Après 24 ans à étudier la magnétosphère terrestre sur une orbite elliptique, le premier des quatre satellites Cluster de l'ESA s'est consumé dans l'atmosphère le 8 septembre, au-dessus du Pacifique Sud. Cette manœuvre a permis d'étudier ce retour à très haute vitesse, sans laisser de pollution orbitale.
Les quatre satellites Cluster de l'ESA, après leur décollage en 2000 avec des fusées Soyouz, ont passé 24 années à étudier la magnétosphère terrestre ainsi que son interaction avec le vent et les éruptions solaires. Quatre satellites, c'est l'idéal pour obtenir des mesures précises et simultanées à différents endroits de la magnétosphère, aussi ces unités de 1 200 kilos ont-elles été envoyées sur une orbite elliptique autour de la Terre, au plus proche entre 15 000 et 19 000 kilomètres de la surface, et au plus loin à 120 000 kilomètres, passant au-dessus des pôles.
Prolongée jusqu'à 2003, puis 2006, 2012, 2020 et 2024, la mission a fourni d'excellents résultats pour cartographier l'environnement magnétique terrestre et ses variations. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et les Cluster n'ont presque plus d'ergols dans leurs réservoirs, tandis que leurs très vieux systèmes internes peuvent faillir sans prévenir. Il est temps de s'occuper de la fin de la mission.
Un dernier feu d'artifice
Lors du décollage en 2000, la pollution orbitale n'était pas encore un sujet très étudié, et les agences comme les entreprises n'étaient pas encouragées ni forcées à s'occuper des satellites en fin de vie. Pour les quatre Clusters, la conséquence de leur simple passivation (c'est-à-dire que l'on éteint l'électronique après avoir vidé et dépressurisé les réservoirs) aurait été leur présence autour de la Terre pour plusieurs dizaines de milliers d'années, voire plus, puisque leur orbite était particulièrement stable.
L'ESA, qui fait la promotion d'un espace durable et sans pollution avec le minimum possible de déchets en orbite, a donc tenu à utiliser les dernières possibilités de manœuvre des satellites Cluster pour programmer leur désorbitation et leur désintégration dans l'atmosphère. Ce 8 septembre, le satellite Salsa s'est désintégré au-dessus du Pacifique.
La fin utile des Cluster
L'ESA a mis les moyens pour observer le satellite se désintégrer, en plus du suivi radar et télescopique de la mission. En effet, les retours à travers l'atmosphère de satellites lointains sont particulièrement rares, il s'agit le plus souvent d'étages de fusées ou d'appareils qui fonctionnaient en orbite terrestre basse.
Avec leur apogée à environ 120 000 kilomètres, les Cluster atteignent une vitesse comparable à celle d'un retour de mission lunaire lorsqu'ils approchent la surface. Documenter ce retour et cette désintégration, c'est donc un dernier apport scientifique pour la mission. Les trois autres unités, Rumba, Tango et Samba, subiront bientôt le même sort. Quant à l'étude de la magnétosphère, la prochaine mission de l'ESA est en collaboration avec la Chine, pour la sonde Smile.
Source : ESA