrasser de sa musique qui résonne encore dans un coin de votre tête ?