Une fois encore, Ubisoft est la cible d'un article peu flatteur.
Après les récentes accusations autour des cas de harcèlements moraux et sexuels au sein de la société, de nouvelles indiscrétions s'attaquent désormais à l'image de la femme dans les jeux vidéo selon les (anciens) responsables de l'éditeur.
Les héroïnes ne font pas vendre selon Ubisoft
Début juillet, le journal Libération publiait une enquête édifiante concernant des cas de harcèlement perpétrés par des haut placés de la multinationale française à l'encontre de plusieurs salariées. Ces problèmes étaient visiblement connus en interne, mais le service RH faisait tout pour protéger les harceleurs car Ubisoft avait vraisemblablement peur de perdre ses talents.
Suite à ces révélations, l'éditeur a été contraint de prendre des mesures et des mises à pied ont été prononcées pour les noms qui sont sortis dans la presse. L'un d'entre eux est un certain Serge Hascoët, ancien numéro deux d'Ubisoft et responsable de la création. Ce proche de Yves Guillemot (le PDG) avait un tel pouvoir qu'il pouvait annuler un projet en cours de développement d'une seconde à l'autre.
C'est ce même Serge Hascoët et ses équipes qui sont visés par Bloomberg. Le journaliste Jason Schreier s'est entretenu avec une quarantaine d'actuels et d'anciens salariés d'Ubisoft. Nous apprenons dans cet article que les responsables pensaient que « les personnages féminins ne font pas vendre » et que plusieurs décisions ont été prises pour limiter leur présence dans les opus de la saga Assassin's Creed.
La misogynie jusque dans les jeux
Par exemple, dans Assassin's Creed Syndicate, Evie Frye a été reléguée au second plan pour laisser plus de place à son frère Jacob. De même, dans Assassin's Creed Origins, les responsables ont forcé les scénaristes à revenir sur la mort du héros Bayek car le joueur aurait ensuite dû incarner sa femme Aya. Enfin, Kassandra devait être la seule héroïne jouable dans Assassin's Creed Odyssey, mais une fois encore, les développeurs ont eu l'obligation d'ajouter l'alternative Alexios.
Ces directives étaient prononcées soit par le service marketing d'Ubisoft ou bien directement par Hascoët lui-même. Dans les pages de Bloomberg, c'est toute une culture misogyne qui est dépeinte. Aussi, en pleine réunion dans les locaux à Paris, ce même Serge Hascoët aurait attendu qu'une femme quitte la salle pour lancer une chanson reprenant le nom de la femme en question avec des paroles très déplacées. Hélas, ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres...
Enfin des excuses et des mesures fortes ?
Quoi qu'il en soit, Ubisoft a du pain sur la planche pour renouer la confiance avec ses propres équipes et redorer son blason auprès du grand public. Conscient de la dégradation de l'image de sa société, Yves Guillemot s'est dit « véritablement désolé » dans une vidéo diffusée en interne aux 18 000 employés.
Parmi les mesures qu'Ubisoft compte mettre en place dans un avenir proche, une refonte du service RH et la création d'un Support and Recovery Center. Cette structure indépendante sera à l'écoute des salariés dans le besoin.
Plus globalement, Guillemot souhaite améliorer le bien-être de ses équipes et compte miser sur la diversité lors du recrutement de trois nouveaux VP (vice-président.e.s).Bref, c'est un début de réponse qui devra être suivi par des faits.
Source : Bloomberg (article payant)