Comme à son habitude, Sony avait mis les petits plats dans les grands pour convaincre les observateurs que la dynamique qui a permis à la PlayStation 4 d'être devant sa principale concurrente - la Xbox One -, était toujours de mise. De fait, diverses annonces ont émaillé la conférence pré-E3 du Japonais et si plusieurs surprises ont ravi les aficionados de la marque PlayStation, on ne peut s'empêcher de regretter des aperçus particulièrement succincts.
The Last Guardian : 8 ans et une séquence de gameplay
Dévoilé en grande pompe lors de l'E3 2009, The Last Guardian était prévu pour une sortie courant 2011 sur PlayStation 3. Depuis, le jeu conçu par Fumito Ueda est devenu une plaisanterie et, à chaque nouvel E3, on se demande s'il va de nouveau sortir du chapeau de Sony ou si le constructeur va l'annuler. D'annulation il n'y a pas eu cette année, puisque c'est Shuhei Yoshida lui-même qui est monté sur scène pour confirmer la sortie du fameux projet : courant 2016 en exclusivité sur PlayStation 4.Hélas, Sony s'est sans doute senti contraint de joindre le geste à la parole pour être crédible après un tel retard. Du coup, l'équipe de Fumito Ueda a été dans l'obligation de mettre sur pied une démo spéciale E3. On y découvre l'enfant - véritable héros de l'histoire - et son compagnon, une créature géante qui tient autant du chien que de la hyène voire des oiseaux.
Coté animations et bande-son, il n'y a pas grand-chose à redire et les aficionados de M. Ueda ont été ravis. En revanche, dès lors que l'on creuse un peu, il faut bien reconnaître l'impression de vide que dégage cette longue séquence. La notion clef du jeu est le lien d'amitié qui lie l'enfant et la créature : un lien que l'on ressent vaguement, mais qui peine à s'exprimer dans un laps de temps aussi court !
No Man's Sky : l'impossibilité de présenter un tel jeu en trois minutes
Autre univers, même problème pour No Man's Sky. Véritable révélation de l'E3 2014, le jeu de Hello Games s'est montré particulièrement discret depuis cette annonce monumentale d'il y a un an. Alors qu'ils ont fixé une sortie courant 2016, les développeurs se sont, là encore, sentis obligé de présenter quelque chose de neuf.Au lancement de la démo, nous découvrons l'immensité de l'univers du jeu qui contient un nombre incroyable d'étoiles et propose, pour chacune d'elles, un véritable système et plusieurs planètes. Toutes ces planètes promettent d'être différentes et d'offrir diverses activités à des joueurs complètement laissés libres de leurs actions.
Et c'est là en quelque sorte où le bât blesse. Sean Murray a expliqué avoir choisi une planète complètement au hasard pour cette démonstration E3 2015. Il précise aussi que la génération procédurale de l'univers du jeu permettra de découvrir d'innombrables planètes toutes différentes les unes des autres... Seulement voilà, en quelques minutes, il ne peut prouver ses dires. Plus gênant encore, il ne peut guère nous en dire plus sur ce que l'on peut vraiment faire dans No Man's Sky. Du commerce ? Certes, mais comment et avec qui ? Des combats galactiques ? Voilà qui est alléchant, mais le bref exemple paraissait bien « mou du genou ».
Dreams, la création rêvée par les auteurs de Little Big Planet
Dernier exemple de l'inconvénient de présenter un produit novateur dans une conférence de presse pré-E3 : Dreams, la dernière création du studio Media Molecule à qui l'on doit Little Big Planet. Si l'on en croit à la fois Sony et les développeurs, il s'agit d'un titre dynamisant la créativité des joueurs en « faisant sauter toutes les limites ».À l'aide d'une simple manette PlayStation 4, il semble effectivement possible de donner vie à des personnages, des séquences, voire des univers remarquables. Il suffit de dessiner / peindre à l'écran ce que l'on veut représenter pour que cela prenne vie. Il est également possible de récupérer les créations des autres joueurs pour enrichir son univers et ainsi aboutir à un jeu original, mais aussi pourquoi pas, à une histoire animée ou à un film.
Problème, il est, pour la troisième fois de cette conférence, très difficile de voir avec précision comment tout cela peut fonctionner. Évoquer la créativité des joueurs est toujours sympathique, mais on peine encore à voir exactement comment ces derniers vont pouvoir procéder, et si l'ensemble sera réellement aussi accessible que promis.
Les promesses, voire en réalité le problème des conférences pré-E3 en général, et si nous prenons ici l'exemple de trois jeux présentés par Sony, c'est valable dans de très nombreux autres cas. L'obligation de devoir rendre compte du travail effectué auprès d'investisseurs souvent impatients et celle de donner signe de vie à des joueurs qui peuvent avoir une mémoire très sélective jouent contre l'intérêt même de ces conférences.
Les démos sont par trop incomplètes pour être vraiment intéressantes et au-delà des images, on se retrouve face à de multiples questions sur chacun des projets ainsi illustrés. Alors que les développeurs se plaignent souvent de perdre du temps pour concevoir ces démos « E3 », il n'est pas non plus certain qu'elles rendent vraiment service à des joueurs qui se laissent un peu trop emporter par leur enthousiasme... Devrions-nous militer pour la fin de ces démos de conférence ?