La Terre, vue par la mission BepiColombo lors de son approche le 9 avril. ©ESA/BepiColombo/MTM, CC BY-SA 3.0 IGO
La Terre, vue par la mission BepiColombo lors de son approche le 9 avril. ©ESA/BepiColombo/MTM, CC BY-SA 3.0 IGO

La mission BepiColombo, en route pour Mercure, a survolé la Terre ce 10 avril pour son assistance gravitationnelle. Tout s’est passé exactement comme prévu.

En chemin, le véhicule a pu tourner ses capteurs vers notre planète.

Un petit point dans le ciel sombre

Il n’était que 6h25 à Paris lorsque la mission BepiColombo a rendu une dernière visite à la Terre. Un passage fugace, quelques minutes à peine pour passer à 12 700 km au-dessus de l’hémisphère Sud avant de repartir un peu moins vite, freinée par son survol de notre planète. Les images des capteurs du module de propulsion viennent nous rappeler, en cette période de confinement, qu'il n’y a d’autre choix que de se serrer les coudes : notre planète toute entière n’est qu’un petit refuge dans une immensité sombre.

Des calculs confinés

Pour les équipes qui gèrent la sonde, et qui avaient prévu de multiples
observations de la Terre et de la Lune pour étalonner leurs instruments, ce survol avait une double signification. D’abord, après un an et demi de trajet, c’était le premier de neuf freinages avec assistance gravitationnelle prévus. Un exercice de précision, où la moindre erreur est formellement interdite. Il a fallu, entre autres, gérer les 34 minutes au cours desquelles BepiColombo est passée dans l’ombre de la Terre. C’était la première fois depuis octobre 2018 que la sonde n’était pas exposée à la lumière du Soleil !

La Terre vue à l'envers (on distingue l'Inde, la péninsule arabique et la corne de l'Afrique) vue par BepiColombo. Crédits ESA/BepiColombo/MTM, CC BY-SA 3.0 IGO
La Terre vue à l'envers (on distingue l'Inde, la péninsule arabique et la corne de l'Afrique) vue par BepiColombo. Crédits ESA/BepiColombo/MTM, CC BY-SA 3.0 IGO

Ensuite, ce survol faisait aussi figure de test pour les instruments
scientifiques… Et les chercheurs eux-mêmes ! Confinement oblige, le centre de contrôle à Darmstadt (Allemagne) n’accueillait que le personnel strictement nécessaire à la manœuvre.

Toute la programmation des instruments et les réceptions de données ont dû être menées en isolement, en téléconférence et à distance. Défi relevé avec succès, puisque toutes les mesures prévues ont pu avoir lieu. Il faut déjà se préparer pour les suivantes, pour le premier survol de Venus cet automne.

Après son survol, BepiColombo regarder une dernière fois le duo Terre-Lune (mais si, juste au-dessus du panneau solaire, c'est la Lune). ESA/BepiColombo/MTM, CC BY-SA 3.0 IGO

En route pour Venus… Et Mercure !

C’était, enfin, un dernier au revoir de BepiColombo à la Terre. Après plus
d’une décennie de préparation et dix-huit mois de trajet, la sonde triple de l’ESA et de la JAXA ne repassera jamais près de la Terre. Son trajet est encore long pour atteindre Mercure en décembre 2025, et les défis ne manquent pas sur le chemin. Il faut que les propulseurs ioniques fonctionnent exactement comme prévu, que les survols soient aussi précis que possible.

Aujourd’hui pourtant, toutes celles et ceux qui ont participé à la mission peuvent se réjouir en observant les images renvoyées par les caméras de « monitoring » de la sonde (installées pour vérifier avant tout le déploiement des panneaux solaires, du magnétomètre et de l’antenne principale). Comme le précise Günther Hasinger, Directeur scientifique de l’ESA, « ces selfies spatiaux nous rendent humbles, montrent notre planète, l’habitat commun que nous partageons dans l’une des périodes les plus troublées et incertaines que la plupart d’entre nous ont eu à traverser ».

Source : ESA