Le travail de l’astrophysicienne Joan Feynman a notamment permis d'identifier l’origine des aurores boréales et de comprendre les mécanismes des vents solaires et leur interaction avec la magnétosphère terrestre.
Tout au long de sa vie, elle s’est également battue pour que les femmes aient la possibilité d’entreprendre une carrière dans le domaine scientifique. Elle s'est éteinte le 21 juillet dernier, à l'âge de 93 ans.
Un combat contre l’adversité
Née en 1927 dans le quartier du Queens à New York où elle a grandi d’un père homme d’affaires et d’une mère femme au foyer, Joan Feynman s’est intéressée très tôt à la science et aux mathématiques. Sa passion pour les aurores boréales a débuté lorsque son frère, l’astrophysicien Richard Feynman, prix Nobel de physique, l’a emmenée observer le phénomène près de leur domicile.
Malgré une mère très réticente à l’idée de voir sa fille entamer une carrière scientifique, Joan Feynman a étudié la physique de la matière condensée à l’université de Syracuse, où elle a obtenu un doctorat en 1958. Sous la pression de l’époque, elle s’est consacrée à sa vie de famille deux années plus tard, alors qu’elle était mariée et avait deux enfants en bas âge. Cette période n’aura finalement pas duré longtemps : en 1962, elle obtient un poste à l’observatoire Lamont-Doherty de l’université de Columbia, et commence ses recherches sur la magnétosphère de la Terre.
Philip Bucksbaum, président de la société américaine de physique (APS), explique l’importance des travaux de Joan Feynman : « Elle a apporté d'importantes contributions à la physique. Ses recherches sur le vent solaire et la magnétosphère terrestre ont conduit à la découverte de la cause des aurores. Elle a également mis au point une méthode pour prédire les cycles des taches solaires. Ses efforts dans le milieu de la géophysique pour un traitement équitable des femmes, ainsi que son propre exemple en tant que leader de la physique solaire, ont contribué à changer les attitudes de la société au milieu du XXe siècle concernant les contributions que les femmes peuvent apporter dans le domaine de la physique ».
Son travail a grandement amélioré notre compréhension de l’activité solaire
En 1971, l’astrophysicienne a rejoint le centre de recherche Ames de la NASA, où elle a trouvé un moyen d’identifier les éjections de masse coronale du Soleil. Elle a également travaillé pendant de longues années au Jet Propulsion Laboratory (JPL) en Californie, et c’est là qu’elle a découvert les mécanismes menant à la formation des aurores. Elle a par ailleurs facilité la conquête spatiale en développant un modèle capable de déterminer le nombre de particules de haute énergie expulsées par les éjections de masse coronale qui frappent un engin spatial.
Même après sa retraite en 2003, elle a continué ses travaux sur l’activité solaire. Kate Kirby, P.-D.G. de l’APS, fait l’éloge d’une grande dame de la science : « Joan Feynman laisse un héritage de recherche scientifique exemplaire, ayant apporté des contributions importantes à notre compréhension du vent solaire, de la magnétosphère terrestre et de l'origine des aurores. Bien que les femmes de sa famille l'aient découragée de poursuivre la science, elle a persévéré, et ses réalisations servent d'inspiration aux femmes qui souhaitent poursuivre une carrière scientifique ».
Source : APS