Il y a 31 ans, en 1990, vous insériez peut-être dans votre NES un certain Chip’n Dale Rescue Rangers, adaptation 8 bits d’une série animée phare du Disney Club : Tic et Tac, Les Rangers du Risque.
En effet, à la fin des années 80 et durant une bonne partie des années 90, les jeux vidéo estampillés Disney sur consoles Nintendo sont confiés à l’époque à un certain Capcom. Parmi les indispensables de notre enfance (sur NES), on se remémore évidemment Duck Tales, Tale Spin, mais aussi un peu plus tard l’excellent Darkwing Duck. Toutefois, beaucoup gardent aujourd’hui encore un souvenir tout particulier de Chip’n Dale : Rescue Rangers qui, malgré son titre, était parfaitement taillée pour convenir aux jeunes enfants innocents que nous étions.
Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO•Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10e art...
Faut qu’ça passe ou qu’ça craque
D’abord lancé sur PlayChoice-10, c’est évidemment sur la NES de Nintendo que Chip’n Dale Rescue Rangers connaitra le succès. Un jeu de plateformes très emblématique de l’époque, dans lequel le joueur est évidemment invité à incarner l’un des deux célèbres enquêteurs. Fait rare à l’époque, Chip’n Dale permet de profiter de l’intégralité du jeu avec un second joueur, via un mode coop’ en local. D’ailleurs, pour la petite anecdote, Tic & Tac ne sont pas des écureuils comme on le pense souvent, mais des tamias en réalité. Voilà qui méritait d'être dit.
Par ailleurs, l’appellation Chip’n Dale provient tout simplement de la version originale anglo-saxonne du dessin animé. Pas de localisation française ici (contrairement à Saint Seiya La Légende d’Or ou à Dragon Ball), mais un jeu qui a traversé l’Atlantique tel quel, avec même son titre d'origine… et le risque pour les parents (et les enfants) de ne pas comprendre le pourquoi de cette appellation troublante.
À ce sujet, l’appellation Chip’n Dale ne fait pas référence à une troupe de danseurs adeptes du strip-tease, mais à Thomas Chippendale, un décorateur d’intérieur britannique du 18è siècle. Une idée soufflée alors à Walt Disney, en 1943, par l’un des animateurs maison, Bill Henson.
Toujours est-il que Chip’n Dale Rescue Rangers fait partie de ces jeux emblématiques de la NES, au même titre qu’un Teenage Mutant Hero Turtles, qu’une cartouche Super Mario Bros/Duck Hunt ou qu’un Double Dragon 2. C’est simple, à l’époque, tout jeune joueur digne de ce nom rêvait (secrètement ou non) de pouvoir mettre les mains sur cette adaptation 8 bits de Tic et Tac.
Sans armures, ni doublures dans les coups durs
L’autre bonne nouvelle, c’est que non content de proposer l’adaptation d’un dessin animé alors ultra-populaire, Capcom a également eu la bonne idée de proposer un jeu de plateformes très réussi. En effet, contrairement à un Mario, dans Tic et Tac, il ne s’agira pas de sauter sur les ennemis, mais bien de soulever des caisses (et des pommes) pour les lancer vers l’avant ou vers le haut.
On peut même se cacher dans une caisse si besoin, ce qui donne d’ailleurs lieu à une animation « so choupinou ». C’est peut-être un détail pour vous, mais à l’époque, cela veut dire beaucoup, et cette petite originalité dans le gameplay, couplée à un jeu très dynamique, va (en partie) faire tout le sel de ce Chip’n Dale. Capcom oblige, on retrouve également dans ce Chip'n Dale de nombreux éléments empruntés à une autre licence phare de l'éditeur : Megaman.
Vos souvenirs ne mentent pas, difficile d’oublier les premiers niveaux du jeu, avec cette musique entrainante à souhait (mais qui peut rendre fou) et le premier contact avec les petits tamias. Evidemment, Capcom avait soigné le level design, avec des niveaux et des pièges parfaitement proportionnés par rapport à la (petite) taille de nos héros.
À deux, le jeu proposait d’ailleurs quelques originalités supplémentaires, comme la possibilité de soulever son acolyte (et le lancer sur un ennemi) ou de l’assommer avec une caisse (au sens propre du terme).
D’ailleurs, à l’époque, dans les cours de récréation, certains joueurs un peu plus observateurs que les autres faisaient remarquer à leurs chers camarades une étonnante filiation entre les personnages de Tic et Tac, et deux héros de l’époque. En effet, si cela ne saute pas forcément aux yeux immédiatement, difficile de ne pas voir comme une troublante ressemblance avec le personnage d’Indiana Jones pour Tic, avec son chapeau et sa veste, et avec Magnum pour Tac, vêtu d’une chemise rouge à fleurs jaunes.
À l’origine du projet Rangers du Risque, la série fut pensée autour d’une souris baptisée Kit Colby, dont le look était fortement inspiré d’Indiana Jones. Un projet alors refusé par Disney, qui demanda à ses équipes de capitaliser sur les personnages déjà existants, et le choix se porta alors sur Tic et Tac. Ceci expliquant sans doute en partie cela…
Criez au secours et ils rappliquent !
Comme de nombreux jeux de l’époque, Chip’n Dale est bourré de bonus (étoiles, fleurs…) à récupérer, avec en prime des bonus cachés comme dans Duck Tales. Mais, comme souvent au début des années 90, la difficulté est également assez présente ici : la faute à des pièges bien vicieux, ou à certains éléments du décor moins inoffensifs que prévu.
Avec un chouïa de pratique, on parvient assez vite à dompter le jeu de Capcom, et on enchaîne les différents niveaux à la vitesse grand V.
À ce sujet, Chip’n Dale offre un total de 11 niveaux à parcourir, mais le système de progression (via une Map) permet si on le souhaite d’éviter certaines zones, pour arriver plus rapidement jusqu’à Fat Cat (ou Catox en VF) et libérer notre copine, Gadget Hackwrench.
Toutefois, il faut savoir que malgré ses 11 niveaux, Chip’n Dale est un jeu court, très court même, puisque ce dernier se boucle aisément en moins de 40 minutes… Et en parcourant l’intégralité des niveaux proposés. Certains stages se terminent en un claquement de doigts, comme le niveau A (La Forêt) qui ne nécessitera pas plus de 2 minutes de votre temps.
À une époque où certains critiquent des jeux à la technique hallucinante et qui se terminent en une douzaine d’heures (coucou Ratchet & Clank Rift Apart !), Chip’n Dale a l'air d’une adaptation bâclée, à éviter de toute urgence. Mais la réalité était tout autre, puisque le jeu distillait un plaisir indescriptible, avec son level design efficace, son gameplay « innovant » et l’adaptation finalement fidèle, y compris visuellement, d’un dessin animé adoré de tous. Tout cela bien sûr, sans compter le mode deux joueurs, particulièrement agréable.
Après tout, on parle d’une époque où de nombreux joueurs ne pouvaient s’offrir (ou plutôt « se faire offrir ») qu’un seul, voire deux jeux dans l’année. Aussi, avec ce Chip’n Dale, on avait l’assurance de disposer d’un jeu très fun et dynamique, que l’on allait pouvoir relancer avec un vrai plaisir à chaque partie, que ce soit en solo ou « en copain ».
À l’instar de Duck Tales, Chip’n Dale sur NES eu droit à un second opus, lancé en 1993. Un Chip’n Dale Rescue Rangers 2 plus abouti, plus travaillé d’un point de vue scénaristique, et qui reprenait évidemment le gameplay inauguré par le premier épisode, avec la possibilité ici de jeter les caisses en diagonale notamment.
Un second épisode un poil (de Tamia) plus long que son aîné, dont la durée de vie ne dépassait pas l’heure de jeu malgré tout, mais qui reste moins mémorable que le premier Chip'n Dale Rescue Rangers, qui constitue un véritable « classique » de l'ère 8 bits, et qui est entré depuis longtemps déjà dans la légende de la NES.