Un cabinet d'avocats montréalais veut lancer une action sous forme d'action collective contre l'éditeur du célèbre jeu, accusé de créer une dépendance chez les jeunes.
Le débat de la dépendance aux jeu vidéo est éternel et n'épargne évidemment pas le populaire Fortnite. Vendredi soir, les médias canadiens ont relayé l'attaque que prépare le cabinet d'avocats CaLex, qui exerce à Montréal. Celui-ci veut exercer une action collective contre l'éditeur du jeu, le studio Epic Games. Il en a officiellement fait la demande auprès de la Cour supérieure du Québec, juridiction locale de première instance (et parfois d'appel).
Epic Games aurait violé la loi canadienne sur la protection du consommateur
Le cabinet veut être le représentant et le défenseur des joueurs vivant au Québec ayant développé une addiction, une dépendance après avoir joué à Fortnite. Alessandra Esposito Chartrand, l'un des deux avocats dépositaires de la requête devant la justice canadienne avec Jean-Philippe Caron, accuse Epic Games d'avoir « intentionnellement créé le jeu en ayant les jeunes en tête ».Les juristes montréalais considèrent qu'Epic a violé la loi sur la protection du consommateur en ayant « omis et/ou négligé de divulguer aux utilisateurs les risques et dangers associés » à la pratique du jeu. Plus loin encore, ils pensent que le studio a intentionnellement et de façon illicite porté atteinte aux droits à la sécurité, à la vie et à l'intégrité des utilisateurs. Une entorse qui serait contraire à la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.
Tout est fait pour tenir en haleine le joueur
Les parents prenant part à cette requête ont des enfants âgés de 10 et 15 ans, qui souffriraient de cette dépendance causée directement par le jeu. Ils affirment que s'ils avaient eu connaissance des risques d'addiction, ils auraient empêché leurs enfants de télécharger Fortnite. Maître Esposito Chartrand déroule un peu plus les conséquences du jeu, affirmant que les enfants ne développent plus suffisamment leurs émotions humaines, se mettant en retrait et entrant « dans un engrenage », ajoute-t-elle.Enjeux, événements réguliers, skins, emotes, le titre aux 250 millions de joueurs parvient à tenir en haleine ses utilisateurs. Et à ce propos, les juristes ont constaté la facilité avec laquelle on peut accéder à la boutique virtuelle du jeu. « Le monde joue pour faire de l'argent », regrette un assidu joueur, Antoine Fraser. « On a perdu l'essence du jeu ».
La dépendance aux jeux vidéo ? Un trouble de la santé mentale, pour l'OMS
Pour les avocats Esposito Chartrand et Caron, Fortnite a recours « aux mêmes tactiques que les créateurs de machines à sous », en faisant miroiter le gain de récompenses variables à ses joueurs. Des psychologues opérant pour Epic Games auraient réfléchi pendant quatre ans aux mécanismes accrocheurs.L'industrie du jeu vidéo s'oppose à la classification de l'addiction aux jeux vidéo comme maladie
Rappelons que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé, en mai dernier, que la dépendance aux jeux vidéo est enfin considérée comme un trouble de la santé mentale, ce qui donne une certaine crédibilité à cette requête en justice, dont on ignore si elle éveillera les consciences ou si elle ne restera que purement symbolique.
Source : Radio Canada