Starcraft II : Legacy of the Void, l'héritage du jeu de stratégie en action

Alexandre Laurent
Publié le 27 novembre 2015 à 13h04
Blizzard conclut la série Starcraft II avec une double ambition : réanimer la flamme chez les adeptes de la première heure, mais aussi fédérer de nouveaux joueurs autour d'un titre multijoueur bien décidé à conserver et développer sa dimension compétitive. Le pari sera-t-il remporté ?

Il aura finalement fallu cinq ans à Blizzard pour boucler l'aventure Starcraft II avec la sortie, début novembre, de Legacy of the Void. Pour ce troisième volet, l'éditeur met la race Protoss à l'honneur de la campagne solo, et introduit quelques nouveautés significatives au niveau du multijoueur, dont la dimension compétitive recouvre un enjeu de taille à l'heure où le sport électronique connait un succès grandissant.

Sur le plan commercial, Blizzard a choisi de lever les éventuels freins à l'achat en commercialisant Legacy of the Void comme un stand alone, soit un jeu à part entière : il n'est donc pas indispensable de posséder les épisodes précédents pour y jouer. Une démarche somme toute logique pour une extension qui se présente comme une fin de cycle et doit favoriser aussi bien le recrutement de nouveaux joueurs que la fidélisation des anciens.

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Après la reine des Zergs, l'écran d'accueil bascule aux couleurs des Protoss


Starcraft, référence du STR...

Si le genre a perdu de sa superbe face à l'essor des MOBA comme League of Legends dans l'univers du multijoueur compétitif, Starcraft II est sans conteste la référence en matière de stratégie temps réel (STR). Les mécaniques de jeu s'articulent autour de deux aspects principaux : le développement économique de sa base et la dépense des ressources collectées en vue d'alimenter son armée (la macro) et la gestion de cette dernière au plus près des combats (la micro).

Là où des titres comme Supreme Commander mettaient la macro au premier plan, Stracraft se révèle strict sur les deux tableaux, ce qui donne à son multijoueur compétitif un aspect exigeant : pour battre ses adversaires et progresser dans les ligues, il convient d'apprendre quelques stratégies bien rodées et, surtout, de s'exercer !

Disponible sur PC et Mac, le jeu permet de choisir entre trois races (les Terrans, les Zergs et les Protoss). Chacune d'entre elles dispose de mécaniques de jeu et d'unités qui lui sont propres. En dépit des nombreux débats qui animent les forums dédiés, l'une des grandes forces du jeu vient du fait que ces trois races sont globalement équilibrées : chaque joueur développe ses préférences mais aucune ne permet de gagner à coup sûr.


Après un volet initial dédié aux humains (les Terrans), l'extension Heart of the Swarm sortie en 2013 mettait à l'honneur la race Zerg. Legacy of the Void conclut l'aventure du point de vue de la troisième faction, les Protoss, que l'on suivra tout au long de la campagne solo.

Une campagne sous le soleil d'Aïur

Celle-ci se compose d'une vingtaine de missions indépendantes, qui visent à réaliser différents objectifs : défense de base, destruction d'objectifs, sauvetage d'alliés, etc. On retrouve ici tout le savoir-faire de Blizzard, qui joue intelligemment des hauts faits et des objectifs bonus pour maintenir la pression et varier les plaisirs d'une séquence à l'autre. Selon les missions, on devra privilégier la micro-gestion, en faisant par exemple progresser un effectif limité en terrain ennemi, ou au contraire construire les défenses les plus solides pour résister à des vagues successives d'ennemis.

L'ensemble est soutenu par un scénario qui ravira les adeptes de la mythologie Starcraft mais risque très clairement de laisser indifférent les nouveaux venus. On y suit principalement le hiérarque Artanis, qui préside aux destinées de la race Protoss et cherche à reconquérir la planète Aïur, dont ils ont été exilés. Une menace inattendue va se mettre sur sa route et forcer la collaboration avec d'autres héros bien connus, au premier rang desquels le rebelle Terran Jim Raynor et la reine des Lames Kerrigan.

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En mode Campagne, des options supplémentaires sont disponibles, comme le lancement d'une frappe orbitale

Ceux qui adhèrent profiteront entre chaque séquence de jeu d'une série de cinématiques et de dialogues bien léchés, conduisant progressivement à la conclusion du scénario global de Starcraft II. Bon nombre des échanges prennent place dans les entrailles de la Lance d'Adun, vaisseau spatial en forme de camp de base pour les Protoss nomades. On y choisira entre les différentes missions disponibles (sans que l'ordre n'influence le scénario) et l'on y débloquera diverses améliorations au fil de l'aventure.

Celles-ci finissent par conférer à l'arsenal Protoss une puissance sans commune mesure avec ce que l'on retrouve en multijoueur... il en résulte quelques moments de bravoure sur des missions clé, quand on parvient à se sortir d'une situation qu'on pensait irrémédiablement compromise ! Les adeptes du genre débuteront directement la campagne en mode Difficile, ce qui devrait leur garantir une bonne vingtaine d'heures de jeux sur le solo.

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La Lance d'Aïur héberge les améliorations et la progression du scénario

Multijoueur : plus rapide, plus exigeant

Sur le volet multijoueur, les fondamentaux sont conservés, mais comme à chaque nouvelle extension, Blizzard procède à des ajustements. Spontanément, on est tenté de s'intéresser d'abord aux nouvelles unités, mais avec Legacy of the Void, l'éditeur change la donne dès le début de la partie. Chaque joueur commence en effet avec douze collecteurs de ressources, alors qu'il n'en avait que six dans les éditions précédentes. Le changement n'a rien d'anecdotique : il accélère considérablement le début de partie, en ceci qu'il permet d'attaquer beaucoup plus tôt son adversaire. Autre élément à prendre en compte : les bases contiennent désormais moins de ressources. Elles s'épuisent donc beaucoup plus vite, ce qui impose de poser rapidement une ou plusieurs extensions.

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La partie débute avec 12 collecteurs, mais les bases s'épuisent plus vite, obligeant à s'étendre rapidement

Blizzard avait justifié cette décision par la volonté de forcer des parties plus dynamiques, avec succès : en face à face, les parties où chaque joueur reste cloîtré chez lui jusqu'à avoir atteint le maximum de population autorisé avant qu'une grande bataille unique ne règle le match se font rares. La contrepartie de cette accélération est double. D'un côté, on entre bien plus vite dans le jeu avec de nombreuses possibilités d'agressions mais, de l'autre, les affrontements se révèlent encore plus exigeants, et les erreurs stratégiques sont sanctionnées sans appel.

Les nouvelles unités participent elles aussi à ce constat. Blizzard semble s'être attaché ici à pallier les lacunes les plus criantes de chacune des trois races. Côté Protoss par exemple, il introduit l'Adepte, une unité légère accessible rapidement et capable de se faufiler dans les camps ennemis pour menacer les récolteurs. Il est accompagné du Disrupteur, nouvel entrant dans la fabrique Robotique, capable d'asséner une puissante frappe de zone quand il est correctement micro-géré.

Très doués pour le harrass en terrain découvert mais moins bien lotis face à des armées en position de siège, les Zergs gagnent le Saccageur, une évolution du Cafard très utile pour des dégâts en mêlée mais capable, aussi, d'aller déloger des unités retranchées ou des défenses fixes. Les nostalgiques de Broodwar apprécieront le retour du Lurker (appelé Rôdeur en français), une unité enfouie qui assène d'importants dégâts de zone.

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Evolution du Cafard, le Saccageur se révèle utile pour déloger les canons à photons Protoss

L'aérien Terran se voit quant à lui renforcé par un Croiseur, que l'on pourra placer en mode siège à la façon d'un tank pour déployer sa pleine puissance de feu vers les unités terrestres. Au sol justement, les Humains profitent enfin du Cyclone, une unité blindée rapide utile aussi bien en défense que pour des agressions ciblées.

Plusieurs des unités historiques évoluent par ailleurs afin de compléter cet arsenal et de veiller à ne pas créer de déséquilibre entre les trois races. Dans les faits, Blizzard a déjà procédé à de nombreux ajustements depuis la phase de bêta et ajustera vraisemblablement encore le titre au cours des prochains mois, en fonction des retours des joueurs et des statistiques enregistrées sur le ladder. Les équipes doivent toutefois pouvoir s'estimer satisfaites : toutes les unités, anciennes comme nouvelles, trouvent déjà leur place dans les compositions des joueurs, même si certains grands classiques demeurent indémodables.

Quelques nouveaux modes de jeu pour compléter le tableau

Le face à face (1v1) reste sans conteste la discipline reine pour les adeptes du ladder, mais il est aussi de nature à décourager les joueurs les moins assidus, ce qui a conduit Blizzard à imaginer d'autres modes de jeu. Outre le volet coopératif permettant d'affronter à deux une IA sur une série d'objectifs, Legacy of the Void introduit un mode Archon inédit, dans lequel deux joueurs humains pourront se partager la gestion d'une même base. Un peu déconcertant au premier abord, il implique une vraie coordination (communication vocale impérative) et une forme de partage des tâches. La formule la plus évidente consiste à confier à l'un la gestion des ressources et de l'économie, tandis que le second pilotera l'armée et les agressions sur le champ de bataille. On pourra là aussi tenter de positionner son équipe sur le classement global du ladder, ou profiter de cette collaboration pour des séances de coaching.

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Le multijoueur accueille toujours des parties allant jusqu'à 8 joueurs (4 contre 4)

Dans l'optique de dynamiser la compétition, Blizzard introduit aussi des tournois automatisés qui proposent, toutes les deux heures, d'entrer dans un arbre à élimination directe. Sympa pour qui souhaite pimenter un peu ses séances de jeu en ligne, l'outil se veut également un appel du pied aux organisateurs d'événements en ligne, une façon de montrer que Starcraft II reste un incontournable du genre. Avec Legacy of the Void, Blizzard espère en effet redonner un coup de fouet à la scène e-sport dédiée à Starcraft II et les affrontements plus nerveux évoqués plus haut doivent aussi servir à rendre plus intéressantes les retransmissions de parties commentées.

Starcraft II, la legacy du STR

Le résultat se révèle finalement conforme aux attentes : Legacy of the Void est une évolution dans la continuité, un peu plus nerveuse mais toujours très équilibrée. Cette extension ne renouvelle certainement pas le genre, mais confirme sans ambages que Starcraft II reste une référence du STR, capable encore de fédérer une large communauté de joueurs, sans faire mentir le legacy (héritage) de son titre.



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