Ariane 6 prête.png

Si la pandémie de COVID-19 a durement touché l’industrie aéronautique, le secteur spatial n’est pas non plus épargné par la situation sanitaire mondiale. Les montages internationaux très complexes sont particulièrement concernés, notamment les projets de l’ESA. Ainsi, alors qu’Ariane 6 aurait dû voler cet été, son premier vol n’est plus attendu avant 2022.

Cependant, pour la nouvelle fusée européenne, les problèmes ont commencé bien avant la pandémie.

Une nouvelle fusée pour concurrencer SpaceX

Depuis le milieu des années 1990, la fusée Ariane 5 s’est imposée comme le lanceur lourd de référence pour les gros satellites géostationnaires. Cependant, depuis quelques années, le marché spatial évolue progressivement vers des satellites moins lourds, ou vers des constellations de petits satellites en orbite basse.

Pire encore, pour l’industrie spatiale européenne, la dernière décennie a connu l’apparition de nouveaux concurrents commerciaux particulièrement redoutables, en particulier SpaceX. Bien plus récents sur le marché, ces concurrents disposent de lanceurs mieux adaptés aux besoins actuels, notamment au lancement de constellations en orbites basses.

Ils sont également à la page en matière de récupération et de réutilisation des lanceurs. Ariane 6 a pour sa part été conçue dans l'objectif de réduire ses coûts d’exploitation, tout en conservant une architecture conventionnelle, sans récupération des lanceurs. En 2017, lorsque le design d’Ariane 6 a été figé, il était prévu que le premier lancement se déroulerait à l’été 2020. Aux dernières nouvelles, le programme aura au moins 18 mois de retard.

Une Ariane 6 très en retard

Pour Ariane 6, la COVID-19 n’a fait que s’ajouter à la liste des problèmes déjà existants. Même sans épidémie, le premier lancement avait déjà été décalé à 2021. En cause, des problèmes techniques, à la fois sur le lanceur et sur les infrastructures au sol.

Au sol, sur le site de lancement de Kourou, en Guyane française, ce sont surtout les bras de ravitaillement articulés qui ont eu du mal à être qualifiés. Conçus pour s’éloigner de la fusée au moment de son décollage, ces systèmes logistiques sont particulièrement complexes. Leur développement accusait déjà un an de retard, avant le confinement.

Concernant le lanceur lui-même, la situation n’est pas forcément brillante non plus. Plusieurs détails techniques prennent plus de temps que prévu à être résolus. C’est notamment le cas de certains logiciels de bord, mais aussi des générateurs de puissance, de poussée et de pressurisation du second étage.

À cela s’ajoute maintenant la crise de la COVID-19, qui complexifie lourdement la tâche des équipes multinationales de l’ESA et d’ArianeGroup, habituées à se rencontrer régulièrement. Pire encore, certains sous-traitants critiques d’Ariane 6 subissent de plein fouet la crise dans le secteur aéronautique, et risquent tout simplement de déposer le bilan.

Source : Aerospatium