Après 56 ans de bons et loyaux services, l'imposant radiotélescope de 300 mètres de diamètre a souffert de deux importantes chutes de câbles. Endommagé par un manque de maintenance, dangereux, il va être décommissionné et détruit rapidement.
Il était pourtant entré dans la culture populaire…
Mise à jour 1er décembre 2020 : La National Science Foundation a confirmé aujourd'hui l'effondrement complet de la plateforme instrumentale du radiotélescope d'Arecibo. La décision de ne pas procéder aux réparations était visiblement la plus sûre : les câbles ont lâché dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre. Il s'agit bien d'un accident, car la destruction prévue n'était pas encore planifiée.
For England, James ?
Pour le grand public, il restera le décor de cette scène cinématographique incroyable de la fin de James Bond – Goldeneye, ou de découverte dans Contact.
Reconnaissable par son site lové dans les montagnes de l'île de Puerto Rico, le radiotélescope de l'observatoire d'Arecibo va prochainement être détruit. En effet, le 10 août, un premier câble supportant la plateforme centrale de 900 tonnes s'est décroché, heureusement sans faire de blessés, et a créé une balafre d'une trentaine de mètres sur le réflecteur placé dessous. Depuis, l'instrument est à l'arrêt, mais les équipes espéraient une réparation rapide… Il n'en sera rien.
La tension a augmenté sur la structure et sur les autres énormes câbles de soutien : un deuxième s'est décroché le 6 novembre.
Une zone devenue dangereuse
Après une inspection du site, la National Science Foundation (responsable de l'observatoire) a estimé que la situation était trop dangereuse. Qu'un seul nouveau câble lâche, et la plateforme centrale va s'effondrer, peut-être même avec les gigantesques piliers de soutien.
Face au risque pour les personnels, et même pour les potentielles équipes de réparation, il est prévu de le détruire de façon contrôlée dans un futur proche. Ce sera nécessaire pour sauvegarder les autres activités de l'observatoire, dont une partie des bâtiments est construite autour d'un des trois piliers de soutien. La NSF conservera ces autres capacités d'observation atmosphérique, ainsi qu'un centre pour les visiteurs.
Laissons la place à FAST
Pour la communauté scientifique astrophysique, c'est un coup dur. De sa complétion en 1963 jusqu'en 2016, Arecibo est resté le plus grand radiotélescope terrestre.
On lui doit de nombreuses découvertes, qu'il serait impossible de lister en quelques lignes seulement. La période de rotation exacte de Mercure, l'observation de la périodicité des pulsars, la découverte de nouvelles étoiles à neutrons ou de systèmes de pulsars binaires… Sans compter l'observation des premières exoplanètes, ou l'imagerie radar d'astéroïdes géocroiseurs.
Ses mesures auront été citées des milliers de fois dans des articles scientifiques de grande importance et continueront d'être exploitées dans les décennies à venir. Les chercheurs devront maintenant compter sur le radiotélescope chinois FAST (500 m de diamètre) pour reprendre le flambeau.
On peut aussi citer les efforts des équipes d'Arecibo pour tenter d'écouter de potentiels signaux extraterrestres (sans succès) ou pour envoyer un message sous la forme d'un puissant signal vers le groupe d'étoiles Messier 13, qu'il atteindra dans environ 25 000 ans.
De nombreuses voix s'étaient élevées ces dernières années pour dénoncer le sous-financement chronique de cet observatoire, malgré ses excellents retours scientifiques. Le territoire de Puerto Rico a été durement touché par les aléas climatiques durant la dernière décennie, notamment l'ouragan Maria en 2017, et souffre de son statut de « parent pauvre » en tant que territoire autonome des États-Unis.