Chronomètre temps

Pendant plusieurs jours, en 2020, la Terre a connu une accélération de sa rotation sur elle-même. Ce phénomène a alors entraîné un décalage entre notre mesure du temps et la réalité astronomique. Peut-on procéder artificiellement à un ajustement ? Les avis sont partagés.

En ces temps marqués par de grandes incertitudes, il est bon de pouvoir se raccrocher à certaines vérités immuables. Par exemple : un jour dure précisément 24 heures, soit 1 440 minutes, ou encore 86 400 secondes. Or, en réalité, ce n’est plus tout à fait exact.

Notre temps est (mal) compté

Par définition, une journée correspond à la durée nécessaire à la Terre pour effectuer une rotation complète sur elle-même. Et même si notre planète est globalement assez constante, son mouvement reste affecté par un grand nombre de facteurs. Les variations liées aux marées, l’influence de la Lune, l’atmosphère, etc., peuvent conduire à une accélération ou un ralentissement de sa rotation.

Ainsi, en 2020, la Terre a semblé vouloir faire en sorte que le temps passe plus vite (et on la comprend). Plusieurs jours ont en effet duré moins longtemps que la moyenne. Rassurez-vous, cela ne se compte toutefois pas en minutes : la journée la plus courte a été enregistrée le 19 juillet 2020, avec 1,4602 milliseconde de moins qu'habituellement. Une nuance qui peut néanmoins avoir son importance.

De fait, notre échelle traditionnelle du temps – le temps universel coordonné (UTC) – ne prend, elle, pas en compte ce décalage. Elle s’appuie sur des horloges atomiques et reste stable, en dépit des variations de la rotation de la Terre. Or, au cumul, ces minuscules différences peuvent entraîner un écart entre le temps UTC et la réalité de notre planète, ce qui peut suffire à dérégler certains appareils scientifiques.

Ajouter ou enlever une seconde intercalaire

Dans ce cas, la solution apparaît toute trouvée : il suffit d’ajouter ou d’enlever une seconde à une minute. Ce procédé, appelé « seconde intercalaire », a d’ailleurs déjà été employé à plusieurs reprises. Mais jusqu’à présent, on avait plutôt eu recours à l’addition d’une seconde, en raison d’un ralentissement de la rotation de la Terre.

En 2012, l'ajout d'une seconde intercalaire a conduit à une heure inhabituelle. © Time.gov - US government / NIST division
En 2012, l'ajout d'une seconde intercalaire a conduit à une heure inhabituelle. © Time.gov - US government / NIST division

En 2020, c’est donc l’inverse qui s’est produit. Par conséquent, des scientifiques militent désormais pour le retrait d’une seconde à une minute. Cette soustraction, qui n’interviendrait qu’une seule fois, permettrait ainsi de coller davantage au rythme de notre planète.

Néanmoins, certains observateurs affirment que ce léger changement pourrait avoir de sérieuses répercussions. Le New York Post rapporte ainsi que l’ajout d’une seconde intercalaire en 2012 avait notamment « provoqué des pannes de serveurs sur plusieurs sites Internet, dont Reddit, Yelp et LinkedIn ». Les opposants à ce procédé prônent donc plutôt un ajustement du temps chaque jour, à raison de quelques microsecondes quotidiennes.

La question devrait être tranchée lors de la prochaine Conférence mondiale des radiocommunications. Mais nous avons le temps : elle n’est prévue qu’en 2023.

Source : Popular Mechanics