Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) vient de dévoiler son « plan d'action sur l'intégrité et la déontologie scientifiques ».
Ce plan vise à lutter contre la fraude scientifique et notamment contre les « méconduites » comme celle dont a été accusée l'ex-présidente par intérim du CNRS.
Plusieurs cas de fraudes scientifiques cette année
Après avoir conduit un groupe de travail chargé « des propositions et des recommandations sur le traitement par le CNRS des questions de méconduite et de fraude scientifique », Antoine Petit, président du CNRS depuis janvier 2018, poursuit sa politique visant l'intégrité scientifique et le respect de la déontologie scientifique.Ce nouveau plan d'action fait en effet suite à plusieurs cas de fraudes scientifiques au sein du plus important organisme de recherche de France. L'arrivée en urgence d'Antoine Petit à la tête de la présidence du CNRS est d'ailleurs liée à une des ces affaires, celle d'Anne Peyroche, accusée d'avoir « embelli » - et dans le pire des scénarios d'avoir « fabriqué ou falsifié » - des résultats de cinq articles alors qu'elle était employée par le Centre de l'énergie atomique (CEA). Elle n'est malheureusement pas la seule à avoir alimenté la polémique, puisque le biologiste Olivier Voinnet a été soupçonné à maintes reprises pour manquement à son devoir de probité scientifique. À ce jour, un grand nombre de ses articles scientifiques ont dû être corrigés alors que d'autres ont purement et simplement été retirés de la littérature scientifique.
Le site américain Retraction Watch estime par ailleurs que, dans le monde, plus de 1 000 papiers ont été retirés de la littérature scientifique rien qu'en 2017. Ils le sont généralement après publication, dans des conditions de manquement et d'omissions, de conflit d'intérêt, de fraude ou encore de plagiat.
Uniformiser les procédures
Pour lutter contre ce genre de fraude scientifique, Antoine Petit s'est entouré de deux référents : Rémi Mosseri, référent intégrité scientifique et Joël Moret-Bailly, référent déontologue et lanceur d'alerte du CNRS. Ils seront chargés d'uniformiser les procédures de signalement et de contrôler que les alertes soient bien prises en considération. Antoine Petit explique : « Ces questions d'intégrité scientifique posent un vrai problème : elles jettent un discrédit sur la qualité de la science. Ce discrédit me semble injuste ». Le président du CNRS ajoute ensuite : « L'immense majorité des chercheurs et des chercheuses sont des gens honnêtes qui ne trichent pas. C'est pour cela qu'il faut faire la part des choses, mais traiter avec toute la rigueur nécessaire ».Selon Rémy Mosseri, le référent intégrité scientifique du CNRS dont la mission sera de traiter et évaluer les allégations de méconduites, la confiance est un critère très important : « L'intégrité scientifique est une nécessité absolue au regard de la notion de confiance : confiance entre scientifiques, pour faire progresser la connaissance, mais aussi celle du grand public ».
Une adresse mail unique pour lancer l'alerte
Le CNRS a retenu une seule condition pour le traitement d'une allégation de manquement ou autre. En effet, n'importe qui pourra faire remonter des soupçons de fraudes via l'adresse « [email protected] ». Le CNRS « n'acceptera pas de dénonciations anonymes ». Les dossiers pourront bien entendu rester confidentiels afin d'éviter d'éventuelles représailles.On ne peut que se réjouir que le CNRS présente ce plan d'action, seulement, de nombreux cas de fraude ont jusqu'à présent été dévoilés de façon anonyme, notamment par le biais du site PubPeer. Reste donc à savoir si ce plan sera efficace alors que l'identité des lanceurs d'alertes sera certes protégée à leur demande, mais pas anonyme.