Docteur en physique et astrophysique et professeur d'Université à Dublin, Joseph Roche avait posé sa candidature au projet Mars One sans trop y croire, surtout par curiosité. Pourtant, après avoir envoyé une vidéo et passé un entretien d'une dizaine de minutes sur Skype qu'il a appris qu'il faisait partie des 100 personnes finalistes du projet, sur plus de 200 000 candidats initiaux selon l'organisation néerlandaise à l'origine du projet. C'était en février dernier.
C'est à partir de là que le professeur a constaté que la manière de fonctionner du projet était très particulière. « Je n'ai pas rencontré qui que ce soit de Mars One en personne » confie-t-il au site Medium. « Lorsque vous rejoignez la communauté Mars One, ce qui se produit automatiquement à partir du moment où vous postulez, on commence à vous attribuer des points. Vous obtenez des points lors des tours de sélection (mais le nombre de points est arbitraire, rien à voir avec votre classement). Et ensuite, la seule façon d'obtenir plus de points est d'acheter des marchandises de Mars One ou de leur faire des dons. »
Une démarche sectaire ?
Acheter des tee-shirts ou donner de l'argent serait donc bon pour son dossier de futur colon, mais pas seulement : en février, les 100 finalistes auraient reçu un guide des « bonnes pratiques » à utiliser avec la presse, forcément curieuse d'interroger ces candidats pas comme les autres. Parmi les recommandations : « Si on vous offre de l'argent pour une interview, n'hésitez pas à l'accepter. Nous vous recommandons de faire don de 75% de ce que vous gagnez par ce biais à Mars One. »Une manière efficace pour les initiateurs du projet de faire rentrer de l'argent dans les caisses de Mars One, qui aurait besoin de 6 milliards de dollars pour la première partie de la mission. Les 100 derniers candidats en lice ont, en effet, été très médiatisés à travers le monde : en France, c'est un médecin de la région de Bordeaux, seul représentant de l'Hexagone de la liste, qui a été interviewé par plusieurs médias. The Guardian a, de son côté, diffusé les témoignages des 10 candidats les plus prometteurs selon le média.
Un projet très controversé
Les ambitions de Mars One laissent la communauté scientifique songeuse. Les chercheurs du MIT ont notamment ébranlé le projet en laissant entendre que le matériel censé être envoyé avec les colons sur la planète rouge se dégraderait beaucoup trop vite avec la gravité martienne, et que la création d'un écosystème permettant de produire l'oxygène nécessaire à la survie des colons poserait également problème.Des conclusions remises en doute par Mars One, mais cela ne suffit pas pour rassurer les plus perplexes. D'autant que selon le site Medium, les organisateurs n'auraient pas hésité à gonfler les chiffres des candidatures, qui seraient plus proches des 2000 que des 200 000... différents partenaires et soutiens financiers du projet auraient également quitté le navire ces derniers mois, parmi lesquels la société de production Endemol.
« Mon cauchemar, c'est que les gens continuent de donner de l'argent et d'accorder de l'attention à Mars One, jusqu'au moment où tout ça s'écroulera » explique Joseph Roche. Les organisateurs néerlandais n'ont, de leur côté, répondu à aucune demande de commentaires.
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