Pour cette mission vers l'orbite basse appelée Transporter-1, SpaceX avait transformé sa fusée Falcon 9 en auberge espagnole pour satellites de différents formats. Le nombre exact de déploiements fait débat, mais ce vol record vient rappeler que les grands opérateurs s'intéressent toujours aux petits satellites.
Et encore, il restait de la place…
Une fusée, ou un camion de déménagement…
Pas de repos pour les équipes de SpaceX. Pour ce qui était déjà le troisième décollage de la fusée Falcon 9 cette année, l'entreprise installée à Hawthorne s'était lancée un défi : réussir à embarquer un maximum de satellites pour un « rideshare », un vol mutualisé avec un dispositif central sur lequel tous les véhicules sont attachés pour le décollage puis éjectés une fois en orbite.
Et l'entreprise n'y est pas allée par quatre chemins, n'hésitant pas à tronçonner les prix pour attirer les clients : 1 million de dollars environ pour envoyer quoi que ce soit pesant moins de 200 kg, avec un décollage garanti tous les quatre mois environ et un remboursement partiel voire total s'ils ne tiennent pas la date.
Pour ce décollage, ce sont donc 143 satellites qui se partageaient l'espace sur le grand dispositif central (dont 10 unités Starlink, puisqu'il restait un peu de place). Le décollage a eu lieu de 24 janvier à 16 h (Paris).
Terminus, tout le monde descend !
La mission elle-même durait 1 h 30. Elle a démarré avec le traditionnel spectacle du premier étage réutilisé de Falcon 9 qui, après avoir réussi sa mission, est allé se poser (pour la 5e fois) sur une barge de l'entreprise située au large, très au sud de la Floride pour ce vol qui empruntait une trajectoire polaire.
Une fois la coiffe éjectée, l'étage supérieur a été allumé deux fois pour obtenir une orbite d'environ 500 x 520 km d'altitude. Les satellites ont ensuite été déployés par groupes dans une séquence proprement chorégraphiée durant 18 minutes. Il s'agissait bien d'un vol record, avec 143 satellites sous la coiffe… Mais l'éjection elle-même reste source de débats, car du côté de SpaceX, ce sont en réalité 110 charges utiles qui ont été larguées (ce qui reste tout de même un record).
En effet, le vol embarquait deux satellites « de transport », Sherpa-FX de SpaceFlight Inc., qui embarque 13 satellites, et Ion-SVC de D-Orbit, qui en contient 20 autres. Ces unités seront éjectées plus tard, à la demande des clients. Alors, 110 ou 143 ? Il n'y a pas de réponse définitive, mais les autres opérateurs ne « comptent pas » les satellites qu'ils n'éjectent pas eux-mêmes dans leurs statistiques.
Toujours pas de vraie police du ciel
Pour les opérateurs de constellations en place, ce genre de vol en commun est une bénédiction qui leur évite d'avoir à acheter des places sur des lanceurs plus petits, qui leur offrent des orbites parfois plus intéressantes mais à un coût plus élevé. On retrouvait donc sous la coiffe quelques noms bien connus : Planet Labs (48 satellites SuperDoves), Iceye (3 satellites radar), Spire (8 satellites Lemur), Swarm (23 satellites SpaceBEE)…
Toutefois, et malgré des données de suivi mises à jour très rapidement, ce genre de vol relève du casse-tête pour les organismes qui identifient et cataloguent les objets en orbite. Un CubeSat est très difficile à identifier par rapport à un autre lorsqu'ils ne sont distants que de quelques mètres.
Il y a aussi la question délicate de la « pollution orbitale », étant donné qu'une proportion importante de ces satellites ne disposent d'aucune propulsion : combien de temps resteront-ils en orbite après leur durée de vie ?
Planet Labs est particulièrement sensible au sujet et assure que toutes ses unités reviennent se consumer dans l'atmosphère en moins de 20 à 25 ans, mais ce n'est pas le cas de tous les opérateurs. Les satellites SpaceBEE de Swarm, par exemple, qui ne mesurent que 10 x 10 x 5 cm, passeront en toute logique entre 30 et 50 ans en orbite. Il ne faudra pas les perdre de vue…
Source : Spaceflight now