La console hybride conçue par Sony en partenariat avec Nintendo, avant que ce dernier ne trahisse son engagement envers son compatriote en faveur de Philips, a été mise en vente sur un site d'enchères et son prix devrait sans aucun doute atteindre des sommets.
Nous vous l'annoncions il y a quelques mois et à l'heure où nous écrivons ces lignes, à 22 jours de la fin des enchères, la console mythique a déjà franchi le cap des 30 000 dollars. Un engouement qui s'explique aisément par le destin devenu légendaire de cette machine, fruit d'une collaboration avortée entre deux géants de l'industrie vidéo-ludique et qui aura participé à changer le cours son histoire.
L'histoire d'une trahison fondatrice
La Nintendo Playstation est donc depuis longtemps entrée dans la légende. Mais pour les deux du fond qui ne suivent pas, rappelons un peu de quoi il retourne. Nous sommes en l'an de grâce 1991. Cela fait maintenant trois ans que Sony et Nintendo ont signé un accord pour que le premier développe un lecteur de CD-rom pour la Super Famicom. Rien ne préfigurait alors ce qui allait se produire à l'occasion du Consumer Electronic Show de Chicago de cette année : devant un parterre de journalistes et autres professionnels de l'industrie, le président de Nintendo Of America de l'époque annonce la signature d'un partenariat avec Philips lui confiant la conception d'un produit en tout point similaire.C'est la douche froide pour Sony qui travaillait de son côté d'arrache-pied à la concrétisation de ce partenariat. Nintendo revenait ici sur sa parole, sans même en avoir informé le premier concerné. Une décision prise par le redoutable et regretté Hiroshi Yamauchi, alors patron de la firme de Kyoto. L'accord préalable prévoyait que Sony produise un périphérique pour le compte de Nintendo mais aussi une console hybride à part entière, embarquant à la fois le port cartouche de la SFC et le lecteur CD mis au point par ses soins, baptisée Play Station (en deux mots à l'époque).
Or Yamauchi ne voyait pas d'un bon œil le fait que ce partenariat confère à Sony une telle main-mise sur le support CD. C'est donc à son initiative que Nintendo est parti pour les Pays-Bas négocier, dans l'ombre, un contre partenariat avec Philips pour faire tomber son compatriote.
Une manœuvre d'autant plus humiliante qu'elle fut faite au profit d'une entreprise européenne. Malgré les recours légaux inopérants de Nintendo pour faire avorter le projet, Sony pu tout de même produire 200 exemplaires de sa console hybride, avant de se retrousser à nouveau les manches pour voir plus grand. La suite de l'histoire on la connaît : la PlayStation nouvelle génération s'écoulera à plus de 100 millions d'exemplaires, Philips fera cavalier seul avec un CD-i qui ne trouvera qu'un million de preneurs, et Nintendo s'en mordra les doigts pendant quelques années.
2015, le retour du mythe
Qu'est-il advenu des 200 exemplaires de la toute première Play Station ? Nul ne le sait. Une seule d'entre elles a fini par refaire surface en 2015, lorsqu'un utilisateur du site communautaire Reddit en a revendiqué la possession, photos à l'appui et plusieurs journalistes ayant pu en attester l'existence. L'homme prétend l'avoir découverte dans un carton contenant divers produits qu'un ami de son père travaillant chez Nintendo à l'époque lui aurait offert.
C'est donc cet unique modèle connu qui vient d'être mis aux enchères par le site de vente Heritage Auctions.
Bien que les années aient sans surprise jauni sa coque, la console demeure néanmoins en très bon état. Nous garderons donc un œil sur l'évolution des enchères de la console de jeu vidéo la plus rare qui soit. Rendez-vous dans 22 jours pour le verdict.
Source : arsTECHNICA