Pour promouvoir sa série documentaire Inventer le Futur, diffusée sur sa chaîne depuis le 22 janvier dernier, National Geographic Channel a réalisé un partenariat avec l'École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'art (ENSAAMA). Six groupes d'étudiants ont eu pour défi de développer chacun un concept de produit futuriste, mélange de science et de design, dont l'objectif est « d'inventer le futur » et de s'accorder avec les différentes thématiques des documentaires.
Une proposition finalement très vaste, qui a donné naissance à six projets, aujourd'hui dévoilés sur le site de l'initiative. De Waterfall, un ballon dirigeable autonome capable d'aller capturer l'humidité des nuages pour la transformer en eau à Lao, un compagnon de vie connecté destiné aux personnes âgées, en passant par Somnum, qui analyse le sommeil au niveau cérébral, les idées ne manquent pas et imaginent ce que pourrait être l'avenir de certaines technologies qui n'en sont actuellement qu'à leurs débuts.
Une tournure écologique et transhumaniste
On constate que sur les six projets, trois sont focalisés sur la problématique de l'eau, et trois se concentrent sur les appareils intégrés au corps humain, avec des perspectives franchement futuristes. Une démarche voulue par l'ENSAAMA, pour plusieurs raisons : « Le partenariat s'est mis en place entre l'école et National Geographic en décembre, ça nous laissait un délai très court pour ce type de projet » nous explique Richard Devinast, enseignant en design de produits. « Parmi les thématiques proposées par National Geographic Channel, on en a choisi deux. L'eau est un sujet très porteur, les étudiants sont intéressés par la dimension humanitaire, ça questionne le rôle du designer. Le second pose plein de questions liées à l'éthique. »Le projet Hygie, par exemple, se propose de rendre notre peau « intelligente » pour prévenir les maladies et nous guérir. « La technologie ne devient plus intrusive mais fusionne avec son utilisateur et est donc bien mieux acceptée par celui-ci. » Une démarche finalement très transhumaniste.
Cloud Mine, de son côté, se présente comme un appareil capable de « partir à la recherche d'une zone humide » pour « chercher sans cesse à s'emplir d'eau » dans le but d'arroser des plantations. Une machine qui fonctionne à l'énergie solaire, et qui se projette dans 200 ans, dans un futur où « l'agriculture végétale se fait de plus en plus rare et les productions disparaissent petit à petit par manque d'eau » Le sixième projet, Cloo, a une démarche similaire, mais se focalise quant à lui sur la recherche d'eau potable.
Les étudiants, tous actuellement en 2e année de BTS, à l'ENSAAMA, ont commencé par visionner la série de documentaires de la chaîne en avant première. Deux semaines plus tard, l'école a mis en place un workshop d'une semaine. « On a commencé le lundi et, le vendredi, les projets étaient présentés devant un jury composé de professeurs » raconte Richard Devinast. « Au début, douze groupes ont développé douze projets autour des deux thématiques. Pour la sélection finale, nous en avons gardé six, équilibrés sur les deux thèmes. »
Comme on ne constate clairement en découvrant les six projets, il s'agit de concepts qui auraient bien du mal à être développés à l'heure actuelle. « L'idée, dès le début, était d'imaginer des scénarios de vie de demain. C'était un travail prospectif dès le départ, il n'y avait pas de vocation à développer des prototypes ensuite » explique Richard Devinast. « La limite qu'on avait fixé, c'est de ne jamais être dans la magie complète. C'est d'être en lien avec les perspectives présentées dans les documentaires. On est dans la prospective mais pas dans l'imagination totale. » Ainsi, les concepts imaginés par les étudiants pourraient devenir réalité, mais pas dans l'immédiat.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, se libérer des contraintes liées à la fabrication imminente d'un prototype a un peu compliqué la tâche des étudiants. « On leur demande souvent de faire plutôt l'inverse. Le design, c'est compliqué, parce que ça s'accompagne de contraintes et de la prise en compte de ces contraintes. Ici, on leur demandait de s'en détacher. Ils ont pas mal les pieds sur terre, c'était l'occasion de débrider leur imagination. On leur a demandé de rêver, en quelque sorte. »
Des projets soumis au vote du public
A partir du 28 janvier, ces six projets sont soumis aux votes des internautes, et ce, jusqu'au 17 février. Deux projets se verront remettre un prix : l'un lié aux votes des internautes, et l'autre à ceux d'un jury composé de professeurs et de professionnels de l'innovation.Pour Richard Devinast, ce type de concours change pour les étudiants, qui sont davantage habitués aux partenariats avec des industriels, avec des prix qui peuvent déboucher sur la mise en chantier d'un prototype. Là, les projets développés pourront surtout enrichir le book des étudiants, et une éventuelle distinction pourra être valorisée sur le marché du travail.