Pour que la constellation puisse continuer d'émettre ses signaux aussi précisément, il a fallu compter sur SpaceX... ©ESA / P.Carril
Pour que la constellation puisse continuer d'émettre ses signaux aussi précisément, il a fallu compter sur SpaceX... ©ESA / P.Carril

Le lanceur Falcon 9 de SpaceX a décollé une fois de plus la nuit dernière, cette fois au service de l'Union européenne. Malgré des réticences initiales et un problème de souveraineté pour ses lanceurs, l'Europe assure la continuité du service de positionnement le plus performant au monde. Prochain décollage ? Avec Ariane.

L'EUSPA, la branche spatiale de l'Union européenne, s'enorgueillit de disposer de près de 4 milliards d'objets connectés à Galileo, le système de positionnement global européen. Complémentaire au GPS, mais plus performant et doté d'une meilleure précision, Galileo fonctionne grâce à une constellation qui doit normalement compter 24 satellites actifs, en orbite à environ 23 000 kilomètres de la surface.

Le service fonctionne de mieux en mieux depuis 2016, date de ses premières capacités, et ses différents signaux sont de plus en plus utilisés depuis 2018. Malgré tout, maintenir une constellation est au moins aussi complexe que la mettre en place. Les plus vieux des satellites actifs ont déjà 13 ans, et certains (c'était attendu) ont fait l'objet de pannes ou de dégradations de service.

Résultat, quatre satellites devaient décoller au printemps 2022 pour renforcer la constellation, et surtout prévenir tout problème avec les unités en place. Problème, l'invasion de l'Ukraine a stoppé les vols de Soyouz depuis la Guyane, puis les lanceurs européens sont entrés en crise avec l'interminable transition vers Ariane 6.

Galileo ou Ariane, mais pas les deux

Il y avait donc un choix à faire. Risquer de perturber un service reconnu à présent comme le plus performant (même s'il est moins utilisé que le GPS américain ou le Beidou chinois), dont le but est aussi d'être utilisé pour des applications de sécurité et défense. Ou bien faire décoller les satellites ailleurs, c'est-à-dire avec SpaceX, seul opérateur à en capacité de libérer deux créneaux de lancements en si peu de temps grâce à sa flotte de Falcon 9.

La décision n'a pas été aisée, Galileo est en quelque sorte un symbole de l'indépendance européenne face à un service américain hégémonique. Et de nombreuses voix se sont élevées contre la décision de transférer ces tirs, dont le premier a eu lieu en avril et le second ce 18 septembre. Les deux décollages se sont très bien passés pour l'opérateur et son client. En effet, alors que le profil du vol d'avril ne permettait pas la récupération du premier étage de la fusée, le deuxième tir a permis aux équipes américaines de tester et réussir une récupération extrême avec un booster qui fêtait pourtant son 22e vol.

Reste que derrière cette perte de souveraineté sur les lanceurs, l'Union européenne a assuré la continuité de Galileo tout en conservant pour Ariane 6 un ample agenda dans les années à venir. La parenthèse américaine est-elle désormais refermée ?

Rappelons quand même qu'Ariane 5, elle, pouvait emporter des lots de 4 satellites Galileo... © ESA
Rappelons quand même qu'Ariane 5, elle, pouvait emporter des lots de 4 satellites Galileo... © ESA

Quatre satellites plus tard

Il n'y avait en effet que quatre satellites Galileo qui ont traversé l'Atlantique. Les deux qui ont décollé avec Falcon 9 en avril dernier sont entrés en service en ce début septembre, tandis que les deux autres qui viennent de partir seront actifs dans la constellation d'ici janvier.

Il y aura donc début 2025 27 satellites actifs et en pleine forme. De quoi permettre d'envisager une mise à la retraite progressive des premières unités IOV (destinées aux capacités initiales) tout en attendant les unités suivantes qui vont consolider encore le service.

Il reste encore 3 paires de satellites de première génération Galileo à envoyer d'ici 2026, après quoi les satellites de la deuxième génération pourront faire leur apparition. Plus lourds, ces derniers seront encore plus précis. Et ils arriveront, vous l'aurez compris, dans la continuité du service.

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