Ariane 5 à la retraite, la nouvelle génération Ariane 6 et Vega C souffre de retards et de divers problèmes. Les Européens vivent une période de disette dans leur précieux secteur des lanceurs. En attendant les grands retours (et le NewSpace), c’est bien entendu SpaceX qui se pose en remplaçant. Une situation qui va durer ?
En attendant, c’est mieux que de rester dans un hangar…
La migration des missions
C’est un dilemme qui pèse malheureusement sur de nombreuses équipes. Faute de lanceurs européens, malgré plusieurs années de discours et des engagements à envoyer satellites et sondes avec nos fusées : que faire quand elles ne sont pas disponibles ? Dans l’absolu il n’y a que deux solutions à court terme : les faire patienter au sol avec la possibilité que les retards s’étendent plusieurs années, ou les envoyer aux États-Unis et participer à la belle aventure commerciale de SpaceX.
Or pour des raisons pratiques, il n’est pas toujours possible ni viable d’attendre, c’est la raison pour laquelle ces derniers mois, plusieurs missions purement européennes ont choisi de traverser l’Atlantique. Ce fut le cas la semaine dernière pour le télescope spatial Euclid, avec un lancement très réussi. Et cela sera répété à d’autres reprises, pour la mission Hera de visite des astéroïdes Didimos et Dimorphos ou pour la mission EarthCARE d’observation des nuages et des aérosols.
Un difficile jeu de patience
D’autres missions pourraient suivre, pour les satellites de la constellation Galileo notamment. Même si l’Union européenne aimerait bien éviter de recourir à la solution américaine pour ce qui est considéré comme des satellites stratégiques européens. En l'absence des Soyouz guyanaises (tout se passait sous contrôle au CSG), la constellation de positionnement repose en effet sur ses unités déjà en orbite, dont certaines depuis 12 ans, et attend le deuxième vol d’Ariane 6 pour la paire de satellites suivants.
En cas de panne en orbite ou de retards supplémentaires des lanceurs européens, il faudra peut-être quand même se tourner vers les Américains (ou éventuellement l’Inde et son lanceur GSLV Mk 3, beaucoup moins disponible que Falcon 9). SpaceX, avec 43 lancements au premier semestre, peut moduler ses propres besoins avec des décollages commerciaux.
Un calendrier compliqué
Le directeur de l’ESA, Joseph Aschbacher, reconnait que la situation actuelle est une crise, même si selon lui, l’Europe est actuellement au creux de la vague et que cela va s’améliorer d’ici 2024 avant de devenir anecdotique. Entre-temps, le spatial Européen se repose sur le petit lanceur Vega encore en activité, dont un lancement est prévu début septembre. Son successeur Vega-C devait prendre le relais cette année, mais un échec en décembre dernier l’en a empêché, et le retour en vol ne sera pas précipité : les derniers tests de mise à feu au banc d’essai le 28 juin ont malheureusement échoué, ce qui va repousser sa remise en service.
Ariane 6, quant à elle, serait sur de bons rails. Toutefois des essais très importants vont avoir lieu dans les jours et semaines à venir, et ils seront capitaux pour envisager la suite du calendrier. Le décollage inaugural n’est pas attendu avant la fin d’année, ou le début de 2024. Plus ennuyeux, les longs développements et ces retards techniques vont repousser la disponibilité des lanceurs pour de nouveaux contrats : les carnets de commandes sont pleins pour plusieurs années. Sauf si des places se libèrent pour aller chez la concurrence…
Source : SpaceNews