Ce 15 octobre, l’ESA dévoile la toute première mosaïque de son nouveau télescope spatial Euclid, envoyé dans l’espace en 2023. Elle ne comporte que deux semaines d’observation de sa campagne scientifique, mais elle contient d’ores et déjà plus de 14 millions de galaxies. Un catalogue qui fait tourner la tête.
C’est un tour de force et rien de moins : le télescope spatial européen Euclid est en train de réaliser avec les galaxies ce que son cousin le télescope Gaia avait réussi avec les étoiles, constituer un titanesque et indispensable catalogue, véritable carte de l’Univers. À l’occasion du Congrès astronautique international (IAC) à Milan, l’agence spatiale européenne a levé le voile sur les premiers résultats d’Euclid.
Une publication d’une première mosaïque, comprenant les données de 260 observations réparties sur deux semaines entre le 25 mars et le 8 avril 2024. Une grande zone qui couvre une partie du ciel visible depuis l’hémisphère Sud terrestre (Euclid lui est à 1,5 million de kilomètres de là), mais qui ne représente que 1 % de cette grande collecte de données du télescope… On y trouve cependant 14 millions de galaxies ! Répertoriées avec leur position, leur vitesse, leur forme, elles font désormais partie du catalogue Euclid. Et ces images, bien au-delà de leur beauté intrinsèque, vont donner des outils pour mieux comprendre la structure de l’Univers.
Ce n’est qu’un début
Euclid, qui poursuit chaque jour sa campagne scientifique démarrée en février dernier, a déjà scanné environ 13 % de son objectif final, mais il faut beaucoup de temps au sol pour recréer en fonction des mesures de ses capteurs, une mosaïque exploitable dans un ample catalogue de galaxies. Il faut en effet différencier les étoiles qui nous entourent (Euclid en détecte évidemment plusieurs centaines de milliers) des galaxies qui font l’objet de ses recherches.
Au passage, le télescope détecte très efficacement les nuages de gaz répartis dans la Voie lactée, qui apparaissent en bleu sur les images de cette publication. Euclid les met en valeur grâce à son capteur VIS (Visible Light Camera), car ils reflètent la lumière de « fond » produite par les milliards d’étoiles de notre galaxie. Cette première carte, ces premières pages du « catalogue Euclid » vont pouvoir commencer à alimenter les publications autour du monde, même s’il ne s’agit encore que d’un amuse-bouche. En 2025 et 2026, deux autres grandes publications de données sont prévues.
Quelques millions de galaxies pour comprendre l’Univers
Euclid est un outil. En formant un catalogue au sol, les équipes fournissent aux chercheurs des clés pour mieux comprendre la structure de l’Univers. En effet, en observant des galaxies aussi vieilles que 10 milliards d’années environ, le télescope informe sur leur position, leur direction, leur vitesse en analysant leur lumière (méthode interférométrique).
La « carte 3D » ainsi formée, qui tient compte de l’évolution temporelle de ces galaxies, va mettre en valeur des groupements, des origines, des interactions jusqu’ici inconnus et peut-être l’origine de ce que l’on appelle aujourd’hui la matière et l’énergie noire (qui expliquent notamment l’expansion de l’Univers ou la masse des galaxies). Cela ne se jouera probablement pas avec ce tout premier échantillon (14 millions de galaxies tout de même), mais c’est un premier pas !