À peine entré en service, le nouveau télescope australien ASKAP bouscule l’astronomie moderne. Profitant de sa période de calibration, ASKAP a réussi l’exploit de cartographier 3 millions de galaxies en seulement 300 heures d’observation !
Un tiers de ces galaxies étaient jusqu’à présent inconnues de la communauté scientifique.
Trente-six antennes pour un unique télescope
L’Australian Square Kilometre Array Pathfinder est un radiotélescope situé dans l’ouest australien. Contrairement au célèbre (et désormais retraité) télescope d’Arecibo, ou au télescope FAST chinois, ASKAP ne possède pas une unique antenne géante. Il est au contraire constitué de trente-six paraboles mobiles de 12 mètres de diamètre.
Reliées entre elles et utilisant de puissants algorithmes d’analyse du signal, ces paraboles agissent comme un unique radiotélescope de 4 000 m2 ! Partiellement opérationnel depuis 2015, ASKAP a déjà été mis à profit par différentes expériences astronomiques et astrophysiques.
Mais les choses sont devenues sérieuses en 2019, lorsque des études pilotes ont été menées afin de tester, calibrer, prendre en main et évaluer les capacités du nouveau fleuron de l’astronomie australienne. Et l’une de ces études pilotes vient justement de publier ses impressionnants résultats !
Un million de galaxies découvertes… pour l’instant
À long terme, l’un des buts prioritaires d’ASKAP est de réaliser une carte de l’univers. Aujourd’hui, environ 2,5 millions de sources radio lointaines sont connues, principalement des galaxies actives. ASKAP doit pouvoir porter ce catalogue à 70 millions de sources, notamment des galaxies en cours de formation qu’il sera assez sensible pour détecter.
Et pour tester cette capacité cartographique, quoi de mieux que de… cartographier ? Lors des essais-pilotes, les chercheurs australiens ont séparé le ciel visible depuis l’Australie en 903 zones distinctes. À partir d’avril 2019, chacune de ces zones a été observée pendant 15 minutes sur la fréquence de 888 MHz. Ainsi, 83 % du ciel a pu être cartographié en seulement 300 heures, libérant ainsi du temps d’observation pour les autres études pilotes. Un chiffre impressionnant, sachant qu’une tâche similaire prendrait plusieurs années pour n’importe quel autre radiotélescope.
En fin de compte, ASKAP a pu cartographier trois millions de galaxies, dont un million étaient encore inconnues des astronomes. Il faudra bien évidemment des années pour défricher tout ce catalogue, mais les métadonnées ainsi obtenues pourront déjà améliorer notre compréhension de l’architecture de l’univers.
Par la suite, ASKAP devrait réaliser une deuxième passe d’observation, en écoutant cette fois-ci une fréquence d’environ 1152-1440 MHz. Un troisième passage à 1800 MHz serait également possible. Multiplier les fréquences permettra de détecter de nouveaux objets ou d’améliorer la connaissance des galaxies déjà découvertes. Et multiplier les passages permettra d’observer l’évolution de certains phénomènes astraux, comme les supernovae ou les noyaux galactiques actifs. Une véritable révolution pour les astronomes de tous les pays.