Une politique de bonus utilisée depuis des années au sein du studio texan, mais qui fait grincer pas mal de dents alors que le big boss - Randy Pitchford - confirme la faiblesse des primes Borderlands 3.
Depuis que le monde est monde, enfin, depuis que le studio de jeu vidéo Gearbox Software a été fondé en plein cœur du Texas, Randy Pitchford est à la baguette. Un peu plus de vingt ans que le bonhomme mène ses équipes avec un sens reconnu de l'opportunisme, pas mal de bonnes idées et... quelques oursins dans les poches ? Aux États-Unis, le studio de développement n'a pas la réputation d'offrir de bons salaires, au contraire même, mais Randy Pitchford est toujours parvenu à conserver ses talents en maniant avec un certain brio la politique des bonus.
Gearbox et ses bonus
L'idée est simple, elle fonctionne en trois étapes. 1/ Vous signez chez Gearbox Software pour un salaire inférieur à ce qui se pratique dans le reste du pays. 2/ Vous ne comptez pas vos heures et travaillez d'arrache-pied aux différents projets du studio. 3/ Vous êtes récompensés une fois que le jeu a fait - il ne peut évidemment en être autrement - un carton. Plaisanterie mise à part, la politique de Gearbox Software est à ce sujet particulièrement généreuse puisque, sur les bénéfices réalisés, 60 % reviennent à la compagnie et à ses fondateurs quand les 40 % restant sont distribués aux employés en fonction de leur implication et de leur niveau de responsabilité.Cela n'a l'air de rien, mais quelques mois après la sortie de Borderlands 2 (2012), de nombreux employés se sont vus attribuer des chèques à six chiffres (tout de même) et plusieurs d'entre eux se sont acheté une maison, par exemple. Cette politique que l'on retrouve chez d'autres studios, mais jamais au niveau pratiqué par Gearbox Software, a permis à la société non seulement de conserver ses talents, mais aussi et surtout d'embaucher régulièrement et sans la moindre difficulté. C'est d'ailleurs là qu'arrive le problème, si l'on en croit Randy Pitchford, cité par Kotaku.
En effet, la politique d'élargissement du studio semble avoir été un rien ambitieuse ces dernières années et si le succès de la franchise Borderlands ne s'est jamais démenti, on ne peut pas en dire autant des autres licences sur lesquelles Gearbox Software a travaillé. Par exemple, Aliens: Colonial Marines (2013) est considéré comme un four monumental. Il se serait vendu à un petit peu moins de 1,3 million d'exemplaires quand - pour juste rentrer dans ses frais - le studio avait besoin d'en vendre plus de 3 millions. Trois ans plus tard, Battleborn (2016) n'a pas connu pareille mésaventure, mais le succès n'a cependant pas été suffisant et Gearbox a d'ailleurs annoncé il y a quelques mois que les serveurs seront coupés début 2021.
Le succès de Borderlands 3, insuffisant pour récompenser les employés ?
Forcément, deux échecs de suite, cela complique la distribution de bonus à des employés qui ont fait contre mauvaise fortune bon cœur en rêvant à des jours meilleurs. Des jours qui sont arrivés au moment de la sortie en septembre dernier de Borderlands 3 dont vous pouvez retrouver notre test via ce lien. Là, ce n'est plus un succès, mais un raz-de-marée et en à peine cinq jours, plus de cinq millions de copies sont écoulées. L'éditeur - 2K Games - assure qu'il s'agit « de la plus belle réussite commerciale de la franchise » et Gearbox Software aurait ainsi engrangé plus de 100 millions de dollars en royalties.Suffisant pour enfin débloquer les précieux bonus auxquels aspirent les développeurs du studio ? À en croire Randy Pitchford, que non point. Au cours d'un meeting qu'il a lui-même organisé, le big boss de Gearbox Software a ainsi expliqué que les bonus seront « significativement plus faibles qu'espérés » et d'invoquer « le coût de développement du jeu bien plus important qu'attendu », « la croissance de la société » - qui a d'ailleurs ouvert un nouveau studio dans la ville de Québec - et « des projections de ventes inexactes ».
Dans sa communication officielle, Gearbox Software continue de souligner son « généreux système de bonus », un « cas unique dans le monde des AAA » (jeux à gros budget). Reste que la pilule va avoir du mal à passer alors que le chômage explose aux États-Unis sur fond de pandémie de coronavirus et que le monde du jeu vidéo n'est généralement pas le dernier pour montrer la sortie à ses employés les plus dispensables. Reste également que Randy Pitchford n'en est pas à sa première polémique.
Sur le seul terrain financier, le patron du studio avait notamment dû faire face aux accusations récentes de Wade Callender. Ce dernier avait reproché à Randy Pitchford de s'être octroyé un bonus de 12 millions de dollars en 2016 alors que le développement de Borderlands 3 démarrait à peine. Randy Pitchford avait alors répliqué en expliquant que ledit bonus - bien réel - provenait des 60 % réservés au studio et pas du tout des 40 % destinés aux employés. Difficile de démêler le vrai du faux dans une telle affaire, mais à en croire Kotaku, pas mal de cadres pourraient rapidement quitter un navire plus si généreux que le prétend son capitaine.
Source : Kotaku