À peine un mois depuis son décollage… Mais le télescope Euclid est déjà à son poste à 1,5 million de kilomètres de la Terre ! Les équipes européennes ont capturé les premiers clichés de ses deux instruments. Avec un soupir de satisfaction : pour l'instant tout fonctionne exactement comme prévu !
La véritable campagne scientifique débutera d'ici quelques mois.
Terminus, tout le monde descend au L2 !
Depuis son décollage le 1er juillet dernier, le télescope européen Euclid a beaucoup voyagé. Son lancement l'a amené sur la bonne trajectoire pour qu'il rejoigne en quatre semaines le point de Lagrange L2, situé à 1,5 million de kilomètres de la Terre (oui, la même zone qu'il partage avec le James Webb, ou le télescope Gaia). Euclid est arrivé sur place le 28 juillet, et il a manœuvré pour entamer sa longue suite d'ellipses. Rappelons que si l'on dit un point de Lagrange, il s'agit en fait d'une zone particulière, au sein de laquelle l'influence de l'attraction solaire et celle de la Terre sont équivalentes, il est donc possible de rester sur place et « d'orbiter autour de rien » .
Aussitôt arrivé, ses instruments correctement refroidis, les équipes scientifiques ont commencé à travailler avec les deux instruments VIS et NISP. Ensemble, ces deux-là vont permettre de cartographier des centaines de millions, et même éventuellement des milliards de galaxies en lumière visible et infrarouge pour que les équipes au sol, après analyse, puissent mieux comprendre la structure de l'Univers, et les mystères de la matière noire et de l'énergie sombre.
Des premiers clichés prometteurs
Sur les deux « premières images » issues des instruments d'Euclid et publiées par l'ESA ce 31 juillet, on voit principalement… des étoiles ! Et non seulement il y a peu de galaxies, mais en plus, il y a des artefacts alors même que les photographies sont très précises.
Y aurait-il un problème ? Non, rassurez-vous. D'abord, l'image NISP a été capturée en seulement 100 secondes d'exposition, soit près d'un cinquième de ce qui sera utilisé pour détecter des galaxies. Ensuite et surtout, ces images sont pour ainsi dire brutes, elles n'ont pas été traitées ! Les groupes d'étoiles, les nuages de gaz, tout cela disparaitra des relevés « utiles » dont se serviront les astrophysiciens pour cartographier les galaxies. Quant aux traits lumineux sur les clichés VIS, ils sont essentiellement dus à des particules à haute énergie qui viennent frapper l'énorme capteur CCD de l'instrument. Eux aussi sont supprimés en post-traitement !
Les lumières du passé…
En réalité, les premiers commentaires des équipes (dont une partie significative est française) sont particulièrement encourageants. Les deux capteurs sont conformes à ce qui était attendu, et leurs performances seraient même légèrement meilleures que lors des simulations ! Pourtant, lors des tout premiers relevés envoyés par Euclid, plusieurs chercheurs ont eu des sueurs froides : certaines orientations du télescope produisent sur le capteur VIS un reflet solaire particulièrement handicapant ! Les réglages d'orientation (qui n'auront pas d'impact sur la mission) ont pu régler le problème très rapidement.
Les clichés montrent déjà des galaxies elliptiques, d'autres en spirales… Au fur et à mesure de leur étalonnage, les deux instruments vont fonctionner de concert pour commencer à livrer des relevés toujours plus précis, avec le début de la campagne scientifique officielle de six ans, qui commencera en octobre. Et de premières publications avec des mesures Euclid sont d'ores et déjà attendues pour l'hiver.
Source : ESA